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Une clinique de la fertilité en Grèce vient d’annoncer la naissance de son premier bébé conçu par une méthode très contestée, la FIV à 3 parents. Souhaitons de tout cœur que ce bébé se porte bien, mais réalisons que ce faire-part atypique, lancé sur les ondes du monde comme si de rien n’était, est loin d’être une bonne nouvelle. Un être humain a été fabriqué de toutes pièces en laboratoire, et pas « à l’ancienne » avec juste deux parents — le spermatozoïde de papa et l’ovocyte de maman — mais avec une pièce rapportée, l’ovule d’une autre femme.
Acharnement procréatif
Cette « naissance technique » a tenté de se camoufler derrière un apparat : éviter la transmission d’une maladie rare. Argument fallacieux et poudre aux yeux : le réel marché tapi derrière est bel et bien celui de la procréation artificielle et de l’enfant à tout prix.
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Nous sommes ici devant un fait avéré d’acharnement procréatif. Le responsable, le Dr Panagiotis Psathas, affirme carrément qu’il y aurait un « droit inaliénable d’une femme de devenir mère avec son propre matériel génétique ». C’est pour défendre cette idée et ce désir qu’il a orienté sa clinique de fertilité vers la FIV-3 parents. Trouver des couples prêts à tout pour la tester n’a pas été difficile. La jeune maman qui s’est prêtée à l’expérience souffre d’infertilité et a subi plusieurs échecs de fécondation in vitro. Dans ces situations douloureuses, la tentation de surenchère technicienne est forte pour des apprentis sorciers qui n’hésitent pas à exploiter le puissant désir d’enfant. Les risques pour la santé future du bébé sont occultés ou passés au second plan, le mirage d’une possible grossesse balaye toute réflexion sur son passage et rafle le consentement de ceux qui se rêvent déjà parents.
L’ovule maternel : un rôle époustouflant
L’utopie défendue est la suivante : utilisons des femmes jeunes, prenons leurs ovules, jetons leurs chromosomes, introduisons-y ceux de la femme qui souhaite transmettre ses gènes et puis procédons à la fécondation. Cette méthode, au fond, considère l’ovule comme un simple sac à main, interchangeable. Cette vision simpliste, très éloignée de l’admirable complexité du réel, est une triste régression qui nie les magnifiques apports et connaissances de la biologie et de l’embryologie humaines. L’ovule est au contraire un précieux, unique et mystérieux écosystème maternel qui héberge une réserve nourricière essentielle, spécifique et affilié à l’embryon concerné qui est « issu de lui ». Lorsqu’un embryon est conçu, il se développe et ses cellules se multiplient, mais le premier chef d’orchestre n’est pas d’abord l’ADN de ce nouvel être humain. Le programme a été préétabli par l’ovule maternel lui-même qui fournit tous les éléments dont l’embryon a besoin : c’est ce qu’on appelle la « contribution maternelle ». C’est seulement après plusieurs jours de développement que l’embryon prend les commandes et devient son propre architecte. Ainsi, loin d’être anodine, le rôle de l’ovule est époustouflant. C’est quand même à partir de cette première cellule que se développe l’organisme tout entier ! Or, la FIV-3 parents coupe ce lien. L’habitat de l’embryon a été créé sous commande de l’ADN d’une autre femme, avec laquelle cet embryon ne partage aucun patrimoine génétique commun.
Bébé OGM
Relevons que chez ces bébés conçus avec le matériel génétique de trois personnes, 1% de leur génome vient de l’autre femme. La totalité de leurs cellules contiennent des mitochondries « étrangères », issues de l’ovocyte de la donneuse et porteuses de son ADN. Ce bricolage procréatif qui promet un bébé biologique échoue ! Ce bébé n’est pas « si bio que ça », c’est un bébé OGM. Impossible de prévoir l’impact de telles modifications, héréditaires qui plus est, sur la santé et le développement de ces bébés, tests grandeurs nature, cobayes et otages de leur propre conception. Dans un contexte d’eugénisme croissant, où embryons et fœtus sont de plus en plus triés derrière le mythe du bébé parfait, constater de telles prises de risques a de quoi surprendre !
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Mêmes incohérences autour du lien génétique. D’un côté, surdimensionner son importance aboutit à cette folle FIV-3 parents. De l’autre, celui de la PMA pour toutes, l’amputation délibérée des origines paternelles d’un enfant né de sperme inconnu est comme balayée d’un revers de bras. Côté GPA, c’est Marc-Olivier Fogiel qui nous dira : « Ce n’est pas la génétique qui m’a fait père, c’est le désir. »
La tentation de la toute-puissance
Incohérences ? Sauf à réaliser que tout cela procède de la même tentation de toute-puissance, de mainmise sur la vie, qui conduisent à ces caprices modernes : la création de bébés à l’aune des désirs individuels, quel qu’en soit le prix à payer… par l’enfant lui-même. Le temps est venu de défendre, pour les générations futures, un droit à un héritage génétique non modifié et de rappeler que plus que donner la vie à un enfant, on le donne à sa vie. Cette Vie qui nous appelle au courage de la servir sans jamais l’asservir.