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Il est aujourd’hui possible, en France, de commander un bébé qui naîtrait d’une mère porteuse… en passant un simple coup de téléphone ! C’est ce qu’affirme Jean-Frédéric Poisson. Il nous en a fait la démonstration en appelant devant nous une société canadienne qui dispose d’une antenne en France. En se faisant passer pour un homosexuel à la recherche d’un bébé, un jeune homme de l’équipe du député a demandé le détail des prestations et a obtenu un devis chiffré, pour un hypothétique bébé qui serait conçu en Ukraine.
Un bébé garanti “sans handicap”
La conversation avec la téléopératrice est surréaliste ! Lorsqu’on lui demande s’il est possible de choisir une personne du même niveau social et d’éviter les handicaps, voire les “becs-de-lièvre”, elle répond systématiquement par l’affirmative. Concernant le risque de voir la mère porteuse se rétracter et refuser de donner le bébé qu’elle a porté aux parents adoptifs, elle affirme que le “programme” est parfaitement verrouillé de ce côté-là. D’une part, aucun argent ne sera remis à la mère porteuse si elle se rétracte, et d’autre part, “la loi ukrainienne privilégie toujours les parents plutôt que les mère porteuses”.
Hypocrisies en cascade
Les autorités françaises ne réagissent pas devant ces pratiques qui tombent pourtant sous le coup de la loi et dont l’existence est avérée. Jean-Frédéric Poisson saisit donc le procureur de la République contre cette société canadienne qui dispose d’un bureau à Paris. “Nous le savons depuis longtemps, assure-t-il, toutes les facilités sont faites en ce sens”, et il dénonce le double langage des députés qui affirment “la main sur le cœur” qu’il n’est pas question de légaliser la gestation pour autrui (GPA), mais qui, dans le même temps refusent de voter en faveur d’un projet de loi qui permettrait d’inscrire, sans ambiguïté, l’interdiction de la GPA dans la Constitution. Ce dernier projet, lancé par Philippe Gosselin (LR) et Valérie Boyer (LR), rencontre en ce moment même une forte résistance à l’Assemblée nationale.
“Une course effrénée vers un nouvel esclavagisme”
Malgré l’interdiction des mères porteuses en France, plusieurs centaines voire milliers de couples y ont déjà eu recours, participant à ce que le député des Yvelines qualifie de “course effrénée vers un nouvel esclavagisme”. Elle donne désormais lieu à des concurrences sordides : récemment, la Thaïlande a pris des “parts de marché” à l’Inde, en proposant les services de mères porteuses moins chères… “On arrive au bout d’une logique entamée avec la loi bioéthique 1994, explique le député. À partir du moment où l’on a validé la réduction embryonnaire, on a validé la mécanique eugénique qui trouve son expression quasi parfaite dans la pratique des mères porteuses.”