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Le pape François dans l’enfer des raccourcis médiatiques

POPE FRANCIS

Antoine Mekary | Aleteia | I.Media

Arthur Herlin - publié le 06/04/18

Malgré le démenti du Vatican, la polémique sur les propos du Pape sur l’enfer a fait le tour du monde. Fake news ?

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“Les âmes qui ne se repentent pas, et ne peuvent donc être pardonnées, disparaissent. Il n’y a pas d’enfer, il y a la disparition des âmes pécheresses”. Telles seraient, selon Eugenio Scalfari, fondateur de l’un des quotidiens de gauche et parmi les plus importants d’Italie — La Repubblica — ni plus ni moins les paroles du pape François en personne. Des propos repris dans la presse internationale et transformés au fil des jours en une forte polémique, qui semble pourtant diverger avec la conception de l’enfer du pape François.

À tel point que le Vatican s’est cru obligé de publier un démenti. “Ce qui est rapporté par l’auteur dans l’article d’aujourd’hui est le fruit de sa reconstruction, dans laquelle les mots textuels prononcés par le Pape ne sont pas cités”. Pour enfoncer le clou, le Bureau de presse du Saint-Siège précise qu’il s’agit d’une rencontre “privée”, et qui n’a pas donné lieu à un quelconque “entretien”.

Une technique d’entretien discutable

Il faut dire que la technique du journaliste italien n’est pas réputée infaillible : Eugenio Scalfari, 93 ans, n’a plus de responsabilité dans le quotidien italien, qu’il a mis sur pied en 1976, mais il conserve encore une tribune hebdomadaire, qui se transforme régulièrement en un écho supposé de sa conversation téléphonique avec le pape François lui-même.

Sauf que lors de ses vraix-faux échanges, parfois même de visu, il ne s’agit jamais d’une interview en bonne et due forme, mais d’une conversation privée. Sa méthode est simple, presque trop : menée sans note ni enregistrement, la retranscription se fait plus tard, sur la base de sa “mémoire d’expert”. Ce qui peut aussi expliquer en partie de précédents dérapages.


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Scalfari est en effet coutumier du fait. Déjà, en 2013 puis en 2014, deux retranscriptions avaient fait l’objet de réactions de la part du Vatican. Mais chaque fois, Scalfari a nié avoir modifié les paroles du pontife. Sous la pression, le journaliste avait finalement reconnu avoir déplacé une virgule. Un détail, mais qui avait fait toute la différence. Il s’agissait alors de remettre en question le célibat des prêtres.

Quant à la question de l’existence de l’enfer, elle semble revêtir une importance particulière pour ce journaliste italien, qui ne manque pas une occasion de rappeler qu’il est athée. Le 9 octobre dernier, il avait en effet une première fois affirmé que la “révolution” de ce pontificat était d’avoir “aboli” les notions d’enfer, de paradis et de purgatoire — ce que l’Église continue d’appeler les fins dernières.

Quand le pape François parle de l’enfer

Pour sa part, s’il ne brandit pas l’existence de l’enfer en permanence, le pape François l’a évoqué à plusieurs reprises. Ainsi en mars 2014, lors d’une visite dans une paroisse de Rome, le pontife s’était adressé aux mafieux. En les suppliant : “S’il vous plaît, changez de vie, convertissez-vous, arrêtez de faire du mal (…) Il est encore temps, pour ne pas finir en enfer”.

Plus récemment, en novembre dernier, le Pape affirmait encore dans sa messe matinale, que “Dieu convie tout le monde” au Royaume des cieux, mais que certains invités ne comprennent pas cette gratuité. Le Pape avait alors cité l’enfer dans la Divine comédie de Dante. Enfer qui consiste selon lui à “laisser l’espérance” à la porte. Alors “tu as tout perdu”, avait-il commenté.


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Des propos où apparaît primordiale la dimension de liberté personnelle à travers le choix de “l’espérance”, “billet d’entrée” pour le Salut. Des propos qui cadrent bien avec la définition de l’enfer dans le Catéchisme de l’Église catholique (1033) : “Mourir en péché mortel sans s’en être repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de Lui pour toujours par notre propre choix libre. Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot enfer”.

Si comme le disait CS Lewis, la meilleure tactique du diable consiste à se faire oublier, il semble que cette fois, il ait échoué dans sa tentative.

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