Association des écrits des 7 de l’Atlas
Soigner et contempler Dieu Brillant étudiant en médecine, Paul Dochier préfère la vie contemplative au confort du monde. Devenu moine, il préfère les montagnes du Maghreb et la terre d’Islam, découverte au cours de son service militaire, à la France chrétienne. Il choisit de prendre le nom de Luc, l’évangéliste qui, selon la tradition, était médecin.
Il rejoint la communauté de Tibhirine après la guerre. Perché dans les montagnes de l’Atlas,en Algérie, le monastère de Tibhirine dépend de l’abbaye cistercienne d’Aiguebelle où frère Luc a prononcé ses vœux en 1941. Il va servir toute sa vie sa double vocation, celle de soigner les malades et de contempler Dieu. Son dispensaire, qui prodigue gratuitement les soins à la population locale, va devenir la mission principale du monastère : “Situé au centre d’une population misérable, le geste de s’occuper de ceux qui sont malades, de ceux qui ont faim, est un geste évangélique, ecclésial et qui s’inscrit dans toute la tradition monastique” écrit Frère Luc dans sa correspondance.
Lire aussi : Moines de Tibhirine : le testament spirituel de Christian de Chergé Un saint à l’école des pauvres Attaché à son statut de frère convers, celui que la tradition monastique offrait aux moines incultes appelés aux tâches matérielles, frère Luc consacre sa vie au service des plus pauvres. Cinq jours par semaine, il est également le cuisinier de la fraternité. L’âge avancé et une santé fragile ne l’écartent jamais des plus démunis, parce que comme l’écrit l’auteur, “Les pauvres nous évangélisent. Frère Luc s’est mis à leur école, pendant plus d’un demi-siècle. Un saint homme tout entier consacré à ses frères et aux pauvres, un saint qui ressemble tellement au petit frère Charles de Foucauld !”.
Une confiance en Dieu face aux menaces « Pauvreté = incertitude = confiance » Voici l’un des enseignements les plus puissants de ce livre. La foi de frère Luc est telle qu’il y puise une confiance inébranlable en Dieu, celle qui lui permet de faire face aux épreuves, aux doutes, aux menaces de mort de plus en plus grandes.
Michael Lonsdale décrit les cinquante années mouvementées de la communauté. Elle est souvent touchée en son coeur par les événements violents qui secouent l’histoire du pays, dans sa lutte pour l’indépendance puis la guerre fratricide des années 1990, entre l’armée algérienne et les islamistes. La guerre dont frère Luc et six autres frères seront les victimes.
Lire aussi : Moines de Tibhirine : ce que disent les dernières expertises Une sagesse évangélique L’une des qualités essentielles de cet ouvrage, c’est la sagesse évangélique, la charité et la mystique de frère Luc que l’auteur nous fait découvrir. Michael Lonsdale illumine ses pages en citant de nombreuses notes écrites par le moine, notamment dans son missel. On comprend alors le parcours héroïque de frère Luc et de sa communauté, celui de la fidélité à l’appel qui, ici, ira jusqu’au martyre. “Et dire que, s’il n’y avait pas eu ce drame, nous n’aurions rien su d’une vie si dense, nous n’aurions jamais lu ses notes spirituelles…”
Nul doute que le lecteur recevra de ce témoignage la force d’être plus fidèle à son appel. Comme l’écrit Michael Lonsdale : “Il nous faut être à l’écoute, presque à l’affût de ce qui se passe autour de nous, et nous engager. Jusqu’au bout. Nous sommes tous appelés et chacun avance dans sa propre vocation. (…) Qui que nous soyons et quelque soit notre âge, à tout moment résonne en nous un appel, qui demande une réponse”.
Sa brillante interprétation du rôle de frère Luc lui a valu en 2011, le César de meilleur acteur dans un second rôle. La profondeur et l’humilité de sa foi offrent plus qu’une humble transparence au message de frère Luc. Elles révèlent entre le moine médecin et le comédien une émouvante ressemblance.
Découvrez les plus belles notes spirituelles de frère Luc, si certaines proviennent de sa correspondance avec ses proches, la plupart ont été trouvées écrites à la main dans son missel :