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« La société sombre dans un climat de violence et de pauvreté. La population se trouve livrée à elle-même. La violence, le vol et l’exécution deviennent le quotidien des Malgaches », avait déjà lancé la Conférence des évêques il y a plusieurs mois. La commission Justice et Paix a qualifié de « crime contre l’humanité » l’attaque perpétrée le 1er avril dernier contre le couvent des Sœurs de Notre-Dame-de-la-Salette à Antsahatanteraka Antsirabe.
Vol suivi de viol
Les faits se sont déroulés en plein milieu de la nuit, aux alentours de 1h40, entre le vendredi 31 mars et le samedi 1er avril. D’après la police, une bande d’assaillants à réussi à forcer la porte d’entrée avec une barre à mine. Profitant de l’effet de surprise d’un réveil brutal, les attaquants ont violé une jeune bénévole allemande, une religieuse malgache et trois pensionnaires. Un maçon, qui était un employé qui dormait sur place, a tenté de s’interposer mais a été roué de coups. Avant de s’enfuir, les assaillants ont eu le temps de s’emparer d’environ 6000 euros, trois ordinateurs portables, une tablette et quatre smartphones (source policière).
Condamnation et arrestations
La CEM (Conférence épiscopale de Madagscar), avec pour président l’archevêque Désiré Tsarahazana (archevêque métropolitain de Taomasina) avait réagi en début de semaine dernière en condamnant cet « un acte inhumain » :« Nous condamnons avec vigueur ce qui s’est passé ». La commission épiscopale Justice et Paix a même qualifié ces actes de crimes contre l’humanité et a appelé les autorités de l’État à réagir au plus vite pour arrêter les responsables. À peine trois jours après les faits, la police a annoncé avoir procédé à 26 arrestations, parmi lesquelles 7 personnes ont été identifiées par les sœurs pour avoir participé à l’attaque.
Une société dans une spirale de violence
Le pays est en proie à une violence exacerbée par la pauvreté (neuf Malgaches sur dix vivent avec moins de deux dollars par jour), la corruption et les problèmes politiques. Les tentatives de putsch sont récurrentes dans le pays. L’exploitation illicite des ressources précieuses comme le bois de rose, l’or et les pierres précieuses favorisent un climat de violence. Les actes de violences se multiplient, notamment dans la région Alaotra Mangoro et particulièrement dans les zones d’exploitation illicite de mines : depuis le début de l’année, plusieurs attaques envers des familles ou des règlements de compte ont lieu dans cette région. La population locale déplore en plus la prolifération des stupéfiants. Tous les ingrédients types pour favoriser l’installation d’un banditisme récurrent sont réunis.
Des religieux déjà pris pour cible auparavant
S’il ne s’agit pas de violence à caractère religieuse, mais plutôt d’un dangereux banditisme favorisé par un climat délétère, il n’empêche que les communauté religieuses ont été plusieurs fois victimes d’assauts et de vols ces dernières années. Sœur Emmanuelle, âgée de plus de 80 ans avait été assassinée le 1er mars 2013 à Mandritsara, dans le nord de Madagascar. Le 8 juillet 2014, des bandits avaient attaqué un village près d’Antsirabé, tué trois personnes et avaient pris en otage le vicaire, le père Ferdinand, et trois apprentis du centre de formation agricole, qui furent heureusement tous relâchés deux jours plus tard. Le 12 novembre 2016, le frère Prestome avait été kidnappé : l’enlèvement et la « vente » de personnes atteintes d’albinisme sont une pratique courante dans certains pays d’Afrique, comme le Malawi et la Tanzanie. Dans ces pays, les albinos sont victimes de croyances qui attribuent des vertus magiques à leurs organes et à leurs membres.