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Saint François de Laval, père de l’Église du Canada

FRANÇOIS DE LAVAL

Public Domain

Jacques Gauthier - publié le 05/05/19 - mis à jour le 03/05/23

Le 6 mai, l'Église universelle fête saint François de Laval, grâce au pape François qui l'a déclaré saint le 3 avril 2014 avec la religieuse ursuline Marie de l'Incarnation.

Le 3 avril 2014, le pape François canonisait Saint François de Laval. La canonisation a été faite durant le 350e anniversaire de la fondation de Notre-Dame de Québec, première paroisse en Amérique au nord du Mexique et des colonies espagnoles. À cette époque, le diocèse de François de Laval s’étendait de Québec à l’Acadie, jusqu’à la Louisiane. L’évêque bâtisseur, considéré comme le père de l’Église du Canada, a tout donné pour que son diocèse se développe. Aujourd’hui, 200 évêques se partagent cet immense territoire.

L’homme de la grande affaire

François de Laval compte parmi les personnages illustres qui ont marqué l’histoire du Québec. Les Hurons le surnommaient : “L’homme de la grande affaire”. Né le 30 avril 1623 à Montigny-sur-Avre dans le diocèse de Chartres, il fait partie d’une grande famille de la noblesse française. Son père est un descendant du baron de Montmorency. François hérite du titre familial à la mort de celui-ci. Il renonce à ces honneurs pour se donner à la mission qu’il discerne au Collège des Jésuites à La Flèche.

À quatorze ans, François est accepté dans la Congrégation mariale du Collège de La Flèche où il s’initie à la vie spirituelle. C’est là qu’il est sensibilisé aux missions en Nouvelle-France. Il fait sa théologie à Paris au Collège de Clermont jusqu’en 1645. Il entre dans l’Assemblée des amis de Louis XIV. Le 1er mai 1647, il est ordonné prêtre à l’âge de vingt-quatre ans. Il travaille à Paris auprès des malades et instruit les enfants abandonnés.

Il poursuit ses études pour obtenir la licence en droit canonique en 1649. Les membres de l’Assemblée des amis de Louis XIV décident de vivre en commun. Le laïc Jean de Bernières, mystique reconnu de son temps, l’influence beaucoup. Il l’encourage à évangéliser les pays lointains. François séjournera dans son ermitage à Caen jusqu’en 1658.

François de Laval est pressenti pour les missions du Tonkin, mais par la suite il accepte de se donner à la Nouvelle-France. Le 8 décembre 1658, à trente-cinq ans, c’est la consécration épiscopale à Saint-Germain-des-Prés de Paris comme Vicaire apostolique en Nouvelle-France. Le roi Louis XIV transmet la requête au Souverain Pontife, en écrivant ceci : « Nous voulons que le sieur de Laval, évêque de Pétrée, soit reconnu par tous nos sujets dans la Nouvelle-France, pour y faire les fonctions épiscopales. »

L’homme de la mission

Parti de La Rochelle le jour de Pâques 1659, le navire, au titre prophétique “Le sacrifice d’Abraham”, arrive à Québec deux mois plus tard. La colonie compte environ 700 habitants. En 1660, Mgr de Laval effectue la visite générale de Québec jusqu’à Montréal. Il voyage à pied, en canot ou en raquettes l’hiver. Il prend conscience des besoins des colons au même titre que les dirigeants, des Amérindiens comme des Français. Il s’intéresse beaucoup aux fondations des Jésuites. Il écrit ce qui sera sa marque de commerce : “Il faut se faire aimer par sa douceur, sa patience et sa charité”.

François de Laval prêche par l’exemple et se montre très cohérent avec l’Évangile. Il cherche à ce que ses actes ne démentent pas ses paroles. Il veut le bien de son peuple. Il constate les effets désastreux de l’eau-de-vie sur ceux qu’on appelait à l’époque « les sauvages ». Ces boissons alcoolisées sont importées de France et échangées contre des fourrures. L’évêque missionnaire en fera un combat permanent.

En 1664, c’est l’érection de la Paroisse de Québec sous le titre de l’Immaculée Conception. François de Laval fonde le Séminaire de Québec pour former les futurs prêtres. Il le rattache à celui des Missions Étrangères de Paris, afin de favoriser la venue de prêtres pour travailler dans les coins les plus reculés de l’Amérique française. Cette institution fera un bien immense dans tout le pays, formant également des professeurs, des chefs politiques et religieux.

Le 9 octobre 1668, Mgr de Laval fonde le Petit Séminaire de Québec, lointain ancêtre de l’Université Laval. Dans la foulée des orientations du Concile de Trente, il est convaincu que l’Église n’a pas seulement la charge d’évangéliser, mais elle doit aussi s’occuper des maisons d’enseignements, des hôpitaux et des plus pauvres. Il porte en lui la vision d’une Église renouvelée. Il soutient les Jésuites et les Ursulines pour l’éducation, les Augustines pour la santé, l’œuvre de Marguerite Bourgeoys et de Jeanne Mance à Montréal.

