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Y a-t-il encore des conversions soudaines comme celle de saint Paul ?

La rédaction d'Aleteia - aleteia - publié le 16/10/13

Des conversions comme celle de l’apôtre Paul sur le « chemin de Damas », cela existe aujourd'hui encore. Beaucoup de nos contemporains bénéficient de grâces très étonnantes qui leur font rencontrer le Christ.

1.    Saint Paul a été « foudroyé » par une apparition du Christ sur le Chemin de Damas. Cette expérience mystique a transformé l’un des grands persécuteurs des chrétiens en un immense Apôtre du Christ.
2.    Le “Chemin de Damas” n’est certes pas le chemin le plus courant vers Dieu, mais ce genre d’expérience n’est pas si rare, contrairement aux idées reçues : beaucoup de personnes, qui disaient ne pas croire ou croire très peu, peuvent témoigner d’expérience mystiques de révélation tout à fait imprévisibles qui les ont profondément transformées.
3.    Ces conversions touchent aussi de nombreux juifs qui deviennent très souvent « juifs messianiques » à la suite de révélations particulières.
4.    Des expériences que vivent aussi beaucoup de musulmans qui restent néanmoins pliés, le plus souvent, à une attitude discrète.
5.    L’expérience de Jean-Marc Potdevin fait partie de ces rencontres étonnantes que le Christ offre parfois à ceux qui semblent ne pas l’attendre pas du tout mais qui sont prêts à changer leur vie dès que la lumière de Dieu se manifeste à eux.

1. Saint Paul a été « foudroyé » par une apparition du Christ sur le Chemin de Damas. Cette expérience mystique a transformé l’un des persécuteurs de chrétiens les plus acharnés en un ardent et infatigable apôtre du Christ.

Dans le Livre des Actes des Apôtres, cinquième livre du Nouveau Testament, cet épisode de la conversion de Paul est rapporté trois fois, notamment au chapitre 9 :

« (…) Saül, ne respirant toujours que menaces et carnage à l’égard des disciples du Seigneur, alla trouver le grand prêtre et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il y trouvait quelques adeptes de la Voie, hommes ou femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem. Il faisait route et approchait de Damas, quand soudain une lumière venue du ciel l’enveloppa de sa clarté… » (Ac 9, 1s)

Paul-Saül est un juif instruit devenu citoyen romain. Il fait des études à Jérusalem et entend des prédicateurs parler d’un homme nommé Jésus et crucifié par les Romains quelques années plus tôt. Nous sommes vers l’an 34 de notre ère, en pleine persécution de l’Église primitive. Saül obtient du Sanhédrin (le tribunal juif qui siège au Temple) la mission de pourchasser les chrétiens de Syrie. Et c’est sur la route le conduisant vers Damas, que surviendra sa « chute » capitale. (Ac 9, 1s)

« Tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait : “Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu” — “Qui es-tu, Seigneur ?” Demanda-t-il. Et lui : “Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève-toi, entre dans la ville, et l’on te dira ce que tu dois faire”. » (Ac 9, 1s)

Paul se relève mais sort de cette rencontre momentanément aveugle. Trois jours plus tard, à Damas, il est guéri par un disciple, Ananie, puis se convertit au christianisme et se fait baptiser : « Va, car cet homme m’est un instrument de choix pour porter mon nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites », avait dit le Seigneur à Ananie dans une vision pour vaincre sa réticence à baptiser ce grand persécuteur.

Et c’est ce que Paul dorénavant fera, avec autant et plus de zèle qu’il en avait mis à persécuter, suscitant adhésion ou rejet, au péril de sa vie :

« Aussitôt il se mit à prêcher Jésus dans les synagogues, proclamant qu’il est le Fils de Dieu. Tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits et disaient : “N’est-ce pas là celui qui, à Jérusalem, s’acharnait sur ceux qui invoquent ce nom, et n’est-il pas venu ici tout exprès pour les amener enchaînés aux grands prêtres ?” » (Ac 9, 1s)

2. Le « Chemin de Damas » n’est certes pas le chemin le plus courant vers Dieu, mais ce genre d’expérience n’est pas si rare, encore aujourd’hui : beaucoup de personnes, qui disaient ne pas croire ou croire très peu, peuvent témoigner d’expériences mystiques soudaines qui les ont profondément transformées.

