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Magique, extraordinaire, étoiles dans les yeux, papillons dans le ventre, coup de foudre, intense et inexplicable. Marie et Édouard n’ont pas de mots assez forts pour décrire leur relation. Cependant, deux ans après, ils sont chez un conseiller conjugal pour chercher à sortir de leurs disputes à répétition et comprendre ce qui s’est passé. Comment en sont-ils arrivés là alors qu’au début leur amour était juste une évidence ? Comment expliquer un tel décalage ? Sont-ils passés à côté de quelque chose ?
Le cas de Marie et d’Édouard est loin d’être unique. La société véhicule l’idée que pour qu’un couple réussisse la relation doit être magique, hors du commun et émotionnellement au top, sans tâche ni ride. Les ouvrages de psychologues se multiplient pour vous indiquer comment réussir votre couple en dix leçons en restant séduisant et attractif. Et si la longévité d’un couple se trouvait ailleurs ? N’est-ce pas précisément parce que l’on demande trop à la relation amoureuse que celle-ci est mise en danger et que les époux se découragent ?
Au cœur de ces noces, il y a un manque
Parmi le top dix des Évangiles de mariage se trouve le récit des noces de Cana. Quand sur les huit mariages de l’été on a entendu sept fois cet Évangile, il peut y avoir une certaine lassitude. Et pourtant… Pourtant les fiancés, et l’auditeur distrait, sont loin de se douter que cet Évangile est une vraie bonne nouvelle pour le couple. En effet au cœur de ces noces, il y a un manque : “Ils n’ont pas de vin” (Jn 2, 2). Cela veut dire qu’au cœur de ce mariage qui a lieu à Cana, comme de tout mariage, il y a un manque et c’est ce manque qui est le secret du couple.
C’est parce que j’accepte que l’autre ne me comble pas que la relation reste dynamique, en attente d’une plénitude qui, nous le savons, ne sera pas de ce monde. Le psalmiste vient éclairer cette réalité humaine lorsqu’il déclare : “l’homme comblé ne dure pas” (Ps 48, 13). Non seulement l’homme mais le couple, toute réalité humaine pour durer doit passer par le creuset de l’accueil de la pauvreté de chacun, de ses limites, de ses manques et même de son péché. L’acceptation de notre finitude est la condition pour que toute relation durable, en particulier le mariage, puisse s’ancrer dans un voyage au long cours.
Le couple est l’union de deux pauvres
Le couple, c’est l’union de deux pauvres ! Accepter de vivre une certaine indigence et incomplétude dans la relation amoureuse fait partie des conditions pour traverser paisiblement la vie commune. C’est là qu’intervient le discernement. Avec quelle pauvreté puis-je vivre ? Qu’est-ce qui ne m’est pas possible d’accepter et qui me sera intolérable ? Difficile de répondre à cette question surtout au début d’une relation amoureuse.
L’erreur classique est de croire que l’autre va changer et ce que j’identifie aujourd’hui comme des manques vont progressivement s’estomper. Après le mariage ça ira mieux ! La grâce du sacrement peut tout ! Avec les enfants il deviendra responsable ! Bref on se rassure comme on peut mais c’est bien souvent à tort. Si l’on change, c’est à la marge et nos qualités comme nos défauts s’épaississent avec le temps.
Le discernement doit se faire avec l’autre tel qu’il est aujourd’hui. C’est le sens de cette belle formule de l’échange des consentements. “Je te reçois (telle que tu es) et je me donne à toi (tel que je suis)”. Suis-je capable de vivre avec une personne toujours en retard ou qui veut tout contrôler car très anxieuse ? Et si l’autre est colérique voire violent ?
Vivre avec une personne charismatique n’est guère plus simple. Il suffit qu’il rentre dans la salle pour capter toute la lumière et me laisser dans l’ombre. C’est donc au cas par cas qu’il faudra discerner. Le temps passé ensemble permet de découvrir les caractères tout en évitant avec les années de reprocher à l’autre ce qui nous a séduit.
Ce manque que seul Dieu peut combler
Le manque, s’il est frustrant et agaçant, est aussi structurant comme toute limite humaine. Au plan spirituel, ce manque restera le lieu que seul Dieu peut occuper dans le couple et qui poussera les époux à se tourner ensemble vers Celui qui est le Tout Autre. C’est l’accueil de l’altérité avec un grand A, celle de la transcendance, qui permet de recevoir dans la modestie et la patience l’altérité avec un petit a.
Sortis de la crise, Marie et Édouard ont renouvelé les promesses de leur mariage. Au traditionnel dialogue entre le prêtre et les fiancés, j’ai rajouté une question : Acceptez-vous de passer ensemble par le creuset de la Béatitude des pauvres pour recevoir aujourd’hui le Royaume de Dieu ? “Oui nous le voulons”.
Pratique