Infatigable au travail

Le vicariat apostolique de Québec devient un diocèse en 1674. Il contient environ 2000 habitants dispersés entre trois centres : Québec, Trois-Rivières et Montréal. L’évêque soutient les missions du Mississipi et de l’Acadie Il cherche sans cesse du financement auprès de Louis XIV et d’autres pour mettre sur pied des infrastructures économiques, éducatives et sociales qui assureront l’implantation des colons et l’épanouissement des jeunes communautés. À cet effet, il fonde l’école de la Grande Ferme pour les travailleurs artisans. En bon administrateur, il développe avec succès la Côte-de-Beaupré.

Marie de l’Incarnation, supérieure du monastère des Ursulines, arrivée à Québec depuis vingt ans, livre ses impressions à son fils, dom Claude Martin, dans une lettre datée du 17 septembre 1660 :

“Il est infatigable au travail ; c’est bien l’homme du monde le plus austère et le plus détaché des biens de ce monde. Il donne tout et vit en pauvre; et l’on peut dire avec vérité qu’il a l’esprit de pauvreté. Ce n’est pas lui qui se fera des amis pour s’avancer et pour accroître son revenu; il est mort à tout cela.”

François de Laval a laissé peu d’écrits spirituels, contrairement à Marie de l’Incarnation qui vivait à deux pas de chez lui au monastère des Ursulines. Elle écrira à son fils que Mgr de Laval était parvenu à un “sublime degré d’oraison”. Il a livré peu de choses sur son expérience intérieure, si ce n’est quelques lettres, comme les cinq qui nous restent de sa correspondance avec l’archidiacre d’Évreux, Henri-Marie Boudon. Il lui écrit le 6 novembre 1677, dans le style du XVIIe siècle :

“Tout ce que la main de Dieu fait nous sert admirablement, quoique nous n’en voyions pas sitôt les effets. Il y a bien des années que la Providence conduit cette Église, et nous par conséquent, par des voies fort pénibles et crucifiantes tant pour le spirituel que pour le temporel. Pourvu que sa sainte volonté soit faite, il ne nous importe. Il me semble que c’est toute ma paix, mon bonheur en cette vie que de ne [vouloir] point d’autre paradis. C’est le royaume de Dieu qui est au-dedans de l’âme qui fait notre centre et notre tout”.

L’homme de foi

Le prélat croit que les missionnaires détiennent l’emploi le plus important dans l’Église. Mais pour être à la hauteur d’une telle mission et se rendre dignes d’être des instruments de Dieu, ils doivent se perfectionner dans toutes les vertus. Dans une instruction qu’il adresse aux prêtres Claude Trouvé et François de Salagnac, en mission aux Iroquois situés au nord du lac Ontario, il écrit un petit guide du missionnaire. C’est ce qu’il vit. En voici les grandes lignes :

“Qu’ils tâchent d’éviter deux extrémités qui sont à craindre en ceux qui s’appliquent à la conversion des âmes: de trop espérer ou de trop désespérer. Ceux qui espèrent trop sont souvent les premiers à désespérer de tout à la vue des grandes difficultés qui se trouvent dans l’entreprise de la conversion des infidèles, qui est plutôt l’ouvrage de Dieu que de l’industrie des hommes. Qu’ils se souviennent que la semence de la parole de Dieu porte son fruit dans la patience…”

“La langue est nécessaire pour agir avec les Sauvages ; c’est toutefois une des moindres parties d’un bon missionnaire, de même que dans la France, de bien parler français n’est pas ce qui fait prêcher avec fruit. Les talents qui font les bons missionnaires, sont : Être rempli de l’Esprit de Dieu. Cet esprit doit animer nos paroles et nos cœurs. Avoir une grande prudence pour le choix et l’ordre des choses qu’il faut faire…”

Affaibli et fatigué, François de Laval démissionne de son poste d’évêque en 1685. Mgr de Saint-Vallier, nommé vicaire général, visite le diocèse l’année suivante. Il a quelques démêlés avec Mgr de Laval au sujet du séminaire de Québec. Celui-ci se rend compte que son successeur veut modifier profondément l’organisation de l’Église canadienne et de son cher séminaire. Il tente de lui faire changer d’avis, mais il doit accepter dans la foi, non sans douleur.

L’abbé de Saint-Vallier est consacré évêque le 25 janvier 1688. Mgr de Laval devient Mgr l’Ancien. Pendant qu’il est en France, il obtient l’autorisation de retourner à Québec en faisant la promesse de ne pas causer d’embarras au nouvel évêque. Il arrive le 3 juin, à la grande joie des colons. Depuis le début de son ministère en 1659, le nombre de paroisses est passé de cinq à 35. Alors qu’il n’y avait que 24 prêtres, il y en a maintenant 102 ; les religieuses sont passées de 32 à 97. La population de son diocèse est d’environ 16 000 personnes.

Article tiré du blogue de Jacques Gauthier.

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