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C’est parti pour la primaire de la gauche ou du moins de la « Belle Alliance Populaire » dominée par le Parti socialiste (PS), car cinq candidats de gauche à la présidentielle n’ont pas voulu y participer : Emmanuel Macron (« En marche »), ancien ministre de l’Économie de François Hollande ; Jean-Luc Mélenchon (« La France insoumise ») qui a reçu le soutien du Parti communiste ; Nathalie Arthaud, la porte-parole de Lutte ouvrière ; Philippe Poutou, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) ; Yannick Jadot écologiste et député européen. La Haute autorité de la primaire de la gauche socialiste a validé sept candidatures, celles de (par ordre alphabétique) : Jean-Luc Bennahmias, du Front démocrate ; Benoît Hamon, ancien ministre ; Arnaud Montebourg, ancien ministre ; Vincent Peillon, ancien ministre ; Sylvia Pinel, ancien ministre, présidente du Parti radical de gauche ; François de Rugy, député écologiste ; Manuel Valls, ancien premier ministre. 7 + 5, ça fait du monde !
Les sondages, drogue des médias
Cette primaire est lancée alors que les sondeurs sont en plein désarroi après leurs pataugeages du Brexit, de l’élection de Trump aux États-Unis, et de Fillon à l’issue de la primaire de la droite. Du coup, Le Parisien annonce qu’il ne commandera plus de sondages, ni pour la primaire de la gauche, ni pour la présidentielle 2017. Fera-t-il école ?
Difficile pour les médias de se priver de cette drogue dure ! France Télévisions a publié le 5 janvier un sondage Harris Interactive sur les candidats de la primaire socialiste. Manuel Valls devancerait largement ses concurrents : « Il recueillerait en effet 43% des intentions de vote au premier tour. Son premier poursuivant, Arnaud Montebourg, reste scotché 18 points derrière, à 25%. En troisième position, Benoît Hamon réalise une percée et rêve d’une trajectoire à la François Fillon. Il gagne 11 points par rapport au dernier sondage, en date du début du mois de décembre. Vincent Peillon englué à 7%. Sylvia Pinel (2%), François de Rugy (1%) et Jean-Luc Benhamias (moins de 0,5%) ferment la marche » résume Valeurs Actuelles. Bien qu’en troisième position dans ce sondage, l’ex-ministre de l’Éducation nationale Benoît Hamon semble avoir pour lui « la dynamique » commente 20 minutes: il « gagne 11 points par rapport à la précédente enquête, contre seulement + 3 pour Arnaud Montebourg, tandis que Manuel Valls accuse une baisse de 2 points. » Toutefois « les adhérents PS ne seraient que 17 % à voter pour lui ».
« Au second tour, Manuel Valls l’emporterait contre Arnaud Montebourg (55%-45%) et Benoît Hamon (57%-43%) » relève Le JDD, qui ajoute néanmoins : « Comme tout sondage sur la primaire, il faut le prendre avec précaution puisque nous sommes encore à deux semaines du vote, les débats télévisés entre les candidats n’ont pas encore eu lieu et on ne connaît pas le nombre de personnes qui comptent réellement aller voter à cette primaire, sans compter que l’échantillon des gens certains d’aller voter est très réduit ». D’ailleurs Harris Interactive relève que « 42% des Français inscrits sur les listes électorales indiquent s’intéresser beaucoup ou assez à cette primaire, soit un recul de 8 points par rapport au mois de décembre 2016 ».
Une mobilisation problématique
Même si elle fait et fera couler beaucoup d’encre, la primaire organisée par le PS « n’imprime pas », remarquait le 6 janvier Guillaume Roquette, le directeur de la rédaction du Figaro magazine, sur RTL. Pourtant, elle « intéresse les Français », tempèreL’Express en citant un sondage Odoxa pour Franceinfo, dévoilé ce vendredi, 42% des Français et les deux-tiers des sympathisants de gauche (64%) disent s’y intéresser. Cette proportion monte même jusqu’à 69% auprès des sympathisants du PS » soit un niveau équivalent à celui de la primaire de la droite en novembre dernier. Mais, ajoute L’Express, « l’enquête d’opinion démontre également que le niveau de connaissances sur cette consultation est faible. Sur un sujet aussi basique que les dates du scrutin qui aura lieu dans 15 jours, les trois-quarts des Français (73%) et les deux tiers des sympathisants de gauche (65%) les ignorent encore ».
« Manque de militants, manque d’élus, défaut de participation » diagnostiquait et pronostiquait Jérôme Fourquet, directeur du Département opinion publique à l’Ifop, interrogé par Atlantico (4 janvier) : outre la faiblesse du « maillage territorial » des bureaux de vote due à « la perte de nombreuses mairies, de conseillers généraux et départementaux » par les socialistes, il existe selon lui « une interrogation sur le succès de mobilisation. La droite a mis la barre très haut avec sa primaire qui a réuni environ 4 millions d’électeurs, selon toute vraisemblance, le PS estime qu’il ne pourra pas faire aussi bien et prudemment a mis la jauge en deçà de ce qu’il avait fait en 2011. Si la participation est significativement moindre qu’à la primaire de la droite et qu’en 2011, la légitimité et la crédibilité de ce scrutin en seront affectées. » Jérôme Fourquet pointe surtout « le contexte politique (…) défavorable à la gauche. Le forfait de François Hollande est arrivé très tard, Manuel Valls s’est lancé dans cette campagne en urgence, les perspectives de victoire pour la gauche semblent minces, tous ces éléments pèsent sur le moral de l’électeur de gauche et donc sur la participation ».
