Je profite de mon petit espace de libre expression pour répondre en deux mots aux questions posées ces jours-ci par quelques internautes, à propos de l’Opus Dei, Gerson… et autres histoires. Tout d’abord celle-ci: La présence de deux membres de l’Opus Dei dans cet établissement scolaire n’est-elle pas malgré tout une façon pour l’Opus Dei de s’y "introduire", peu ou prou ?
Un simple petit rappel: 98% des membres de l’Opus Dei sont les laïcs, des citoyens courants, avec une famille à charge, travaillant dans toutes sortes de professions. Auraient-ils donc le droit de travailler librement partout, SAUF dans une école catholique ? Ou encore si un journaliste, chrétien et -pourquoi pas membre de l’Opus Dei- travaillait pour FranceTV, faudrait-il pour autant crier au noyautage, quand bien même il serait seul et unique en son genre? La vocation – comme la sainteté- est une affaire personnelle, une histoire unique et intime entre chaque personne et Dieu. Pas de place ici pour une « mentalité de réseau ».
Et encore: Un engagement chrétien fort, comme peut l’être celui des membres de l’Opus Dei est-il compatible avec la conception française de la laïcité ?
Clairement, ma réponse est OUI ! Assurément oui, si cette laïcité est bien ce qu’elle prétend être. A savoir le respect de tous, la garantie d’un vivre ensemble pacifique et la défense de la liberté de conscience. Je dirais même que cette vision de la laïcité est en parfaite syntonie avec la mentalité d’une personne de l’Opus Dei, dont tout l’investissement personnel repose sur la dynamique de la liberté et de la responsabilité propres. L’agitation contagieuse, assez irrationnelle, qui gagne en ce moment certains médias, se réclame à corps et à cris de la liberté. Personnellement, elle me semble bien éloignée de la vraie liberté d’expression et me fait diablement penser au célèbre aphorisme de Chesterton " Le monde est plein de vertus chrétiennes devenues folles"….
Je voudrais tout de même rajouter ici que, dans l’affaire qui nous occupe, nous nous trouvons dans le contexte d’une école catholique qui , assez logiquement, propose à ses élèves un enseignement en accord avec les valeurs de l’Eglise catholique. Cela vaut la peine de lire à ce propos l’intéressante analyse publiée dans Famille Chrétienne.
Dernière question récurrente : l’Opus Dei fait partie de l’Eglise catholique, son fondateur a été canonisé et le successeur de celui-ci s’apprête à être béatifié. Certes. Mais… sa spiritualité exigeante ne la situe-t-elle pas vers les extrêmes de cette Eglise ?
Ma réponse est clairement : NON. L’Opus Dei est profondément attachée à l’esprit comme à la lettre du Concile Vatican II. Et pour cause : son message d’appel universel à la sainteté se trouve être au cœur de l’enseignement du Concile. Pour l’avoir proclamé un peu trop à l’avance, saint Josémaria s’est entendu dire, un brin malicieusement, par quelques prélats romains de l’époque : « Fort bien tout ceci, mais…vous arrivez cent ans trop tôt ! »
L’intégrisme, pas plus que le libéralisme ; le conservatisme pas plus que le modernisme ne sont des catégories efficaces pour rendre compte de la nature ou du fonctionnement de l’Opus Dei. Sa raison d’être est de transmettre l’Evangile et d’aider qui le souhaite à en vivre au quotidien.
Après cette belle trêve de Pâques, et l’immense événement de cette double canonisation papale, voici la rentrée des classes et le retour à la vie ordinaire! Je ne peux m’empêcher de penser tout spécialement aux enseignants de Gerson qui ont vécu une rude Semaine Sainte…Mon voeux le plus sincère est que cette semaine de rentrée se passe , pour eux et tous leurs élèves, dans la paix. Qu’ils soient un peu épargnés par ce tourbillon de rumeurs et calomnies les plus folles dont la rapidité de propagation aurait fait les délices d’un Beaumarchais : "Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable…"