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Le jour de ses 40 ans, Marta a quitté son travail. “C’est la meilleure chose que j’ai faite de ma vie”, confie-t-elle. Elle a fait des études d’économie, détient un MBA et a travaillé dans le management au sein d’une chaîne de magasins de meubles pendant plusieurs années. Son travail lui a plu pendant longtemps ; son salaire élevé était complété par une bonne ambiance de travail et des possibilités d’évolution intéressantes. Elle prenait les défis de front, et toujours avec succès. Il y a quelques années, suite à une restructuration, tout a changé. “C’est d’abord mon patron qui a changé, puis mes responsabilités. Toutes les décisions étaient prises au siège de l’entreprise, et l’on m’a donné des objectifs irréalistes, sans que je puisse donner mon avis”, raconte-telle. Elle insiste sur le fait que malgré sa bonne entente avec son nouveau patron, elle lui reprochait de ne pas lui faire confiance, et de ne pas avoir les compétences nécessaires pour diriger leur filiale. “Le carriériste sans compétence typique”, ajoute-t-elle.
Elle a dans un premier temps perdu le sommeil, puis sa confiance en elle. “J’ai commencé à douter de mes compétences et prendre une décision devenait difficile, cela me stressait, ce qui n’avait jamais été un problème dans le passé.” Elle craignait de répondre au téléphone au bureau. “Mes mains se mettaient à trembler rien qu’à cause d’un simple coup de téléphone de la part d’un employé qui ne pouvait pas venir au bureau parce qu’il était malade. J’en pleurais et pensais que je ne pouvais pas gérer la situation, alors que ce n’était pourtant pas un très gros problème”, dit-elle. Après un an à vivre dans le stress permanent, Marta a démissionné.
Dans le cas de Martyna, il aura également fallu un an pour qu’elle démissionne. “C’était mon premier emploi après mon diplôme, et je ne me suis rendu compte du problème qu’une fois arrivée à l’hôpital. Les symptômes se manifestaient tous les dimanches. Je ressentais une douleur dans la poitrine, comme si quelqu’un m’enfonçait une vis dans le cœur et les poumons. La douleur durait jusqu’au lundi”, explique-t-elle. “Cela s’améliorait en travaillant, jusqu’au dimanche d’après où je souffrais de nouveau.” Un jour, la douleur était si aiguë que Martyna dut aller aux urgences. Les tests révèlent alors une tension très élevée, mais tous le reste était normal. Les médecins lui prescrivent des anti-douleurs et elle passe la nuit à l’hôpital. La douleur disparaît.
“Les médecins ne comprenaient pas d’où venait la douleur, et ce n’est que grâce à une conversation avec un psychanalyste que j’ai compris qu’elle était due au stress, causé par un burn-out.” Les docteurs décident de la garder toute la journée du lundi. “Le matin, j’ai téléphoné à mon patron et lui ai dit que je ne pouvais pas venir car j’étais à l’hôpital. Il m’a écoutée, mais m’a rappelée quelques heures plus tard pour me demander si je pouvais m’échapper quelques heures car il avait besoin que des factures soient envoyées d’urgence. Je lui ai répondu que non, car j’étais branchée à une intraveineuse.”
Une perte d’énergie totale
Quelques années après avoir démissionné, Marta et Martyna ont découvert ce qui avait causé leurs symptômes : le burn-out. Aux États-Unis, 40% des travailleurs se plaignent des conditions de travail stressantes, et des conséquences diverses que cela entraîne. Ces dernières peuvent être physiques comme par exemple le mal de tête, les problèmes de sommeil, la hausse de tension, ou psychologiques comme la dépression, la sensation d’insignifiance et de découragement ainsi q’une perte de confiance en soi. Un employé sujet au burn-out est moins assidu dans son travail, moins efficace, et connaît des tensions au bureau et à la maison. “Mon état fragile causé par mon travail a fini par avoir un impact nocif sur ma vie personnelle” se rappelle Marta. “Je reportais ma frustration sur mes amis et ma famille. J’étais nerveuse et en conflit avec tout le monde. Les quelques mois avant de démissionner, je n’arrivais à profiter de rien. Même pendant les vacances, j’angoissais toujours que quelque chose puisse arriver au bureau pendant mon absence”, ajoute-t-elle.
Agnieszka Kartowicz, mère de quatre enfants, connaît bien ces émotions-là. Elle en a fait l’expérience plusieurs fois au cours de quinze années de travail à un poste à responsabilités dans une entreprise. “Je voulais quitter l’entreprise et trouver un travail qui ait un impact positif sur la société. Malgré les enfants et les dettes, j’ai décidé de le faire. J’ai trouvé un emploi en tant que directrice du département stratégie et investisseur de la mairie. Cela a duré 30 jours. C’est incroyable de voir à quel point les gens qui travaillent en finance sont tendus”, dit-elle. Elle travaille aujourd’hui pour une organisation qui cherche à venir en aide aux gens souffrant de burn-out, et se sent fière de l’impact positif de son travail. D’après elle, le burn-out professionnel est un sentiment de totale insignifiance, un mépris et un abus de l’énergie de l’employé.
