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Lire ces témoignages de feu, c’est toucher à ce qu’il y a de plus essentiel et profond en nous : l’absolu de l’amour. Notre monde sécularisé aurait tort de se priver de ces auteurs uniquement parce qu’ils parlent de foi, de religion, de Dieu. Qu’ils débordent des cercles des croyants et des études théologiques, c’est une bonne chose, car leurs textes ont une valeur en soi et font partie de l’histoire littéraire. Ainsi en est-il de l’autobiographie spirituelle de Marie de l’Incarnation, appelée Relation de 1654, rééditée en “Boréal Compact” à un prix accessible. Il s’agit du manuscrit non autographe conservé au monastère des Ursulines de Trois-Rivières, paru en 1930, d’après l’édition de Dom Albert Jamet.
J’ai lu plusieurs fois l’itinéraire mystique de l’ursuline de Tours et je découvre toujours un sens nouveau, tant le texte singulier rejoint quelque chose d’universel. Elle écrit son aventure spirituelle dans un langage simple, inséparable de son expérience missionnaire en Nouvelle-France. Il y a une charge humaine très forte dans la Relation de 1654 qui sonne juste et qui se concrétise en un désir puissant d’être configurée au Christ, son Époux divin. Bien sûr, sa spiritualité est tributaire du concile de Trente et de la Contre-Réforme, comme celle de l’Église d’aujoud’hui est marquée par Vatican II. Mais on retrouve le même appel à la sainteté et le même désir d’évangélisation à la suite du Christ.
Premier texte féminin de la Nouvelle-France
Marie a écrit son autobiographie pour répondre aux demandes de son fils Claude, qu’elle a abandonné à l’âge de 11 ans et qui est devenu supérieur des bénédictins de Saint-Maur. Grâce à lui, nous connaissons la vie mystique de sa mère, ses états d’oraison, ses souvenirs intimes, ses débuts en Nouvelle-France, son expérience trinitaire. Sa grande aspiration est de s’anéantir en Dieu, d’en témoigner en s’offrant à son amour purifiant et transformant : “C’est mon bien, c’est mon moi, c’est mon tout et ma vie”. Je place la Relation de 1654 au même degré d’élévation que les plus beaux écrits de Thérèse d’Avila et Jean de la Croix. On comprend que ce chef-d’œuvre de la littérature mystique a fait dire à Bossuet que Marie de l’Incarnation était la “Thérèse du Nouveau Monde et de notre temps”. Lire la suite sur le blogue de Jacques Gauthier