Les grâces de la conversion soudaine peuvent se présenter dans toutes les situations et tous les états de vie. Claudel en 1886, André Frossard en 1935, ou Bruno Cornacchiola en 1947, en sont des exemples célèbres :

André Frossard (1915-1995) issu d’un milieu socioculturel très éloigné de la foi catholique (son père est l’un des fondateurs historiques du Parti communiste français) franchit le seuil de la chapelle des Filles de l’Adoration à Paris, et se convertit en un instant non à la suite d’une vision mais d’un nouveau regard complet sur le monde et sur lui-même… Il écrit alors un témoignage qui restera dans les mémoires : « Dieu existe, je l’ai rencontré ».

La conversion de Paul Claudel (1868-1995) à la fin du XIXe siècle est presque aussi subite, derrière l’un des piliers de Notre-Dame de Paris, un jour de Noël. Mais le futur diplomate et poète n’avait alors rien d’hostile au catholicisme ; dans une certaine mesure, il était davantage préparé — humainement — à une telle conversion.

Totalement imprévisible, en revanche, la conversion de Bruno Cornacchiola (1913-2001) un protestant extrémiste, vraiment haineux à l’encontre de l’Église et du pape (qu’il avait même projeté de tuer), qui a vu la Vierge aux abords de l’abbaye des Trappistes au lieu-dit des Trois Fontaines à Rome.

Nous sommes en avril 1947. Bruno est avec ses enfants en promenade. Ses enfants qui, alors que lui est en train d’écrire un dur article dirigé contre la Vierge Marie, s’éloignent et qu’il retrouvera devant l’entrée d’une caverne, les mains jointes, pâles et en extase, le regard pointé vers l’intérieur d’une caverne. « Belle Dame… Belle Dame », appellent-ils. Bruno d’abord agacé puis troublé finit par entrer dans la grotte et, tombé à genoux, se met à appeler à son tour : « Belle Dame.. Belle Dame ». Devant lui se tient la silhouette d’une jeune femme, enveloppé dans la splendeur d’une lumière dorée. Il est fasciné par ce qu’il voit et tombe lui aussi en extase. La Vierge, contrairement à ses enfants, se met à lui parler, ou plutôt à lui ordonner doucement : « Tu me persécutes, arrête maintenant ! Retourne au saint bercail […] Que l’on prie et que l’on récite quotidiennement le rosaire pour la conversion des pécheurs, des incrédules et pour l’unité des chrétiens. »

« Dans cette grotte m’est apparue la Mère divine. Elle m’invite amoureusement à rentrer dans l’Église catholique, apostolique et romaine…», gravera Bruno sur la roche de la grotte le jour même.

Bruno aura d’autres apparitions, dont une en présence d’un prêtre l’année suivante. Désormais sa conversion est irréfrénable et, entre mille vicissitudes, il ira à Rome demander pardon à Pie XII d’avoir voulu le tuer. Une trentaine d’années plus tard (en 1978), il rencontrera Jean Paul II qui lui dira :

« Tu as vu la Mère de Dieu, tu dois donc devenir un saint ! »

3. Ces conversions touchent aussi des juifs qui, souvent, restent juifs mais reconnaissent en Jésus le Sauveur qu’attend Israël, à la suite de révélations particulières.

Il y a aujourd’hui en Israël des juifs qui tiennent à conserver leur identité juive mais reconnaissent le Christ Jésus comme étant le Messie d’Israël (on les appelle « juifs messianiques »). Leur conversion arrive souvent de manière charismatique, par des apparitions, révélations ou visions privées, à l’image de ce qui est arrivé à plusieurs personnalités juives notables dans le passé :

Israel Zoller (1881-1956) par exemple était juif de naissance d’origine polonaise, grand rabbin de Trieste, puis de Rome pendant la Seconde Guerre mondiale, professeur d’exégèse biblique à l’université de Padoue. Le Christ lui est apparu subitement en octobre 1944, alors qu’il se trouvait à l’intérieur de la grande synagogue romaine, le jour de Yom Kippour. Israel s’est converti au catholicisme à 65 ans, prenant pour prénom « Eugenio Pio », en hommage au pape Pie XII en raison de son action pour les juifs de Rome pendant la seconde guerre mondiale.

