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La république de l’Équateur a depuis dimanche un nouveau président en la personne de Lenin Voltaire Moreno, élu à l’âge de 64 ans au terme d’un second tour très serré qui l’opposait à Guillermo Lasso, candidat de la droite. Il a fallu attendre ce mardi 4 avril pour que le résultat du scrutin soit confirmé par le Conseil national électoral, les irrégularités dénoncées par le candidat perdant n’ayant pas été établies. Le successeur de Rafael Correa, dont il avait le soutien, présente un profil atypique. Après des études en médecine et en psychologie, il s’est finalement orienté vers l’administration publique. En 1998, il reçoit une balle dans le dos au cours d’une agression. Frappé de paraplégie, il se déplace depuis en fauteuil roulant. Un temps coach, il a publié des livres aux noms évocateurs : “Être heureux est facile et amusant”, “Ne soyez pas malade, riez !”, “Les meilleurs blagues du monde”. Aura-t-il l’étoffe d’un chef d’État ? Beaucoup de ses adversaires en doutent, estimant qu’il pourrait être instrumentalisé par l’entourage de Rafael Correa.
Une double tutelle antichrétienne
Si les enjeux économiques et sociaux sont majeurs en Équateur — c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles la conférence épiscopale équatorienne est intervenue pour inciter les citoyens à voter — il faut bien reconnaître que c’est l’étonnant prénom du nouveau président qui retient l’attention des observateurs à l’étranger. Lenin (prononcer “Lénine”) renvoie sans ambiguïté au leader féroce de la révolution d’octobre, qui écrivait en 1922 : “Plus nous pourrons exécuter de représentants de la bourgeoisie réactionnaire et de prêtres réactionnaires (…), mieux ce sera”. Quant à Voltaire (que les Équatoriens prononcent souvent “Boltaire”), il fait allusion au philosophe des Lumières, pourfendeur obsessionnel de l’Église qu’il ciblait de ses aphorismes radicaux comme celui-ci : “Tant qu’il y aura des fripons et des imbéciles, il y aura des religions. La nôtre est sans contredit la plus ridicule, la plus absurde, et la plus sanguinaire qui ait jamais infecté le monde”.
Chrétien ou franc-maçon ?
Étrangement, cette double tutelle ne semble pas avoir fait de Lenin Voltaire Moreno un farouche adversaire de la croix. Dans ce pays marqué par la théologie de la libération — dont Rafael Correa assumait une partie de l’héritage, le nouveau président socialiste peut affirmer tranquillement : “Je suis chrétien et je suis ouvert aux vertus du dialogue”, comme le rappelle un article du Monde daté du 5 avril. Reste à savoir de quel christianisme, il s’agit. Car Lenin Voltaire Moreno est aussi connu pour son appartenance à la franc-maçonnerie, ce qui est rigoureusement incompatible avec le catholicisme, comme le rappelle l’Église avec vigueur. Alors le nouveau président de la république de l’Équateur serait-il finalement un disciple de Voltaire, qui tout en décochant des traits assassins contre l’Église admettait la nécessité d’un grand “horloger”, d’un “grand architecte de l’univers”, expressions fréquemment reprises par le loges qui ne se déclarent pas athées.