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Au sommet de l’une de sept collines de Rome, l’église de Saint-Silvestre-au-Quirinal impressionne par son faste. Entre son remarquable plafond à caissons, ses murs ornés de marbre et de stucs et ses deux coupoles peintes, le visiteur ne sait plus où donner de la tête. Au milieu de ce décor étourdissant, l’icône de la Madonna del latte, datant du XIIIe siècle, tranche par son style médiéval. Encastrée dans une petite niche perdue dans un décor baroque, elle invite à la contemplation.
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Peinte sur fond doré et vêtue d’un manteau bleu à liserés d’or, la Sainte Vierge apparaît ici paisible et maternelle. Dans une grâce tout à fait surprenante, elle offre son sein d’une main au petit Jésus, tandis que de l’autre, elle le tient avec douceur. Habillé de rouge, couleur de la divinité, l’Enfant regarde le visiteur avec compassion. Faisant le geste de bénédiction trinitaire, il tient dans sa petite main, le rouleau des Évangiles.
Le Christ, un enfant qui a eu besoin de sa mère
Particulièrement émouvante, cette icône plonge les fidèles au cœur du mystère de l’Incarnation. L’allaitement marial a ici une valeur symbolique : le Christ, comme n’importe quel enfant, a certainement eu faim et soif et a été nourri par sa mère. La fragilité du petit corps porté par ces bras maternels et goûtant à ce moment d’intimité avec sa mère, constitue un véritable catéchisme. Vrai Dieu, Jésus a aussi pris les traits d’un faible nouveau-né.
Mais le regard profond du Christ est aussi une invitation faite à tous les chrétiens. Comme Lui, chacun est ici appelé à se jeter éperdument dans les bras de la Vierge, cette mère nourricière. La douceur du visage de la madone conduit ici ses enfants à la confiance et à la liberté : ce n’est pas d’esclaves dont son fils a besoin mais d’hommes libres. À chacun, elle veut aussi donner son lait spirituel, source de vie et conduisant au Seigneur.
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Si cette représentation de Marie au sein nu semble étonnante, le thème de la vierge allaitant, substrat de la terre nourricière, a été développé très tôt dans l’art catholique. Les icônes de ce type sont d’ailleurs rassemblées sous le vocable de Galaktotrophousa, dans la tradition orientale, ou Madonna Lactans en Occident.
À partir du XVIIe siècle cependant, ces représentations se font plus rares, comme si la figure de la mère du Christ présentant un sein dénudé était devenu indécente. Il faut dire qu’à la fin du Concile de Trente, dans le sillage de la contre-réforme, l’Église interdit les représentations de nudité dans l’art. Et pour cause ! Entre temps, la Renaissance et ses vierges aux courbes généreuses ont marqué les esprits. Bien que difficile à appliquer, cette consigne ne sera pas sans répercussions dans l’art.
Ville aux milles trésors artistiques, Rome possède quant à elle d’autres Madonna lactans, saisissantes de beauté. À ce jour, la plus ancienne représentation de la vierge dévoilant son sein se trouve d’ailleurs dans les catacombes de sainte Priscille. Sur une fresque datant du IIe siècle après Jésus-Christ, Marie et son fils font cette fois-ci face au prophète Balam.
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