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Aleteia : Votre livre s’intitule “Jésus, le premier scout”. Quelles qualités du scout Jésus porte-t-il en lui ?
Père Xavier de Verchère : Cette expression vient du père Jacques Sevin, qui a proposé une lecture scoute de l’Évangile. Il a pressenti qu’il y avait quelque chose de très profond dans le scoutisme. Baden Powell, le fondateur du scoutisme, était chrétien anglican, fils de pasteur. Dans ses écrits, on sent un homme de foi qui laisse une place importante à Dieu dans sa vie. Le père Sevin l’a rencontré en 1913 et il a ensuite souhaité implanter le scoutisme chez les catholiques. Ce qui a donné naissance aux Scouts puis aux Guides de France en 1920 et 1923. Ce sont des chrétiens qui ont lancé le scoutisme. Pour répondre à votre question, un scout vient éclairer, porter la paix. En cela Jésus est scout. Il apporte la lumière. Il est l’éclaireur par excellence, par sa parole et par sa vie. En témoignent aussi sa vie de travail et de contact avec les autres. À l’âge de 30 ans, il laisse tout derrière lui et fonde un groupe avec douze disciples. Il ne reste pas à Capharnaüm, où il a commencé son apostolat, mais part sur les chemins, mène une vie sobre, dort à l’extérieur… Il prend ses repas avec les autres, se repose près du feu, prie… mais pas tant que ça dans les synagogues. Ce qui nous montre que l’on ne vit pas sa foi uniquement dans sa paroisse. Avec ses disciples, il mène une vie faite de partage et de service. Dans le groupe, chacun a un rôle particulier. Ils vivent une expérience spirituelle très incarnée qui n’est pas retirée du monde. Une vraie vie d’aventure. Cette vie-là, c’est justement celle que l’on fait expérimenter à nos jeunes.
Le scoutisme mondial regroupe des mouvements nombreux, parfois confessionnels, parfois non religieux. Comment peut-il dépasser ces différences et rester un mouvement qui laisse une place à la spiritualité ?
On peut rencontrer Dieu à travers une manière d’être et de vivre. Baden Powell a vu le scoutisme d’abord comme une façon d’être. Or, dès que l’on touche à quelque chose de l’ordre de l’être, on touche à la spiritualité. Dès les débuts du scoutisme, c’était très fort. Baden Powell a souhaité que le scoutisme soit une fraternité mondiale. Lui qui avait formé les jeunes à l’art de la guerre, il a voulu les initier à l’art de la paix. Au-delà des confessions, ils pouvaient ainsi se retrouver frères aux quatre coins du monde. Et nous ne pouvons pas nous sentir frères sans nous tenir sous le regard d’un père. Nous sommes tous créés, donc nous sommes tous liés. Baden Powell y voyait l’enjeu même de la paix. L’expérience phare, pour cela, a été le jamboree.
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Vous écrivez que « le scoutisme est une mystique qui nous fait deviner le cœur de Dieu ». Qu’entendez-vous par là ?
Le père Sevin était vraiment un pasteur d’âmes. Le scoutisme a rejoint ses intuitions et ce prêtre jésuite y a vu l’occasion de faire de la pastorale d’une autre manière. Il a su y déceler une mystique, une spiritualité. Il a même voulu fonder à un moment donné un ordre scout. La promesse, la loi, la tente, la route, le désert… Tous ces mots qui appartiennent au lexique du scoutisme, nous les retrouvons dans l’Ancien Testament. Éducation et spiritualité sont très mêlés. Dans l’Ancien Testament, le Seigneur guide son peuple, il est pédagogue. Dieu est scout, Dieu est lumière, Dieu est le chemin. La figure du Christ est centrale. Il incarne une spiritualité de l’itinérance, de la vie commune, de l’incarnation. Le prologue de Jean nous dit littéralement que le Verbe s’est fait chair et qu’il a “planté sa tente parmi nous”. Dieu a pris le risque d’entrer dans notre monde. Quand on plante sa tente dehors, on se met en danger. Ce risque, le Seigneur l’a pris le premier. À nous de le faire à notre tout pour nous-mêmes et pour les autres.
Jésus, le premier scout, par Xavier de Verchère, Éditions du Cerf, mars 2018, 12 euros
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