Autre converti, Alphonse Ratisbonne (1814-1884), un jeune juif athée de la moitié du XIXe siècle, qui eut une vision de la Vierge Marie en entrant dans une église de Rome. La Vierge Marie se présente à lui, les mains ouvertes et étendues, lui faisant signe de s’agenouiller. « La Vierge a semblé me dire : c’est bien ! Elle ne m’a point parlé, mais j’ai tout compris », écrira-t-il plus tard. Aussitôt après, le jeune homme décide de se convertir au catholicisme, ajoutant le prénom de « Marie » à son nom de baptême. Il entrera dans la Compagnie de Jésus en juin 1842 et recevra son ordination sacerdotale en 1848, puis s’installera en Palestine où il consacrera sa vie au catéchuménat des convertis d’origine juive.

Plus près de nous, l’Américain d’origine juive Roy Schoeman, né en 1951 d’une famille ayant fui l’Allemagne national socialiste, est un autre cas de conversion soudaine. Voici ce qu’il raconte dans son livre témoignage Le salut vient des juifs : « C’est au cours d’une longue promenade dans la nature que je reçus la grâce la plus exceptionnelle de ma vie (…) Je me suis retrouvé consciemment et matériellement en présence de Dieu. Je vis ma vie jusqu’à ce jour étalée devant moi, tout ce qui me ferait plaisir et tout ce que je regretterais. Je sus en un instant que le but de ma vie était d’aimer et de servir mon Seigneur et mon Dieu ».

Il ajoute plus loin : « Le nom de ce Dieu qui se révélait à moi, sens et but de ma vie, je ne le concevais pas comme le Dieu de l’Ancien Testament qui figurait dans mon imagination depuis l’enfance. Je priais pour connaître son nom, pour savoir quelle religion me permettrait de le servir et de le vénérer ».

Roy Schoeman demande au Seigneur de lui faire connaître son nom, mais y met une condition : qu’il ne soit pas le Christ et qu’il ne doive pas devenir chrétien. Or, un an plus tard, il reçoit en rêve « la seconde plus grande grâce » de sa vie :

Lui qui disait ne pas savoir beaucoup du christianisme et ne pas avoir spécialement de sympathie pour lui, se réveille « devenu éperdument amoureux de la bienheureuse Vierge Marie » et ne désirant « rien d’autre que de devenir aussi totalement chrétien ».

4. Des conversions que vivent aussi des musulmans qui restent néanmoins souvent contraints à une attitude discrète.

Joseph Fadelle est l’auteur du poignant ouvrage Le prix à payer. Cet Irakien converti de l’islam au christianisme, est réfugié en France et doit se cacher pour éviter que la fatwa prononcée contre lui soit exécutée. Son vrai nom est Mohammed al-Sayyid al-Moussaoui, né dans une des plus grandes familles de l’aristocratie chiite de ce pays, descendant de l’imam Ali, cousin du Prophète. En 1987, lors de son service militaire, il rencontre Massoud, un chrétien, avec qui il a des discussions sur le christianisme et l’islam. Puis, une nuit, raconte-t-il, il fait un rêve déstabilisant : un homme vêtu de blanc, de l’autre côté d’un ruisseau, lui tend la main et lui dit : « Je suis le pain de vie ». Ébranlé, il ouvre la bible de Massoud, et véritablement foudroyé par ce qu’il lit, il la dévore, et se convertit. Avec sa femme, également convertie, il arrive, péniblement, à s’intégrer à l’Église d’Irak puis après avoir été emprisonné, battu, fouetté, torturé par sa propre famille, doit fuir après une tentative d’assassinat par son frère.

Autre cas de conversion imprévisible, celui de l’Égyptienne Nahed Mahmoud Metwalli, qui persécutait les chrétiens et les chrétiennes depuis son poste de vice-directrice du principal établissement d’enseignement pour Jeunes Filles du Caire (4 000 élèves), dans le quartier cairote de Zeitoun, non loin de la basilique édifiée après les apparitions mariales de 1968-69.

