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« On est toujours rattrapé par son histoire », cette affirmation un peu « banale », pourrait être celle qui ressemble le plus à Pascal Maguesyan, un homme pourtant loin d’être banal ! Né à Lyon d’un père d’origine arménienne et d’une mère marseillaise, il se passionne très jeune pour le journalisme et les voyages. Sans cesse attiré par cette région du monde qui a éradiqué le peuple de sa famille paternelle, il fait de nombreux séjours en Turquie et en Arménie où il tisse de fortes amitiés et apprend l’arménien. Parallèlement, il devient journaliste radio à RCF, et profite de ses reportages pour parcourir le monde et photographier les lieux et les hommes afin de « garder une trace ».
L’épique et les drames
Lors de ces voyages-enquêtes, il part notamment sur les traces de son grand-père paternel dont il ignore tout, ce qui le mène en Syrie et au Liban. « J’y découvre tout l’univers des chrétiens d’Orient, un univers si vaste, où se mêlent l’épique, l’onirique et les drames ». Un monde qui risque d’être englouti par toutes les secousses géopolitiques de ces régions. Pascal Magueysan est happé par ces cultures qui résonnent en lui, faisant écho à ses racines. Il en sortira un premier livre sur les chrétiens d’Orient en 2013.
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En juillet 2015, il décide de traverser, seul, la Turquie d’Est en Ouest, pour se rendre le 15 août à la cathédrale arménienne de Diyarbarkir, l’un des rares monuments arméniens encore existant — mais malheureusement détruit depuis — où était prévu pour la première fois depuis 90 ans, un grand pèlerinage. Mais un attentat-suicide, le 20 juillet, entraîne la remilitarisation de la région et oblige Pascal à mettre immédiatement fin à sa marche. Il rentre en France et écrit un second livre, portant sur ce voyage inachevé. C’est alors au tour de l’Irak de connaître les drames et Pascal prend conscience que si personne ne fait rien, il se passera la même chose qu’en Arménie. Tout un patrimoine sera détruit.
Recenser le patrimoine pour les sauver
Pascal Maguesyan passe alors à l’action et élabore un projet novateur : un site internet participatif pour répertorier le patrimoine irakien. En 2016, il se rapproche de la Fondation Saint-Irénée et de son directeur, Étienne Piquet-Gauthier, à qui il propose cette idée, qui va être élargie aux patrimoines de toutes les minorités irakiennes. Le site internet Mesopotamia Heritage est né, offrant à Pascal un « boulot sur mesure » où il peut partager son goût pour les autres et la sauvegarde du patrimoine.
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Sur le site, une cinquantaine de monuments ont déjà été répertoriée avec des cartes, des plans, des photos, des commentaires de riverains etc. « Au patrimoine, il fallait ajouter les pierres vivantes, les hommes, en les faisant témoigner et participer à ces travaux de recensement », explique Pascal qui aime avant tout mettre les gens en contact. Avec déjà douze voyages en Irak depuis avril 2017 — il a obtenu un visa permanent —, il est en train de lancer sur place un réseau de correspondants patrimoine et emmène régulièrement des journalistes de KTO pour faire des émissions dédiées. Être un pont entre les cultures, entre la rive orientale et la rive occidentale, voilà le rêve de Pascal Maguesyan, un rêve qu’il met en œuvre au quotidien.