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L’Église est une réalité originale, à trois titres au moins. Peu d’institutions humaines ont deux mille ans d’existence, sur une surface du globe sans cesse plus grande. De cette longue histoire, qui en fait une « experte en humanité » (Paul VI), l’Église tient aussi quelques coutumes d’un autre âge. D’autre part, même en dehors d’une vision de foi, l’Église se rattache à un fondateur et à un document qui est sa charte définitive : par exemple, l’entrée dans l’Église s’opère par le baptême. Enfin, pour le chrétien, l’Église porte la marque de Dieu lui-même : c’est en ce sens-là qu’elle est « mystère ». Il est légitime de chercher à comprendre comment elle « fonctionne », tout en sachant que l’essentiel échappera à toutes les comparaisons.
Une égalité fondamentale chez tous les chrétiens
L’entrée dans l’Église se fait par le baptême, qui confère à tous les chrétiens, donc aux laïcs, un certain nombre de droits et de devoirs. Un être humain devient membre de l’Église quand il est baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. À cet égard, il n’y a pas de différence entre chrétiens d’origine juive ou païenne, entre hommes et femmes, entre maîtres et esclaves. « Vous êtes tous frères », dit Jésus.
Le concile Vatican II a particulièrement mis en lumière cette égalité fondamentale de tous les chrétiens, qu’ils soient clercs, religieux ou laïcs. Ceux-ci ont un certain nombre de droits, comme celui d’être respectés dans le choix de leur état de vie ou dans leurs options politiques. Ils peuvent être appelés à remplir certaines responsabilités dans l’Église. Mais ils ont aussi des devoirs, comme celui de se former chrétiennement, d’exprimer leur point de vue pour la vie de la communauté, d’être témoins de l’Évangile au quotidien.
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Dans un corps, les fonctions sont différentes. Notamment les évêques, les prêtres et les diacres sont consacrés à leur ministère par un sacrement spécial. L’exercice d’une responsabilité est personnel mais ne doit pas être solitaire. C’est la notion de service qui doit dominer. Dans les Évangiles, nous voyons Jésus choisir, parmi le grand nombre de disciples, un certain nombre d’hommes qui forment le groupe des « Douze », les apôtres. Ce choix est si important que les noms des Douze sont donnés à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament. Par une révélation spéciale du Seigneur Jésus sur le chemin de Damas, Paul est adjoint au groupe.
Les apôtres consacrent des successeurs en leur imposant les mains et en invoquant l’Esprit saint. C’est l’origine des évêques, des prêtres et des diacres. On dit qu’ils sont « ordonnés » parce qu’ils entrent dans l’ordre des évêques, des prêtres ou des diacres. Saint Paul, dans ses épîtres, utilisera l’image du corps humain pour expliquer qu’aucun membre de l’Église ne doit être considéré comme méprisable mais aussi que les membres ont des fonctions différentes, certains représentant le Christ Tête de son Église. Celle-ci a donc une structure « hiérarchique », mot renvoyant à la notion de « sacré ».
L’ordination est personnelle mais, dans l’exercice de leur ministère, les évêques et les prêtres sont entourés de plusieurs conseils. Il en est de même pour le pape, évêque de Rome, dont les cardinaux forment le conseil. Le concile Vatican II a beaucoup insisté sur la mise en place de ces conseils, dont certains sont obligatoires. Par exemple, l’évêque doit être entouré d’un conseil des prêtres et d’un conseil économique. Ceux qui exercent une autorité dans l’Église doivent se rappeler sans cesse qu’ils la tiennent du Christ qui est venu « non pour être servi mais pour servir”.
La structure de base est le diocèse
Au sein de l’Église universelle, la structure de base est le diocèse dont l’évêque est le pasteur. L’évêque est catholique s’il est en communion avec le successeur de Pierre. Depuis des siècles, les diocèses comportent un certain nombre de paroisses. La communauté de base est le diocèse, appelée officiellement « Église particulière ». Saint Paul écrit à « l’Église de Dieu qui est à Corinthe ». L’Église entière est présente dans chaque Église particulière parce que les évêques forment un seul « collège », chargé solidairement de l’évangélisation du monde entier, sous l’autorité du pape.
