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Découvrir la prière de délivrance autrement

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Sœur Magali Raoul - publié le 12/04/19

La prière de délivrance vise à être libérée des liens spirituels contractés au travers des blessures du passé, de type plutôt psychologique, mais aussi des pratiques occultes, des péchés graves non confessés, des refus de pardonner. Autant de portes ouvertes au démon qui ont besoin d’être refermées.

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Tentez l’expérience : faites silence en vous quelques instants et écoutez ce qui vous vient à l’esprit. Il y a fort à parier que ce qui vous habite profondément exprime plutôt une peur de l’avenir, une image négative de vous-mêmes, une colère rentrée contre quelqu’un qui vous a fait du mal, que le sentiment de liberté des enfants de Dieu. Les pensées qui nous parasitent, les actes destructeurs que nous posons contre nous-mêmes ou ceux qui nous entourent, les addictions contre lesquelles nous luttons pauvrement, tout cela fait obstacle à la réception du plus grand cadeau que Dieu veut nous faire : la vie libre en son Fils Jésus Christ. Celui-ci annonce très clairement sa mission : « Le Seigneur m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance » (Lc 4,18).

Qu’est-ce que la délivrance ?

Comment comprendre ces paroles aujourd’hui ? Qu’est-ce que la délivrance ? Le mot évoque tout un imaginaire effrayant : manifestations démoniaques, cris, violence, têtes qui tournent. Or, on assiste depuis quelques années à un véritable renouveau de la prière de délivrance. Elle est un des outils pour mener le combat spirituel commun à tous les croyants.


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S’appuyant sur sa pratique habituelle de cette forme de prière et sur l’expérience de nombreux autres acteurs, exorcistes, prêtres, pasteurs et laïcs, la Communauté du Chemin Neuf a organisé un colloque sur le sujet il y a quelques mois. Il s’agissait de partager des expériences pastorales, mais aussi de préciser ce qu’est la prière de délivrance au plan théologique. 400 personnes venues du monde entier et de différentes confessions chrétiennes ont pu écouter une vingtaine d’intervenants dont Mgr Hervé Gosselin, évêque accompagnateur du Renouveau charismatique, et Mgr Guy de Kérimel, évêque responsable du Bureau des exorcistes. Il en est ressorti un livre, Tu as rompu mes liens. Pourquoi et comment prier pour la délivrance ? (Éd. du Cerf).

Le sens théologique du lien spirituel

Parler de délivrance, c’est d’abord reconnaître qu’il y a un combat spirituel, un ennemi qui s’oppose au plan divin du salut pour chaque homme. Oui, le diable existe, mais il ne peut rien faire si nous ne lui offrons pas une prise dans notre vie. Aussi, la prière de délivrance vise d’abord à identifier les portes qui ont pu être ouvertes à l’adversaire, au travers des blessures de l’histoire, de type plutôt psychologique, mais aussi des pratiques occultes, des péchés graves non confessés, des refus de pardonner, etc.



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La réflexion sur la prière de délivrance ne peut pas faire l’économie d’un travail sur le sens théologique du « lien spirituel », cette forme d’influence démoniaque qui peut contraindre la volonté : comment le situer par rapport au péché, dans lequel l’adversaire n’a qu’un rôle de tentateur ? Comment faire la distinction entre le lien et la possession démoniaque, elle-même très rare, dans laquelle la personne a perdu la possibilité de lutter par elle-même contre l’influence de l’adversaire ? La vision de l’homme qui ressort de cette définition du lien spirituel est celle d’un homme responsable, qui peut renoncer à ce qui l’éloigne de sa vocation profonde et de l’amour de Dieu. La prière de délivrance prend des formes variées, mais deux éléments paraissent incontournables : un acte de renonciation qui brise le pouvoir que l’adversaire a pu prendre dans la vie de la personne au travers des différentes portes d’entrée qui ont pu être ouvertes ; et une parole d’autorité, prononcée par un tiers, signe de la dimension ecclésiale où se vit la délivrance à la suite du Christ.

Prier pour d’autres, en pratique

Plus concrètement, la réflexion sur la prière de délivrance amène aussi à se demander qui peut prier, et sous quelles modalités, en particulier préciser comment ce type de prière peut s’articuler avec d’autres types d’accompagnement comme le sacrement de la réconciliation, l’accompagnement spirituel ou bien encore la psychothérapie. D’autres questions pratiques émergent, que ce soit de la part de personnes qui ont déjà un ministère de prière pour la délivrance, ou bien de celles qui sont en situation d’écoute pastorale et qui sentent le besoin d’aller plus loin. Par exemple : peut-on prier pour des enfants ? Pour des ados ? Comment intégrer la prière de délivrance dans la vie d’une paroisse ? Que faire quand la prière semble avoir échoué ? Peut-on prier pour des personnes psychologiquement ?


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En définitive, la prière de délivrance est un excellent outil à proposer aux chrétiens pour avancer dans leur vie à la suite du Christ, et elle est aussi un excellent moyen d’évangélisation. En effet, le monde a besoin d’une parole de libération, et il a besoin que cette parole soit rapportée au plus près de l’existence de chacun.

Tu as rompu mes liens
© Cerf

Tu as rompu mes liens. Pourquoi et comment prier pour la délivrance ? Magali Raoul, Pierre-Louis Tulasne et Blandine Lagrut (dir.), Cerf, 2019, 372 pages, 20 euros

Tags:
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