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Penser, même si c’est à Dieu, n’est pas prier. Prier, c’est aimer. C’est accueillir l’amour de Dieu et L’aimer en retour. La prière n’est pas cérébrale ; elle entraîne notre corps et nos cinq sens dans une rencontre amoureuse avec Dieu. Bernard Dubois, marié et père de cinq enfants, ancien chef de clinique des Hôpitaux de Paris, cofondateur de l’association Agapé au Puy-en-Velay, définit, dans son livre La prière est un jeu d’enfant (Éditions des Béatitudes), la prière comme un élan du cœur vers le Seigneur. Mais pour que cet élan prenne forme et s’épanouisse, Bernard Dubois nous livre une méthode simple, imagée et progressive, afin de descendre dans ce lieu intérieur où Dieu habite en nous.
« On ne fait pas sa prière, on la reçoit de Dieu ». L’expression « faire sa prière » suggère une action égocentrique et unilatérale. Comme si c’était nous qui tenions la barre, qui décidions nous-mêmes de ce qui serait digne de pardon, de louange ou de supplication. Comme si on accomplissait une tâche automatique inscrite dans notre emploi du temps, sans prendre le temps de se mettre à l’écoute de Dieu. Or prier n’est pas du tout cela ! Bernard Dubois définit la prière comme un cœur à cœur avec Dieu, comme l’élan amoureux de l’Esprit qui habite en chacun de nous, par lequel on accueille l’amour de Dieu et on L’aime en retour. Prier, c’est se laisser chérir par Dieu, à la manière d’un petit enfant s’abandonnant dans les bras de sa mère. C’est sa manière à lui d’aimer et de se donner. « Recevoir » la prière revient à accueillir la source d’eau vive qui vient de Dieu, à la laisser couler et habiter en nous.
L’auteur rejoint en cela sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui écrivait : « Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin, c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus. »
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Pour apprendre à prier avec le cœur, et non pas avec la tête, l’auteur propose une méthode pédagogique, simple, imagée et progressive, permettant de franchir, une à une, les différentes marches d’un escalier intérieur qui nous conduit au « lieu du cœur ». Il nous invite à prier d’abord comme le rocher, la fleur des champs, le roseau, comme les vagues de l’océan, puis comme la colombe, afin de nous faire découvrir l’expérience de la rencontre avec le Seigneur.
Prier comme le rocher
Le rocher ne bouge pas, il est silencieux. L’auteur invite le « priant débutant » à demeurer stable, immobile comme un roc, et à écouter. « Pour prier, conseille-t-il, commence par te taire. Écoute le Seigneur. Il est présent en toi. » Il ajoute que Dieu nous parle aussi par sa Parole vivante que sont les Saintes Écritures. Écouter est le choix qu’a fait Marie, la sœur de Marthe, qui elle était aux fourneaux lorsque Jésus leur a rendu visite : « Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée », dit-Il. (Luc 10, 42)
Prier, c’est fonder sa maison sur le roc. Bernard Dubois est convaincu que « la prière, fidèle et persévérante, immuable comme le roc, est une condition de la croissance spirituelle et du bonheur en famille. » Pour prier, il incite à choisir un lieu calme et retiré, et à adopter une posture stable qui favorise la détente physique, comme être assis sur une chaise, dos droit appuyé sur le dossier, jambes décroisées et pieds à plat, ou bien à genoux sur un tapis, appuyé sur un petit banc de prière.
Prier comme la fleur
La fleur est le symbole de l’âme s’ouvrant à la chaleur de l’amour de Dieu. Elle oriente sa corolle vers la lumière du soleil. Ceci exige d’ouvrir notre sensorialité, d’utiliser nos cinq sens pour être bien présent au réel et habiter notre corps, sans quoi nous avons vite fait de tomber dans l’imaginaire, le rêve, l’illusion, les distractions. Alors que si nous demeurons attentifs à nos sens, nous demeurons ancrés dans le réel, et alors on pourra entrer en relation avec Dieu. D’autant qu’Il se manifeste à nous par nos sens. Car nous sommes des hommes et non des anges. « Le corps est le marqueur essentiel pour rester dans le réel et éviter de basculer dans l’illusion. La prière dans le corps te permettra d’entendre, de toucher et de contempler le Verbe de Dieu fait chair ».
Prier comme le roseau
Le roseau, souple sous la brise du vent, symbolise le lâcher-prise nécessaire à la prière. Afin de s’abandonner entre les mains du Seigneur, il convient d’abord de se détendre physiquement. La détente corporelle consiste à fixer son attention sur chaque partie du corps, et à lâcher volontairement chaque tension musculaire, jusqu’à sentir son corps peser de tout son poids. Simultanément, l’âme arrive à lâcher-prise intérieurement, et l’on arrive à un niveau de recueillement et de calme intérieur.
Prier comme les vagues de l’océan
Les vagues vont et viennent sur le rivage, comme le souffle de l’expire et de l’inspire. La respiration régularise nos émotions. Une respiration profonde permet d’évacuer les tensions et les peurs. Elle est donc très utile dans la prière pour apaiser nos passions. Les Pères du désert disaient déjà que celui qui contrôle sa respiration devient le maître de ses pensées.
À ce stade, le recueillement mental, par l’ouverture sensorielle, corporelle, par la détente musculaire et affective, par la respiration profonde, commence à être effectif. C’est ce qu’on appelle le « triple recueillement ».
Prier comme la colombe
La colombe descend jusqu’à terre pour y recevoir sa nourriture. Il s’agit désormais de descendre dans notre cœur pour y trouver le Seigneur. Comment entrer dans ce lieu intérieur où Dieu demeure ? À nous de choisir selon nos appétences quel canal nous y conduira le mieux. Les visuels pourront imaginer une icône ou une peinture religieuse, tandis que les auditifs privilégieront la répétition d’un verset de la Bible, par exemple. Après avoir réussi à fixer notre pensée sur Dieu, on peut L’appeler en murmurant son nom, et L’écouter. C’est là que la rencontre commence…