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24 octobre 1929 : le jeune continent américain, si prospère, sombre en l’espace de quelques heures, dans la plus grande crise économique du XXe siècle. Durant cette décennie dramatique, les Etats-Unis voient éclore des artistes aujourd’hui considérés comme les plus grands noms de l’art du XXe. Défenseurs ou au contraire pourfendeurs de l’industrie américaine, ils représentent la production et le travail dans des styles très différents allant du réalisme à l’abstraction. À travers des œuvres de grande qualité, encore peu connues en Europe, l’exposition revient sur cette décennie si marquante de l’histoire des États-Unis.
Une société américaine ébranlée
Des ouvriers du Nord aux paysans du Sud, la crise n’épargne personne. La société américaine devient d’ailleurs l’un des sujets de prédilection des artistes. Les premières salles de l’exposition illustrent à merveille ce thème, à travers des œuvres poignantes et d’une grande richesse créative. Notre pérégrination débute avec la célèbre toile de Grant Wood, The age of anxiety, exposée pour la première fois en Europe. Ce père et sa fille, si énigmatiques, portent en eux une austérité et un fardeau, révélateur d’un malaise ambiant. Sur les murs suivants, on découvre des paysages industriels, des scènes de paysans en plein labeur mais aussi des paysages paisibles de campagne, comme un appel au retour aux sources.
Le parcours de l’exposition met en avant de manière claire la scission artistique provoquée par la crise. On trouve d’une part, des artistes comme Sheeler, Demuth ou Greene Shaw, ayant une foi inébranlable dans l’industrie américaine. Chacune de leurs oeuvres sont autant d’espoirs d’une reprise par le développement économique. Des artistes engagés comme Alice Neel, Hart Benton ou Joe Jones, n’hésitent pas, au contraire, à décrire les affres engendrées par le krack boursier. Travailleurs exploités par des patrons dominants, salariés en rébellion contre le système ou encore paysans écrasés par le poids du travail rural, ces peintres montrent une réelle volonté de présenter la réalité telle qu’elle est, sans embellissement, ni artifice.
Toujours dans cette quête de vérité, certains peintres se mettent en scène, communiquant ainsi, leur désœuvrement et leurs doutes face à une époque en proie à la récession, à la pauvreté et à la guerre. Ainsi, Helen Lundenberg apparaît comme l’ombre d’elle-même, allusion directe à son avenir incertain et sa perte de repères. Peter Blume se représente, quant à lui, totalement décharné et vieilli dans un autoportrait où il n’a pourtant que trente huit ans. Enfin, le peintre Gugliemi imagine l’hypothétique bombardement du, si iconique, Pont de Brooklyn, afin d’illustrer l’état d’anxiété et de fébrilité générale.
Une société américaine en quête de légèreté
Face aux difficultés économiques et à la complexité de la vie urbaine, la société américaine ressent un fort besoin de se divertir. Les sorties, les spectacles, la vie des célébrités et surtout le cinéma apparaissent comme des échappatoires parfaits. Ces passe-temps constituent une vraie source d’inspiration pour bon nombre d’artistes. Ils puisent allégrement dans ce nouveau répertoire d’images, devenu la marque de fabrique de la culture populaire américaine. Tandis que Reginald Marsh présente le septième art comme un lieu de rêve et de transgression, William Hopper cherche à révéler une réalité plus complexe : dans un cinéma plongé dans la pénombre, une femme pensive, adossée à un mur, semble accaparée par la solitude et l’angoisse, malgré l’aspect festif du lieu où elle se trouve.
Pour clore l’exposition, la dernière salle projette des extraits de films emblématiques des années 30 et 40 comme Autant en emporte le vent, les Raisins de la colère ou encore Les enfants de la crise, qui parachèvent en beauté ce parcours riche et instructif.
Informations pratiques :
La peinture américaine des années 30
Du 12 octobre 2016 au 30 janvier 2017
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries
75001 Paris