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« J’en veux plus », « J’aime pas ! », « C’est pas bon ! »… Ces expressions fort banales esquissent en réalité les prémisses d’une bataille dont nul ne sait, bien souvent, qui, du parent ou de l’enfant, en sortira vainqueur. Chaque parent a sans doute essayé maintes techniques, selon son humeur ou le temps imparti, sans jamais en être pleinement satisfait. La clé ne réside-t-elle pas dans le choix d’une seule méthode ? Celle qui inculque à l’enfant boudeur le respect. Respect de la nourriture, respect de la personne qui a cuisiné, respect des personnes qui ont contribué à ce qu’il ait quelque chose dans son assiette plutôt que rien. L’épineuse question de faire finir son assiette ou pas relève de ce grand défi de l’éducation qu’est l’éducation aux repas, et qui comprend également le respect des horaires, la tenue à table, et le fait de goûter de tout.
Le respect des horaires
Les repas sont l’occasion de partager un moment familial et d’apprendre les règles de la vie en société. Pour éviter que chaque repas ne devienne un calvaire pendant lequel on s’escrime plus à réprimander qu’à raconter sa journée, il est nécessaire que les règles soient énoncées clairement. La première règle pourrait être que les enfants doivent arriver à table au moment où leur père ou leur mère les appellent. Pour encourager l’enfant à arriver à l’heure, Bernadette Lemoine, psychologue et psychothérapeute, conseille, dans Petites phrases à leur dire pour les aider à grandir, de le prévenir en amont : « Dans cinq minutes, ce sera le moment de déjeuner ! ». Cela évite les hurlements de dernière minute pendant lesquels l’enfant range tranquillement sa poupée ou termine avec minutie une tour en Lego qui n’aurait pas pu attendre une demi-heure de plus avant d’avoir sa coupole. La psychologue fournit aussi quelques astuces : faire sonner une cloche cinq minutes avant le repas ou lancer, de temps en temps, des concours de rapidité.
La tenue à table
Une bonne tenue à table relève également du respect que l’enfant doit apprendre à entretenir vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis des autres convives. Se tenir correctement est une forme de respect. Pour y arriver, Bernadette Lemoine préconise d’être précis et concrets dans les remarques que les parents font à leur enfant. Il s’agit de lui montrer concrètement comment bien se tenir sur sa chaise, comment utiliser son couteau ou sa fourchette, comment manger des spaghettis, plutôt que de lui asséner : « Tu manges vraiment comme un cochon ! » La précision passera par des remarques telles que « ne mets pas tes coudes sur la table, ne te balance pas, fais moins de bruit en mangeant ta soupe », au lieu du simple et imprécis « Tiens-toi bien ! » Une astuce pour encourager l’enfant : décerner des médailles (de propreté, de bonne tenue…).
Goûter de tout
Les repas s’apaiseront si une des règles édictées à l’avance précise de goûter de tout, au moins un tout petit peu. « Tu as le droit de ne pas aimer mais tu n’as pas le droit de ne pas en goûter au moins un tout petit peu ! », engage à dire Bernadette Lemoine. Sens de l’effort, respect de la nourriture et des personnes, ouverture d’esprit, voilà ce à quoi contribue le fait de goûter de tout.
Terminer son assiette
Calme et fermeté sont les maîtres-mots définis par Bernadette Lemoine pour affronter cette rude épreuve qui consiste à demander à un enfant de finir son assiette quand il n’aime pas… Épreuve qui paraît simple lorsqu’elle est décrite, comme ça, noir sur blanc, mais qui peut se révéler ô combien épuisante et énervante lorsque le mouflet en question refuse d’ouvrir le bec. Il arrive qu’on passe par un bras de fer sans fin, par des arguments mielleux (selon lesquels la soupe ferait devenir grand, beau et fort, par exemple !), qu’on remplace finalement par un chantage (tu auras une Danette seulement si tu finis ta soupe !), mais au bout du compte, aucun moyen n’obtient le résultat escompté. Résultat, le parent crie, l’enfant hurle, tape du pied, se met dans tous ses états, adieu le repas paisible et convivial ! Et voilà qu’on craque : on lui refile sa Danette, tant pis pour la soupe, les vitamines et les muscles superpuissants, histoire d’avoir la paix.
Afin d’éviter ce genre de situation, Bernadette Lemoine conseille d’abord de prévenir l’enfant de l’heure à laquelle le repas sera terminé : « Quand l’aiguille sera sur le 8, le temps du dîner sera terminé. Tu mangeras demain ce que tu n’as pas fini aujourd’hui. » Calme. Ferme. Ne rien donner en remplacement, et effectivement, garder pour le repas suivant les restes du repas boudé. Il est important d’inculquer à l’enfant qu’on ne peut pas jeter la nourriture à la poubelle. Cependant, précise la psychologue, chaque parent doit s’adapter à l’enfant et lui demander un effort raisonnable. Un parent bien attentionné veillera donc à servir à sa progéniture de petites quantités, pour éviter d’avoir à le forcer de finir.