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Des bribes d’informations sont livrées au compte-goutte, mais le fait est avéré. Un groupe tactique français d’artillerie est déployé dans le nord de l’Irak, aux alentours de la ville de Mossoul, dont les alliés espèrent la prise avant la fin de l’année. Bien que trop tôt pour en tirer de grands principes, l’accumulation de petits faits, une fois mis en perspective, permet d’aboutir à quelques conclusions.
Un déploiement très discret
Mardi, François Hollande a donné une conférence de presse où il a annoncé “qu’aujourd’hui -même, le groupe aéronaval, c’est-à-dire le porte-avions Charles de Gaulle, a appareillé et se dirige vers la zone concernée” et également que “la batterie d’artillerie a été mise en place au nord de Mossoul et est prête à servir pour sa reconquête”.
S’agissant du groupe aéronaval, le déployer à nouveau dans la lutte contre Daesh était prévu depuis quelques temps. Après la première mission, un retour technique à Toulon et un “warm-up” (exercice de mise en condition) en Méditerranée, le Charles de Gaulle repart ainsi pour appuyer l’armée irakienne. En revanche, l’engagement de l’artillerie française est bien moins détaillé.
Qu’est-ce qu’un groupe d’artillerie ?
François Hollande évoque le déploiement d’une batterie d’artillerie. Traduit en langage militaire, cela signifie probablement le déploiement de deux ou trois CAESAR (camion équipé d’un système d’artillerie), et peut-être autant de mortiers de 120mm accompagnés d’un TRF1 (canon tracté de 155mm). Toutefois, le nombre n’ayant pas été dévoilé, il s’agit d’une approximation.
Les artilleurs ne partent, bien sûr, pas seuls et sont accompagnés de personnels de soutien et d’autres, assurant leur protection. Au total, il est probable que plus d’une centaine d’hommes soit déployée. Des renseignements sur place indiquent notamment qu’un PVP (Petit Véhicule Protégé), un PPT (Porteur Polyvalent Terrestre) et deux VAB (Véhicules de l’Avant Blindé) ont été aperçus sur la base américaine de Makhmour, située au sud de Mossoul.
Une information en apparence banale
L’annonce a été discrète et n’a pour l’instant pas fait l’objet de commentaires ou d’analyses. En effet, personne ne s’étonne de voir la France intensifier sa lutte contre Daesh en Irak. Néanmoins, le fait que ce soit l’artillerie qui s’engage appelle quelques remarques. Jusque-là, l’essentiel des militaires déployés étaient des groupes réduits de fantassins dont le but était de conseiller et d’assister l’armée irakienne. Désormais la France s’engage dans des actions de feu. Cependant, au lieu de choisir des chars ou des fantassins, la France, en décidant d’employer son artillerie, s’engage dans la voie du combat indirect. Fait intéressant : la doctrine russe considère l’artillerie comme le point central des combats modernes.
Tactiquement, la France semble vouloir s’engager de manière plus limitée. Les interventions des vingt dernières années ont montré qu’un engagement complet sur le terrain aboutit immanquablement à un enlisement. Les fantassins irakiens vont devoir faire le travail et essuyer la très large majorité des pertes. L’armée française fournira l’appui feu au bon endroit au bon moment pour remporter la décision. L’avenir nous dira si l’idée s’avère fructueuse. Sans aller jusqu’à parler d’innovation, on remarque que la France tente pour une fois une approche différente : on ne peut que s’en réjouir.