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Le candidat Vincent Peillon n’avait pas encore eu sa petite polémique, celle qui, partie de rien et vide de sens, lui permettrait de faire parler de lui pour redorer une campagne terne. Il en était presque jaloux de ses concurrents à la primaire de la gauche, dont certains sont de vieux routiers du dérapage contrôlé. Il partageait certes le même bilan médiocre que Manuel Valls et Arnaud Montebourg, ses anciens commensaux de l’ère Ayrault – le souvenir semble si lointain de cette préhistoire hollandaise. Mais il n’avait pas encore la dimension médiatique que se doit de revêtir tout prétendant sérieux.
C’est désormais chose faite. Rien n’était plus simple, pourtant : il suffisait d’y mettre un peu de bonne volonté. La recette n’est pas bien compliquée. Une bonne polémique doit impérativement toucher à la question du racisme ou de la discrimination. Certains choisissent la finesse, la suggestion – Vincent Peillon, lui, préfère la matière première brute. Pourquoi faire des sous-entendus quand on peut simplement parler du nazisme ?
Après avoir laissé mijoter le temps nécessaire, Vincent Peillon s’est finalement expliqué, justifié… Mais la sauce avait déjà pris : son nom aura été cité à l’envi pendant une journée entière. Les musulmans auront été flattés d’être comparés à des victimes d’un racisme étatisé et les militants socialistes, véritables destinataires du message, auront été galvanisés par la reaffirmation de leur credo préféré : la laïcité radicale était bonne à chasser les curés en 1793 et à débarrasser de la République d’une catholicisme déjà secularisé en 1905, mais elle ne saurait être adaptée aux défis que pose l’islam au XXIe siècle.
Car l’islam, dans le prisme de Vincent Peillon et de cette gauche, est perçu, de bonne foi d’ailleurs, non comme une religion mais comme une culture – la culture de personnes essentiellement d’origine étrangère. Le catholicisme du Français de 1905 est un attribut dont il peut se dévêtir, un accessoire ajouté à son être : l’islam du fils d’immigré de 2016 est une part constitutive de son être. Dans le premier cas, la laïcité est l’exigence de se dépouiller d’un surplus jugé encombrant, dans le second, elle est une injonction à renoncer à une essence reconnue comme indispensable.
Rapidement, l’absurdité du parallèle effectué par l’ancien ministre a été soulignée par des historiens (quoi qu’une simple connaissance même superficielle de l’histoire suffise à s’en apercevoir). Le nazisme ne persécutait pas les juifs au nom de la laïcité. La laïcité en elle-même n’a jamais persécuté personne d’ailleurs, tant qu’il se trouvait des esprits pour en comprendre le fondement philosophique et le champ d’application. Elle n’est qu’une doctrine d’État par laquelle les individus, dans leur qualité de citoyens (et uniquement dans celle-ci) voient leurs rapports avec la puissance publique expurgée (et uniquement avec celle-ci) de toute considération religieuse. Toute autre conception de la laïcité équivaut à un dévoiement – et celle de Vincent Peillon, modeste agrégé de philosophie, qui à deux poids applique deux mesures, en est l’un des exemples les plus frappants et les plus dangereux.