« Je les persécutais très fort et les traitais avec une extrême sévérité », avoue-t-elle dans un message adressé de son exil en Hollande à tous les musulmans dans les pays où le droit à la liberté de conscience est respecté. « Je croyais de mon devoir d’agir ainsi. Jusqu’au jour où je rencontrai le Seigneur Jésus. Il s’est révélé à moi et je Lui ai donné ma vie, à cause de l’immensité de sa tendresse et de son amour. J’abandonnai mon pays, ma famille et toutes choses, à cause du Christ et du témoignage pour le Nom du Christ », ajoute-t-elle.

C’est une nouvelle secrétaire, chrétienne, par son comportement exemplaire, qui lui a ouvert les yeux. Un beau jour, alors qu’elle se trouvait à converser avec elle dans son bureau, ironisant sur l’icône de Marie que celle-ci portait en médaille, les deux femmes voient apparaître devant elles la Sainte Vierge, vêtue et voilée de bleu. Une vision qui sera suivie, un autre jour, d’une autre vision, celle du Christ lui-même qui dira à Nahed : « Sois en paix, tu auras une mission qui te sera révélée en temps voulu ».

Nahed met quelques temps à comprendre qui elle vient de voir de si près, mais sa conversion est déjà enclenchée et son comportement de persécutrice changera alors du tout au tout, jusqu’à sa conversion totale, scellée par son baptême, le 30 novembre 1988. La persécutrice deviendra alors objet de persécution dans son pays, subissant plusieurs tentatives d’enlèvements, et finira par se réfugier en Europe où elle se consacrera à l’évangélisation… aujourd’hui aux Pays-Bas.

Pour en savoir plus sur Nahed Mahmoud Metwalli : lire son ouvrage Ma Rencontre avec le Christ, traduit de l’arabe et publié chez François-Xavier de Guibert.

5. L’expérience de Jean-Marc Potdevin fait partie de ces rencontres étonnantes que le Christ offre parfois à ceux qui semblent ne pas l’attendre mais qui sont prêts à changer leur vie dès que la lumière de Dieu se manifeste à eux.

Voici quelques extraits du témoignage donné par Jean-Marc Potdevin (nous reproduisons ici le script de son témoignage) :

Alors comme ça vous avez rencontré Dieu ?
Jean-Marc Potdevin : C’est Lui qui est venu me rencontrer. Face à face. Et ça c’est très impressionnant. C’est arrivé un peu au hasard. Je suis entré au Puy-en-Velay dans une chapelle pendant l’adoration du Saint Sacrement — je ne savais pas ce que c’était — et quasi instantanément il est apparu face à moi, très grand, très impressionnant. Et moi qui n’ai jamais ni fumé ni pris de psychotropes, je peux vous dire que ça fait bizarre de voir le surnaturel surgir comme ça.

Une conversion, ça change quoi au juste ?
Ça change tout. Ça met le monde à l’envers. Enfin, ça le remet à l’endroit plus précisément c’est une inversion de focale. C’est un peu comme dans Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll, quand elle passe de l’autre côté du miroir. De l’autre côté du miroir, le monde est inversé : la gauche passe à droite, le fort devient faible, mes faiblesses sont mes forces. Le plus bouleversant c’est de se rendre compte de l’impact, de la façon dont la grâce agit dans le monde. J’ai dû réapprendre toutes choses : à marcher, à parler, à écrire, à me comporter. Parce qu’une fois que les règles du monde sont inversées, on redébute dans ce monde comme un nouveau-né.

Qu’est-ce que vous aimeriez transmettre aux lecteurs de votre livre ?
Je me suis rendu compte que j’étais un chrétien mal croyant suite à la rencontre avec le Seigneur. Et que je faisais beaucoup de choses à l’envers. Peut-être transmettre ça. Deuxième aspect qui est important pour moi dans ce livre : le rôle de témoin. Je ne peux pas garder ce trésor pour moi. C’est un peu difficile de parler de ces choses intimes, de ces choses de la foi. Mais je ne peux pas garder ce trésor : il faut que je le donne. Les gens ne savent pas. En tout cas un certain nombre de personnes ne savent pas et je ne peux pas le garder.

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