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Situés à 6 km de Damas, sous les décombres d’une ville fantôme, les quelques 32 kilomètres de tunnels de Jobar ont abrité pendant longtemps les rebelles de Daech. Désormais libérés, ils ont été transformés en un superbe musée de 80m2 avec de nombreuses sculptures. “Le lieu n’est pas anodin. Cette partie souterraine était le front de bataille d’où partaient les obus sur les civils le jour et devenait un lieu fantôme la nuit. Le bâtiment, situé au-dessus, était une école avant la guerre ; pendant sept ans il a été transformé en prison, un lieu de détention et de torture. Nous avons voulu le transformer en un lieu de vie et d’espoir avec nos sculptures”, raconte à Aleteia Mouhanad Moualla, militaire et sculpteur amateur et militaire qui a eu l’idée de ce projet un peu fou.
“Durant les longues nuits passées dans ces tunnels, j’ai sculpté deux petites œuvres. Je voulais rendre agréable cet espace cauchemardesque et montrer à quel point l’art est la vie, et que le militaire et le civil que je suis, peuvent, main dans la main, construire la Syrie de demain”, confie-t-il avec émotion. L’idée d’en faire quelque chose de plus important a ensuite germé avec son professeur Anas Katramiz et une partie des artistes amateurs de l’Institut de sculpture. “Nous voulions changer l’aspect terrorisant de Jobar, avec une équipe multiconfessionnelle pour montrer au monde entier le vrai sens de l’identité syrienne”, détaille Anas avec insistance.
Le sculpteur, témoin de son siècle
Une équipe de seize artistes, de toutes confessions confondues, amateurs et ou bénévoles, a pris en charge le travail, dans une ambiance conviviale en dépit des démolitions qui les entouraient. Pour eux, le sculpteur doit être le témoin de son siècle et doit raconter l’histoire.
Pour Amina, chimiste de formation, c’est une façon de se libérer du stress et de la peur engendrés par la guerre. “Quand j’ai vu Mouhanad, ce militaire infatigable qui sculpte pendant ses heures de repos, j’ai compris l’importance de mon travail”. Même Alaa, jeune commerçant dubitatif et craintif à propos de l’idée et du lieu choisi, s’est vite attaché au travail jusqu’à passer des journées entières dans les tunnels.
Quant à Zouhair, avocat et amateur de sculpture et de menuiserie, il a surtout apprécié le travail d’équipe. “Tout le monde mettait la main à la pâte sur une même sculpture, on était complémentaires”, souligne-t-il. Ils auront mis au total 25 jours pour réaliser ce projet. Un exploit !
Une sculpture en hommage
Une grande sculpture panoramique vient rendre hommage à toutes les personnes blessées ou mortes pour sauver le pays. C’est un hommage à la Syrie, à sa civilisation. Le visiteur peut distinguer Maaloula, Ugarit, la mère du martyre, l’arbre de la vie, la colombe, le croissant musulman et le Christ ressuscité.
“Ce travail est un exploit pour moi”, reprend Anas. “Ces amateurs sont devenus de vrais professionnels, et ensemble, nous avons créé l’association Aram dont le but, aujourd’hui, est de continuer à offrir à notre pays quelque chose de beau et de sensé ; de faire revivre l’art dans le cœur des jeunes syriens et de développer leur esprit créateur et artistique”.