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Dans la nuit du 14 au 15 août, le Raj britannique laisse place à deux États indépendants : l’Inde et le Pakistan (« pays des purs » en ourdou). Ce dernier, à majorité musulmane, compte 2,4 millions de membres — dont 1 288 000 catholiques — soit 1,5 % de la population, ce qui en fait la deuxième minorité du pays après les hindous. Une communauté qui connait une situation très difficile depuis plusieurs années.
Au début du XXe siècle, émerge au sein de l’Empire britannique des Indes des mouvements qui visent à la séparation en deux nations distinctes hindous et musulmans. A partir des années 1930, la Ligue musulman, qui sert de base au mouvement pour le Pakistan, gagne en influence, au point de remporter tous les sièges réservés aux musulmans lors des élections de 1945. Il est donc logique que la fin de la colonie britannique mène à la création de deux dominions – États indépendants membres de l’Empire britannique dont la diplomatie dépend de la Couronne britannique – distincts deux ans plus tard. Le redécoupage des frontières pousse alors entre quinze et vingt millions de personnes à l’exode. Les hindous et les sikhs migrent très majoritairement en Indes, quand les musulmans se retrouvent au Pakistan. L’assassinat de Mahtma Gandhi le 30 janviers 1948, qui n’a cessé d’œuvrer pour la réconciliation des communautés, n’arrange pas l’affaire. De leur côté, les chrétiens restent partagés entre les deux pays.
Depuis plusieurs d’années, ces derniers sont régulièrement pris pour cibles, notamment depuis les lois anti-blasphème de 1986. Certes, celles-ci ne concernent pas que les chrétiens. En mars 2016, La Croixrappelait qu’ « au moins 964 personnes ont été inculpées pour blasphème, dont 479 musulmans, 119 chrétiens, 340 ahmadis, 14 hindous et 10 membres d’autres religions. » Mais les sanctions ne sont pas les mêmes selon les communautés. Ainsi, « tandis qu’un musulman accusé de blasphème n’a affaire qu’à la justice, un chrétien accusé fait l’objet de grandes violences de la part de musulmans, violences pouvant aller jusqu’au meurtre. » En 2004, un couple de chrétiens accusés d’avoir brûlé un exemplaire du Coran avait été frappé à mort pour la foule. Ajoutons au tableau qu’ils sont régulièrement visés par des attentats islamistes, une marginalisation, un accès à l’emploi limité et des mariages forcés. Selon l’agence Fides, chaque années 700 chrétiennes sont enlevées, séquestrées, mariées de force à des musulmans, après avoir été converties à l’islam, parfois après avoir été violées. Les ravisseurs menacent les femmes de représailles envers leurs familles si elles tenter de s’enfuir ou de porter plainte. Ainsi, dans son dernier rapport publié en janvier 2017, l’ONG évangélique « Open doors » classe 4e le Pakistan dans son classement des pays où les chrétiens sont le plus persécutés. Pire, l’organisation relève que le pays détient avec le Kenya et le Nigéria le triste record du plus grand nombre de chrétiens tués en 2016.
Cette situation est largement connue aujourd’hui, notamment à cause de la multiplication des attentats ces derniers années. En mars 2015, le pape François déclarait alors, après la double attaque qui a frappé le quartier chrétien de Lahore, faisait 14 morts et 70 blessés : « Nos frères chrétiens versent leur sang seulement parce qu’ils sont chrétiens ». Des milliers de personnes étaient alors descendues dans les rues de la ville afin de protester contre ces violences antichrétiennes. Le 27 mars 2016, un an après les premiers événements, le quartier de Lahore est à nouveau victime d’attentats. Le 2 septembre dernier, c’est le nord-ouest du pays et la province du Khyber Pakhtunkhwa qui est touchée. Un double attentat dans un quartier chrétien aux abords de Peshawar fait 14 morts et une soixante de blessés. Le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, promet alors que les groupes armés qui commettent ce type d’exactions seraient sévèrement punis et déclare qu’ils « ne trouver(aient) nulle part où se cacher au Pakistan ». Depuis aucune attaque similaire n’a visé la communauté chrétienne. La situation ne s’est pas améliorée pour autant. Récemment, une rumeur de révision des lois sur le blasphème, depuis démentie par le ministre des Affaires religieuses, inquiétait.