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Alors que la parole se libère sur beaucoup de sujets, l’éducation à la vie affective et sexuelle des jeunes et adolescents reste un véritable défi aujourd’hui. Parler de sexe ? De vie affective ? D’amour ? Nous avons là beaucoup d’expressions délicates à cerner, ce qui ne facilite pas la façon de l’évoquer avec les jeunes. L’adolescence, c’est ce temps de passage vers l’âge adulte, un temps de construction. On n’est pas adulte le jour de ses 18 ans, mais bien quand on devient capable d’être responsable de soi-même, de ce que l’on fait, des décisions et des choix que l’on pose et surtout d’assumer les conséquences qui en découlent.
Adultes, osez former les jeunes !
Pour les parents, l’éducation à la vie affective et sexuelle de leurs enfants est une mission qui leur échoit en premier. C’est aussi un enjeu très personnel. Chaque parent ayant un parcours qui lui est spécifique, il peut se retrouver face à une contradiction entre ce qu’il a vécu, ou qu’il vit encore, et la pédagogie ou l’idéal qu’il cherche pour son enfant. Il peut alors être tenté de théoriser, voire de moraliser, ou à l’inverse d’éviter de s’engager trop personnellement. Même si c’est difficile, mieux vaut aborder le sujet trop tôt que trop tard, et même trop tard que jamais.
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De fait, certains parents préfèrent qu’une tierce personne puisse intervenir auprès des jeunes sur ce sujet, sans pour autant signer un « chèque en blanc ». Pour cela, l’intervenant ne doit être « ni prof » pour ne pas interférer avec les missions de formation et d’éducation, « ni pote » pour se mettre réellement au service des jeunes sans tomber dans l’ornière d’ériger sa propre vie comme référence, « ni parent » pour ne pas enlever à ces derniers leur mission d’éducateur. En résumé, il faut tâcher de créer une juste distance pour une action « pro-active » qui ne laisse de place ni au militantisme ni au laisser-faire général. On est ici sur une ligne de crête. Cependant, pourquoi laisser aux autres cette noble tâche ? Il convient que chacun se pose la question de se former, en particulier les pères de famille, les garçons ayant particulièrement besoin d’écouter la voix de ceux qui ont été adolescents avant eux.
Pour les jeunes, trouver le bon chemin
À la puberté, le changement le plus visible, c’est ce corps d’enfant qui devient celui d’un adulte. Très vite le jeune garçon ou la jeune fille découvrira qu’il a cette capacité incroyable de transmettre la vie, sans pour autant être prêt à assumer une paternité ou une maternité. Ceci alors même que la transmission de la vie tend à être maîtrisée par la technique au détriment de la spontanéité de l’amour physique.
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C’est aussi une période où le cerveau s’organise. Durant celle-ci, ce qui est appris le sera plus facilement que par la suite et restera acquis pour longtemps. Intelligence et esprit sont particulièrement malléables et aussi exposés à beaucoup de sollicitations externes, pas toujours structurées ni cohérentes, sans que les jeunes y aient été particulièrement préparés. D’où l’importance d’être en mesure de répondre à leurs questions pour les aider à réfléchir. Ce temps d’accompagnement de la réflexion est primordial : bien souvent, le jeune a tout en lui et a juste besoin d’aide pour structurer sa réflexion, et non pas de recevoir des solutions « toutes faites ».
Il s’agit d’une période privilégiée pour vivre de vraies amitiés bien réelles sans se limiter aux relations virtuelles des réseaux sociaux, pour réfléchir et comprendre la différence entre amitié et amour, pour distinguer l’élan du sentiment amoureux de la volonté d’aimer, cette dernière impliquant un engagement. Tout ceci alors que les opportunités et les influences externes, en particulier celle des groupes de jeunes, peuvent faire basculer vers des comportements addictifs tels que la drogue, l’alcool ou la pornographie.
Redonner du temps pour l’apprentissage et l’approfondissement
Tout parent souhaite que ses enfants réussissent dans la vie. Parfois, ce désir de réussite se résume au bulletin de note, à la première place du podium d’une compétition sportive, ou encore à une « bonne » formation débouchant sur une « bonne » situation. Ce culte de la performance les rendra-t-il vraiment heureux ? Il convient alors d’utiliser un langage positif et encourageant qui favorisera le développement de l’estime de soi : par exemple, oser dire aux garçons « vous êtes beaux » et aux filles « vous êtes belles ». Et quand ils ont une mauvaise note, ne pas leur dire qu’ils sont nuls mais que c’est le devoir qui est raté. C’est une simple nuance mais qui est de taille.
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Il s’agit de respecter le jeune et ne pas le culpabiliser : si par exemple il a été confronté à de la pornographie bien malgré lui, il est alors victime. L’aider à comprendre cela le rassurera et l’aidera à être capable de dire non si l’occasion se reproduit. Aidons-le à développer son savoir-être plutôt qu’une morale. Trouvons le juste équilibre entre les interdits que le jeune cherchera à transgresser et le laxisme général où tout est permis. Bref, il convient tout simplement fixer des limites, les bonnes limites.
Se mettre dans la perspective des jeunes et leur redonner de la liberté
La recherche du bonheur ne consiste pas forcément à attaquer une face nord sans préparation. On peut également emprunter un sentier plus progressif et moins abrupt. Cela reste à ajuster en fonction de chacun, mais dans les deux cas, il s’agit de ne pas s’arrêter en chemin. Il est important de rappeler aux jeunes qu’il ont la liberté de choisir, de dire « oui » ou de dire « non », de leur donner des clés pour qu’ils puissent comprendre et poser des choix libres et en conscience dans leurs milieux de vie. « Je crois en toi », « j’espère en toi », « je t’aime » : ces mots, le jeune a besoin de les entendre pour être heureux.
Réhabiliter l’éducation affective et sexuelle, La Société du bien commun n° 2, Éd. du bien commun, octobre 2018.