Comme un hamster en cage
Il semblerait que plus de femmes que d’hommes soient touchés par le burn-out, mais cette différence tient probablement surtout au fait que les femmes n’ont pas peur d’en parler. “Les femmes en souffrent plus car elles sont inclines à donner du sens à leur vie, ce qui inclut leur carrière”, explique Agnieszka Kartowicz avec emphase. Sophie, qui travaille dans une entreprise depuis “ce qui semble être une éternité”, analyse parfaitement la situation : “Ma version du burnout est la prise de conscience douloureuse de l’inutilité de mon travail. Il semble stupide de devoir se rendre à la même heure chaque jour pour s’asseoir dans cette cabine que l’on appelle bureau, et de prétendre faire quelque chose d’important et de significatif alors que ça n’en a aucun”, dit-elle.
“Savoir que travailler dur n’apporte rien ni au monde ni à soi-même… Les résultats semblent être tellement tangibles. Si seulement j’avait fait pousser des carottes, construit une maison, planté un arbre… Et en plus, ce que je fais aujourd’hui sera probablement oublié juste après, et dans un an, quelqu’un d’autre sera dans ma roue de hamster et courra après quelque chose qui aura déjà été fait par quelqu’un d’autre il y a longtemps, mais dont personne ne se souviendra”, dit-elle. Elle est très malheureuse mais n’a pas le courage de quitter son travail. “J’ai un travail, des dettes, des enfants. Une autre forme de dépression se manifestera si je quittais mon emploi alors que je n’ai rien d’autre à faire à la place.”
Sophie souligne que la situation n’a pas toujours été comme ça. “Il fut un temps où je pensais que ce que je faisais sauvait le monde”, dit-elle. Le premier signe qui prouve que quelque chose ne va pas est de ne pas réussir à dormir. Quand j’aimais mon travail, je me couchais tôt pour être en forme le lendemain et d’attaque pour les défis à relever. Aujourd’hui, je me couche tard parce que j’ai besoin de temps pour moi après le travail. Je me moque de commencer à 9 heures du matin le lendemain. Tout ce que je veux c’est survivre à la journée, dire deux ou trois choses correctes aux clients, et tenir jusqu’à ce qu’il soit l’heure de rentrer.”
Un bon employeur
Comment gérer un burn-out ? Dès la recherche d’emploi, dirigez vous vers les entreprises réputées pour respecter leurs employés (des sites Internet comme glassdoor.com sont de très bons moyens de vérifier). Et il ne s’agit pas seulement d’avoir une assurance maladie et une réduction pour la salle de gym, mais d’une entreprise qui valorise l’investissement de ses employés. Par exemple, un employeur respectueux fait des retours au cours du processus de recrutement. Beaucoup d’entreprises ne le font pas, même lorsqu’il s’agit de postes à hautes responsabilités. Si vous avez l’opportunité de passer l’entretien sur place, prêtez attention à la réaction des employés lorsque votre potentiel patron fait son entrée dans les bureaux. Est ce que la pièce tombe dans le silence lorsqu’il arrive ? Cela peut être assez révélateur.
Comment le supporter ?
Si vous ressentez un sentiment d’insignifiance, ou n’importe quel symptôme associé au burn-out, il est important de prendre le temps d’en parler sérieusement. Ne minimisez pas ces symptômes. Il arrive à tout le monde d’avoir une mauvaise journée une fois de temps en temps, mais si cela arrive continuellement, cela signifie qu’il y a un réel problème qui pourrait entrainer une dépression ou d’autres problèmes physiologiques. Il se peut qu’il soit nécessaire de changer de travail, mais ce n’est évidemment pas toujours aussi simple que cela, et ce n’est pas toujours la solution. Demandez-vous si vous détestez vraiment votre travail ou si vous ressentez juste le besoin de faire une pause ? Peut-être que prendre des vacances un peu plus longues que d’habitude et faire le point sur votre état d’esprit est tout ce qu’il vous faut ; il est toujours possible d’avoir un travail qui n’a pas nécessairement un impact sur la société et de s’adapter à cela. Vous pouvez canaliser ces désirs de plusieurs façons, en faisant du bénévolat par exemple. Et n’oubliez pas de vous tourner vers vos amis, pas pour discuter des ragots mais pour leur expliquer ce que vous ressentez, et accepter leur soutien. Cela peut vraiment aider.