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Parmi mes lectures estivales, j’aimerais partager avec vous celle du livre Le sel de la terre. Paru en 1996, Mgr Ratzinger, futur pape Benoit XVI, y échange avec le journaliste allemand Peter Seewald sur les thèmes religieux les plus fondamentaux. C’est la réponse à la dernière question du livre qui m’a le plus marqué, lorsque le cardinal est interrogé sur ce qu’est le vrai sens de la vie : « L’homme est sur la terre pour apprendre à aimer, apprendre à servir », dit-il.
C’est profondément simple et vrai ! Ce qui définit l’homme en tant que tel, c’est sa capacité d’aimer et de servir. Les fourmis, elles aussi, peuvent construire des maisons. Les ours dansants, eux aussi, peuvent être célèbres dans le monde entier. Les écureuils peuvent épargner et accumuler. Les fleurs peuvent être belles, et les éléphants peuvent être forts. Même avoir des enfants est donné à tous les animaux. En revanche, l’homme seul a la capacité d’aimer, d’accueillir et de se donner librement.
“La caractéristique la plus particulière de Dieu, c’est sa capacité de se donner et d’accueillir. Dieu est par identité “don-de-soi”. Il ne peut pas faire autrement que se donner et accueillir.”
Pour comprendre l’homme, il faut d’abord regarder son Créateur. Selon Jean Paul II, l’essence de Dieu n’est pas en premier lieu sa toute puissance, ni même son omni-science. La caractéristique la plus particulière de Dieu, c’est sa capacité de se donner et d’accueillir. Pour le Pape, Dieu est par identité don-de-soi. Il ne peut pas faire autrement que se donner et accueillir. L’univers entier est comme le débordement de ce don-de-soi. Tout en Dieu dit : « Je te reçois et je me donne à toi ». Même si nous avons mal agi.
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En conséquence, l’homme qui est créé à l’image de Dieu, devient lui-même dans la mesure qu’il devient, lui aussi, un don-de-soi. L’identité de l’homme est donc, comme pour Dieu : “Je te reçois et je me donne à toi”. C’est pour cela que Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Mais attention ! Dieu ne le dit pas parce que l’homme aurait besoin d’un autre pour briser sa solitude, mais parce que l’homme a besoin d’un autre pour apprendre à se donner, pour apprendre à accueillir, à être un don-de-soi, précisément parce que les besoins de l’autre sont si souvent différents des siens.
Le conjoint, un cadeau pour apprendre à aimer
Si nous transposons cette identité humaine dans la vie de couple, nous pourrions l’exprimer ainsi : « En premier lieu, mon besoin de toi ne provient pas de ma crainte de rester seul. Tu es tout d’abord un cadeau pour moi, parce que grâce a toi je vais pouvoir continuer d’apprendre à aimer, à servir, à me donner, à accueillir ». Petite idée, grandes conséquences ! Cette vérité, il faut d’abord l’accueillir, la digérer lentement en la laissant travailler dans notre cœur. Il y a, au fond de nous, une petite voix qui reconnaît immédiatement la vérité de cette proposition.
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L’autre jour à l’aéroport j’ai vu un ami qui rentrait d’un long voyage. Il me disait : « Paul, je suis tellement épuisé, j’ai vraiment besoin de rentrer chez moi pour profiter de ma femme et de mes enfants ». Alors j’ai osé lui demander s’il pourrait aussi reformuler son besoin en disant : « Paul, je suis tellement épuisé, j’ai vraiment besoin de rentrer chez moi pour me donner à ma femme et à mes enfants » ? Cela l’a un peu surpris, mais il m’a très vite répondu : « Tu sais quoi, j’aimerais vraiment arriver à dire ça un jour, car c’est tellement plus beau ! »
Accueillir l’autre radicalement
Et mon ami a bien raison. Les héros des films comme Brave Heart ou Le Seigneur des Anneaux nous touchent tellement parce qu’ils se donnent sans compter. Ils accueillent l’autre radicalement. C’est vrai, nous ne sommes pas toujours des héros en pleine forme. Mais essayons quand-même de nous poser cette question : « Comment pourrais-je être aujourd’hui un don pour mon conjoint ? », « Suis-je un don pour mes parents, pour mes frères et sœurs, pour mes collègues ? ».
“Dieu voudrait tellement rendre heureux votre aimé(e) à travers vos paroles, vos regards, vos gestes, vos petites surprises…”
Quand vous prenez la main de votre fiancée ou de votre femme, quand vous prenez votre conjoint dans vos bras, quand vous l’embrassez, essayez parfois de prendre conscience que vous ne le faites pas pour vous, mais vraiment pour l’autre. Vous verrez que vous ne perdez rien. Au contraire, vous gagnez beaucoup ! Quand vous rentrez du bureau bien fatigué, avant d’ouvrir la porte, posez-vous la question : « Comment pourrais-je être maintenant un don pour mon conjoint ? ». Au lieu de vous plaindre de quelque chose, demandez plutôt à votre conjoint : « comment pourrais-je te rendre heureux ? » Au lieu d’être impatient avec votre épouse ou votre époux, pourquoi ne pas lui poser cette question : « Puis-je t’aider en quelque chose… ? ». Certes, cela ne semble pas facile au premier abord. Mais tout change dès que vous prenez conscience de cette profonde vérité : Dieu voudrait tellement rendre heureux votre aimé(e) à travers vos paroles, vos regards, vos gestes, vos petites surprises… Il compte sur votre belle promesse, quand vous avez dit « je vais t’aimer tous les jours de ma vie ».
Une check list des petites joies
À ce propos, je propose de faire une petite check list spéciale pour les fiancés (ou jeunes mariés) afin qu’ils apprennent très tôt à devenir régulièrement “don-de-soi” pour l’autre. Parce qu’il est très important d’apprendre à l’autre quelles sont nos joies, cette liste contient des objectifs “très humains”, ceux qui nous réjouissent le plus. On peut la formuler ainsi : « Si tu veux me donner une vraie petite joie, alors il suffit que nous allions courir ensemble, j’adore le faire avec toi… ou d’avoir un dîner en tête à tête de temps en temps, pour parler de nous. »
“Il n’en faut pas beaucoup pour que chacun se place dans une disposition d’amour et de service de l’autre.”
Cette liste peut comprendre tout ce qui nous rend heureux. Pourquoi ne pas la rédiger à deux, en suivant un ordre alphabétique ? Affections, amis, choses à éviter, culture, loisir, repas, spiritualité, sport, sexualité, vacances, etc… Ne l’oublions pas : nous ne sommes pas sur terre pour être admirés ou populaires, mais pour apprendre à aimer et à servir.
Un couple m’a révélé une astuce. Lui rentre le soir à vélo et la première chose qu’elle lui demande est : « Alors, combien de minutes as-tu roulé ? ». À peine après avoir répondu, il pose à son tour une question à sa femme : « Comment vas-tu, comment s’est passée ta journée ? ». Cette formule simple offre à l’autre une petite joie. Il n’en faut pas beaucoup plus pour que chacun se place dans une disposition d’amour et de service de l’autre.