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L’une des choses les plus singulières de ce monde est l’éternelle nouveauté du catholicisme. Non, le catholicisme n’est pas un ensemble de coutumes morales et liturgiques pour des personnes désireuses de combler un vide existentiel ou pour des âmes fragiles tournées vers le passé par peur du futur. Non, le catholicisme est une nouveauté, et l’on aurait même envie de dire une « éternelle nouvelle révolte ».
La marque de la foi n’est pas une tradition mais c’est la conversion
Le divin Chesterton disait à ce propos : “La marque de la foi n’est pas une tradition mais c’est la conversion. C’est le miracle qui fait découvrir aux hommes la vérité en dépit des traditions et parfois même au mépris de tout ancrage culturel (…) Et la conversion est toujours une sorte de révolte vis-à-vis des principes explicites ou implicites qui régissent une grande partie de ce qu’il est convenu d’appeler le monde moderne. [1]”.
Ne reproche-t-on pas précisément au catholicisme l’inverse ? Ne lui reproche-t-on pas précisément d’être un vieux machin, démodé, réactionnaire, en but et en opposition à la modernité salvatrice ? Précisément et c’est ce qui en fait quelque chose de neuf !
Comment ? Voici le raisonnement. Pour Chesterton, la modernité se caractérise par des effets de mode. Ce qui est nouveau plaît et attire aujourd’hui mais sera complètement dépassé demain. Qu’on pense à la mode, à l’art contemporain ou à la technologie. Notre époque, plus encore que celle de Chesterton, se caractérise pour ses engouements suivis rapidement de désintérêts et ce, dans plein de domaines.
Le moderne est donc rapidement dépassé pour être remplacé par autre chose de plus moderne, dans une sorte de fuite en avant sans fin. C’est vrai également dans le domaine de la spiritualité. L’Histoire de l’Humanité est parcourue de mouvements plus ou moins importants, plus ou moins sérieux qui ont provoqué l’engouement à leur époque avant de rapidement sombrer dans l’oubli. Avec tout ce qu’il convient d’appeler « nouveaux mouvements religieux », le monde est rempli de mouvements spirituels qui remontent à avant-hier ou à hier mais qui n’iront pas plus loin qu’après-demain, du plus farfelus au plus inquiétant. Hormis peut-être quelques perles, la plupart de ces mouvements ne fait que ressasser avec platitude de vieilles idées hérétiques sous le couvert d’une nouveauté aussitôt dépassée…
Et quand il ne sombre pas dans l’oubli, il y a le danger que le mouvement qui fut un jour moderne se fossilise, devienne une tradition. Comment Chesterton entend-il ce terme de tradition ? Comme quelque chose vide de sens que l’on hérite le plus souvent par sa famille et dans laquelle on se complet pour une raison ou pour une autre sans que cela mette en danger et en cause notre vie. Une tradition ? Des formules que l’on répète sans conviction, des credos ou des textes sur lesquels on ne réfléchit plus, des prières qui ne brûlent plus, des invocations qui ne tonnent plus… Le monde est plein de ces coutumes traditionnelles ou de ces spiritualités moribondes qui ne disent plus rien.
Mais surtout le catholicisme n’est à la fois ni moderne ni traditionnel.
Reste les religions et spiritualités pleines de vigueur. Pour Chesterton, le catholicisme en fait partie car de tout temps, des jeunes gens qui n’ont pas été élevé dans le catholicisme viennent à lui. Des gens de tout âge demandent leur baptême, touchés par on ne sait quelle grâce. Mais surtout le catholicisme n’est à la fois ni moderne ni traditionnel.
Pas moderne ? En effet, il ne cède ni à l’ère du temps, ni à la mode fugace. Il s’oppose de tout son être à l’idiocratie consumériste d’aujourd’hui comme il s’opposa hier au scientisme issu de la révolution industrielle et au matérialisme qui l’avait fait naître. Le catholicisme ne cède pas à la mode du jour, sa ligne d’horizon est plus haut. Dans le monde mais non pas du monde, l’Église tente de maintenir le lien entre le haut et le bas, entre le Royaume qui tire et met debout et le monde qui livré à lui-même sombre et s’effondre.
Pas traditionnel ? Peut-être que certains catholiques vivent leur foi de manière vide, comme une habitude héritée, sans feu, sans passion ? Qu’en sait-on ? Il ne nous appartient pas de juger. Mais ce qu’on peut affirmer, c’est que l’Église en tant qu’épouse de Dieu est sans cesse vivifiée par son Esprit et ce, quelque soit les errances de certains de ses membres. Donc, non l’Église n’est pas une institution au sens où on l’entend d’habitude, elle est un corps mystique et non, elle n’est pas juste un ensemble de traditions coutumières, elle est espace de vie de l’Esprit et ses rituels et paroles expriment sans doute, la plus haute densification de sens que l’on peut trouver sur Terre.
Nouveau ? Oui parce que le catholicisme, tout en restant fidèle à ses principes et à la Révélation, s’adapte dans la manière de présenter cette Révélation. Car l’homme d’une époque, n’est pas l’homme d’une autre et il faut bien pouvoir faire entendre cette Bonne Nouvelle dont a hérité l’Église, c’est ce qu’on appelle l’inculturation.
Nouveau ? Parce que le noyau du message catholique fut et sera toujours scandaleusement nouveau.
L’extrême dignité accordée à chaque individu, l’extrême force d’être, remplissant le coeur de celui qui se laisse aimer pleinement par Dieu dans l’Église, la hauteur de vue donnée par la charité totale et l’intelligence humble de cette accoucheuse de civilisations qu’est l’Église fut, est et sera toujours nouvel objet de scandale pour le monde cynique, cupide et consumériste. En ce sens, le catholicisme sera toujours éternellement nouveau.
[1]G.K.Chesterton, L’Église Catholique et la Conversion, ed. L’Homme Nouveau, p 16 et 24.