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Manuel Valls peine à convaincre
Manuel Valls a présenté son programme pour une «République forte» et une « France juste ». Mais « l’ex-Premier ministre a eu du mal à convaincre et à se défaire du costume qu’il vient de quitter. Au final, on sait très peu de son programme présidentiel » constate Michèle Cotta dans Le Point après avoir suivi sa prestation jeudi soir, sur France 2. Un débat, où relève-t-elle, « la sécurité et l’autorité de l’État [étaient] presque absentes ».
« En pleine opération séduction de la gauche, le candidat [Valls] en campagne prend soin d’éviter de répéter des formules qui avaient heurté sa famille politique sur le 49.3 ou encore les 35 heures » remarque Le Figaro [«Le 49.3 est un acte démocratique» ; « «Il faut déverrouiller les 35 heures», NDLR]. « On m’a imposé le 49.3 » a argué dans « L’Émission politique » de France 2, l’ancien Premier ministre qui l’avait utilisé à six reprises quand il était en fonction, « rejetant la responsabilité de ce passage en force sur les frondeurs qui refusaient de voter les textes concernés (la loi travail et la loi Macron) » souligne Le Monde. « Manuel Valls est le Richard Virenque de la politique », a raillé Gérald Darmanin, secrétaire général adjoint des Républicains sur les ondes de RTL. « Il a tout fait à l’insu de son plein gré, le 49.3 ce n’était pas lui, les heures supplémentaires [la défiscalisation, ndlr], on lui en a imposé aussi la suppression ».
La gaffe de Vincent Peillon
Dernier venu et candidat surprise dans la primaire socialiste, Vincent Peillon fait la cruelle expérience des « petites phrases » qui reviennent en boomerang. Sur France 2 mardi soir (3 janvier), visant « le fascisme rampant » du Front national, il a déclaré : « Certains veulent utiliser la laïcité — ça a déjà été fait dans le passé — contre certaines catégories de population, c’était il y a quarante ans, les juifs à qui on mettait des étoiles jaunes. C’est aujourd’hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans qu’on amalgame d’ailleurs souvent avec les islamistes radicaux. C’est intolérable. » Curieuse phrase de la part d’un ancien ministre de l’Éducation nationale, et d’un agrégé de philosophie. Toutefois, relève le JDD, « Les commentateurs se sont attardés sur la comparaison entre le sort réservé aux juifs pendant la Seconde guerre mondiale et celui réservé aux musulmans aujourd’hui, sans s’arrêter sur l’erreur factuelle qui consiste à placer Vichy en… 1977 ».
Dans un communiqué, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dénoncé « la comparaison (…) entre le sort des juifs sous l’Occupation et la situation actuelle des musulmans de France”. “L’histoire de la déportation de plus de 75 000 juifs, de la spoliation des biens juifs ou des lois discriminatoires comme le port de l’étoile jaune ne saurait être dévoyée et instrumentalisée au nom d’un soi-disant équilibre des souffrances. De telles déclarations ne servent que ceux qui cherchent à réécrire l’Histoire », écrit le Crif. Face à la polémique suscitée par ses propos, Vincent Peillon a expliqué dès le lendemain qu’ « une contraction de phrases » avait pu déformer sa pensée ».
Une confrontation musclée ne garantit pas l’audimat !
« Comment retrouver le plein emploi en France ? Comment améliorer le pouvoir d’achat des Français ? » À quelques jours du scrutin (22 et 29 janvier), Public Sénat dresse l’inventaire des propositions des sept candidats de la primaire en matière économique et sociale, s’agissant notamment du revenu universel, du statut du travailleur, et de la révision de la loi Travail. « Les désaccords en matière économique et sociale n’ont jamais vraiment cessé d’handicaper les gouvernements successifs de la présidence Hollande » relève la chaîne parlementaire. La loi Travail, en particulier, est un « véritable épouvantail pour une partie de la gauche ». « Garder le meilleur et supprimer le mauvais, peut-on résumer pour Arnaud Montebourg, Le « meilleur », étant le compte personnel d’activité (CPA). Benoît Hamon souhaite abroger la loi et créer un « droit à la formation tout au long de la vie ». Vincent Peillon se rappelle au bon souvenir de Manuel Valls en regrettant « des brutalités » comme l’utilisation du 49.3. »
Bref, on peut s’attendre à d’homériques empoignades lors des trois débats qui précéderont le premier tour, le 22 janvier. Mais il est douteux que les chaînes qui les retransmettront (le 12 janvier sur TF1, RTL et L’Obs, en partenariat avec LCI et Public Sénat, le 15 janvier sur BFMTV et iTélé, puis le jeudi 19 janvier sur France 2 et Europe 1) pulvérisent les records d’audimat… « Score d’audience à battre, 5,6 millions de téléspectateurs (26,3% de part d’audience) : c’est celui qu’avait réalisé le premier débat de la primaire LR, le 13 octobre » rappelle cruellement Marianne.