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Les provocations réciproques entre USA et Corée du Nord, ainsi que les rapports alarmistes des “experts” américains, annoncent que les premières ogives nucléaires tomberont sur Seattle d’ici trois à cinq ans. S’il est vrai que les capacités nord-coréennes (nucléaires notamment) sont en progression, de tels discours sont avant tout destinés à servir les intérêts diplomatiques, stratégiques, et militaires américains.
La question du nucléaire
Outre les problèmes de technologie et d’accès aux ressources dont pâtit la Corée du Nord, une capacité nucléaire s’évalue sur trois aspects :
- Miniaturisation de l’ogive : c’est de ce point de vue que les coréens sont le plus avancés. Ils semblent être en mesure de produire une ogive pour missile d’une capacité de 60 à 70% de celle d’Hiroshima. Mais ce point seul ne veut rien dire.
- Moyen balistique : produire une ogive ne signifie pas être en mesure de la déployer. Les capacités balistiques font encore cruellement défaut à la Corée du Nord. La mise en orbite basse a été présentée comme un pas en avant décisif. Il s’agit là d’une très large exagération. Les trajectoires et capacités requises sont très différentes : un missile monte à plus de 1000 km d’altitude (le lanceur Taepodong-3 atteint à peine la moitié), la poussée théorique d’un missile balistique est trois fois plus courte que celle de la fusée coréenne. Enfin un missile est déployable à tout moment, le lanceur Taepodong-3 nécessite plusieurs jours de préparation.
- Vecteur de transport. On en distingue trois : terre, air, mer. La terre est abandonnée, car des silos fixes sont trop aisément neutralisables. Les moyens aériens sont peu à peu délaissés, car les progrès des radars, des systèmes anti-aériens et des avions de chasse rendent une attaque du type Hiroshima très hasardeuse. Restent le vecteur sous-marin. C’est pour cette raison que la Corée du Nord semble avoir lancé un programme secret de construction d’un sous-marin muni de deux ou trois lanceurs. Mais là encore, rien n’est sûr.
Le paradoxe nucléaire
Le fait est que la Corée du Nord est devenue, au fil des répétitions médiatiques, synonyme de guerre nucléaire. Si l’hypothèse ne peut être écartée avec certitude, de nombreux éléments indiquent que l’arme nucléaire est surtout gage d’existence sur la scène diplomatique internationale. Il est important pour la Corée du Nord d’obtenir cette arme afin d’asseoir sa puissance, car actuellement elle possède une armée conventionnelle numériquement très importante mais sous-équipée. À titre d’exemple, les meilleurs chars de Kim Jong Un atteignent à peine le niveau des chars russes ou américains (et donc sud-coréens) des années 1995.
La Corée du Nord n’a aucun intérêt dans une guerre nucléaire
Alors que la Corée du Nord ne dispose d’aucune défense, les capacités anti-missiles de la plupart des grands pays suffisent amplement pour arrêter quelques ogives nord-coréennes. Toute attaque entraînerait une riposte immédiate. Un “simple” missile nucléaire W-76 de 100 kT (les USA en possèdent 3030) sur Pyongyang tuerait 500 000 personnes et ferait un million de blessés. La bombe B-83, la plus grosse dans l’arsenal US (1,2 MT) ferait un million 200 000 morts, et un million 200 000 blessés, sans compter les effets radioactifs. Même si la proximité avec la Chine peut entraîner une réponse nucléaire US plus limitée, le calcul demeure simple : Kim Jong Un n’a aucun intérêt à se lancer dans un conflit nucléaire.
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