Chaque diocèse n’est pas seulement une parcelle de l’Église universelle. L’évêque n’est pas un représentant du pape, comme, en France, le préfet qui représente dans chaque département le pouvoir central. Devant Dieu, l’évêque a pleine responsabilité de son diocèse. Cet évêque est « catholique » parce qu’il est en communion avec le pape, garant de l’unité entre les évêques. Sous une forme ou une autre, l’Église particulière a toujours existé : c’est la communauté présidée par un successeur d’apôtre. Inversement, la paroisse, bien que très ancienne, n’a pas toujours existé. C’est une forme qui s’est répandue quand l’évangélisation a gagné les campagnes, loin de la ville où l’évêque avait sa « cathédrale » (« cathèdre » signifie « siège »). À la Messe, le prêtre nomme toujours l’évêque local et le pape : c’est le signe que lui-même est un prêtre « catholique ».
Le lien avec Rome
Diverses structures, changeantes avec le temps et les situations, assurent des coordinations avec Rome, entre diocèses et dans chaque diocèse. Le lien avec Rome se manifeste particulièrement quand un nouvel évêque est nommé par le pape ou quand il est reconnu par lui, car, selon les pays, les modalités de la désignation des évêques ne sont pas identiques. Les évêques sont les premiers destinataires des documents envoyés par le pape, tels que les encycliques. Mais, désormais, ces documents sont largement publics.
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Exceptionnellement, les évêques sont réunis en concile œcuménique. Tous les trois ans environ, le pape réunit en synode quelques centaines d’évêques, en majorité élus par leurs pairs, pour traiter d’une question particulière. En 2012 : l’évangélisation. Tous les évêques se rendent à Rome en visite ad limina sur la tombe des apôtres Pierre et Paul, les « colonnes » de l’Église. Beaucoup de chrétiens, au moins une fois dans leur vie, y vont aussi en pèlerinage.
À l’échelon d’un pays ou d’un groupe de pays, les diocèses forment une « conférence épiscopale », dont la mission est d’aider les diocèses à accomplir leur mission. Par exemple, en formulant des recommandations et en permettant des échanges d’expérience. En France, les évêques se réunissent quelques jours, deux fois par an, en assemblée plénière. Dans chaque diocèse, divers conseils et services assurent la coordination et l’animation. Certains, comme le conseil presbytéral, sont prescrits par le droit de l’Église. De toute façon, il faut éviter que la structure l’emporte sur la vie de la foi, de l’espérance et de la charité.
L’appel à la vie consacrée
En complément de sa structure hiérarchique, l’Église est enrichie des dons particuliers de l’Esprit saint à certains de ses membres, notamment l’appel à la vie consacrée. Le Christ a fondé son Église sur les apôtres. Au jour de la Pentecôte, les apôtres ont reçu l’Esprit saint. Mais les dons de l’Esprit sont multiples et imprévisibles. C’est pourquoi, au long de son histoire, l’Église a vu naître en son sein d’innombrables formes de sainteté, de spiritualité, de service du prochain, d’annonce de l’Évangile, de théologie, d’art sacré. N’importe quel diocèse compte ainsi un nombre insoupçonné d’associations, de communautés, de mouvements, de groupes de toute sorte. Tous les fidèles sont libres de prendre ces initiatives. S’ils veulent qu’elles soient reconnues comme « catholiques », ils demanderont le consentement de l’évêque.
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Parmi les dons de l’Esprit saint, ou « charismes », figure au premier plan la vie consacrée qui, elle-même, revêt plusieurs formes, la plus connue étant la vie religieuse. Elle se développe dans plusieurs directions : vie contemplative, apostolat, service, éducation. Le XXe siècle a été riche en nouveautés à cet égard : nouvelles congrégations, instituts séculiers, redécouverte de l’ordre des vierges, communautés charismatiques. Beaucoup de laïcs se rattachent à une famille spirituelle en appartenant à un Tiers-Ordre. La vie consacrée est essentielle pour la vitalité chrétienne de l’Église.
Le droit canonique
Le fonctionnement de l’Église est régi par le droit canonique (« canon » signifie « règle »), avec une version spéciale pour les Églises catholiques de rite oriental. Le concile Vatican II a été largement consacré à l’Église elle-même. Deux mille ans apportent leurs richesses mais aussi leurs rides. C’est pourquoi le pape Jean XXIII a voulu un aggiornamento, pour que le mystère de l’Église apparaisse plus clairement. Le concile a produit, notamment, une Constitution sur l’Église. Celle-ci a été mise en application dans un nouveau Code de droit canonique, promulgué en 1983. Les Églises orientales ayant un certain nombre d’usages qui leur sont propres depuis des siècles, un code spécial a été promulgué par Rome à leur intention, en 1990.
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