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Le 23 décembre, le gouverneur de Kirkouk (Kurdistan irakien) a laissé entrer dans la ville 400 personnes de toutes confessions ayant fui la plaine de Ninive contrôlée par l’autoproclamé État islamique, grâce au travail de dialogue mené par Mgr Yousef Thomas, archevêque de la ville. Fraternité en Irak a rencontré à Kirkouk une famille chrétienne rescapée.
Sauvés juste avant Noël après des jours d’errance
Coincées dans la plaine de Ninive aux mains de l’organisation État islamique depuis août, 400 personnes ont progressivement réussi à s’en échapper par divers moyens depuis début décembre et arrivent au checkpoint d’entrée de Kirkouk, pour se réfugier dans cette ville contrôlée par les Kurdes. Mais les déplacés sont obligés de rester en lisière de la ville, dans le froid, et de mendier leur nourriture pour survivre car les Kurdes craignent les infiltrations d’islamistes parmi les réfugiés pour pénétrer dans la ville − régulièrement frappée par des attentats − et y semer la terreur.
Parmi ces rescapés de la plaine de Ninive bloqués à l’entrée de Kirkouk arrivent autour du 17 décembre une famille chrétienne, les Arwan (le nom a été changé) : dix personnes sur trois générations ayant fui la ville Sinjar quelques jours plus tôt. Ils ne connaissent personne à Kirkouk et n’ont pas de téléphone pour joindre quiconque. Mgr Yousef Thomas, l’archevêque de la ville, finit par l’apprendre et tente tout pour les faire rentrer dans la ville. Au bout de trois jours de discussions, ce ne sont pas seulement dix, mais bien toutes les 400 personnes qui ont fui Sinjar qui peuvent entrer dans la ville. « C’est le miracle de Noël ! », disent à Fraternité en Irak les membres de la famille Arwan.
Des mois de peur dans Sinjar occupée
Pour cette famille originaire de Sinjar, le calvaire a commencé quelques mois plus tôt, lorsque l’organisation État islamique est entrée dans la ville. Sinjar compte alors une toute petite communauté chrétienne, environ 25 familles et un prêtre qui se trouve à Qaraqosh lorsque Daesh encercle la ville puis s’en empare. Les yézidis, communauté dont de nombreux membres habitent dans cette région, alertent la famille Arwan de l’imminence du danger et leur conseillent de fuir. Mais comment transporter les personnes âgées ainsi que les plus jeunes ? En quelques minutes, les yézidis fuient tous vers le mont Sinjar tout proche avec des armes légères pour se défendre. « Quand les hommes de Daesh sont arrivés dans la ville, l’une des premières choses qu’ils ont faites a été de mettre un drapeau noir sur l’église et de la piller. Nous entendions le bruit sourd du marteau et nous voyions les va-et-vient », raconte l’un des membres de la famille.
Pendant plusieurs semaines, rien ne se passe pour la famille chrétienne qui vit dans la peur. Toute la ville est soumise aux nouvelles règles de la charia. « Si quelqu’un fume, on lui coupe un doigt, s’il vole, c’est une main. » Selon les Arwan, les hommes du soi-disant État islamique qu’ils voient sont des Irakiens, notamment des personnes appartenant aux tribus de Tell Afar, une ville proche, mais aussi des Pakistanais. Lire la suite sur le site de Fraternité en Irak