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On parle peu de la mort, sauf en novembre, avec les fêtes de la Toussaint, la commémoration des fidèles défunts, le jour du Souvenir. La nature se dépouille, mais en ce mois les bouquets de fleurs ornent les tombes des cimetières. Ce qui m’amène à cette question : avez-vous penser à vos arrangements funéraires ? Non, ce n’est pas une publicité pour une entreprise quelconque. Pour mon épouse et moi, c’est chose faite, et nous sommes toujours en bonne santé. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, surtout quand il s’agit de préparer notre « enciellement », notre Pâques, nos noces éternelles à venir. Il y a de quoi nous réjouir, plus que du dernier achat électronique. « Soyons dans la joie, exultons, et rendons gloire à Dieu ! Car elles sont venues, les Noces de l’Agneau, et pour lui son épouse a revêtu sa parure. » (Ap 19, 7)
Tout est prêt
Un chrétien ne prépare pas sa mort, mais sa résurrection. Nous ne sommes pas seulement mortels, mais éternels, invités à des noces. « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! » (Ap 19, 9) Nous avons donc planifié nos funérailles comme l’on partage un repas de noces, pour « donner de la joie », dirait la bienheureuse Dina Bélanger. Nous avons acheté une concession au cimetière de notre paroisse, choisi notre pierre tombale, fait inscrire dessus ce que nous voulions. Puis nous avons choisi une agence de pompes funèbres, signé les contrats et payé pour ces services, le plus tard possible tout de même : inhumation, cercueil, eucharistie à l’église, annonces, réception… Ça fera cela de moins pour nos enfants.
Tout est prêt ! Restent seulement le jour et l’heure. « Tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra » (Lc 12, 40). Serait-ce par une mort soudaine, ou des suites d’une maladie ? Nous nous abandonnons avec confiance entre les mains de la divine Providence. Nous espérons à ce moment-là que nous serons « en tenue de service », tendus vers l’avant : « Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte » (Lc 12, 35).
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Il viendra peut-être au milieu de la nuit pour nous prendre avec lui. Qui partira, ou arrivera, le premier au festin ? Nul ne le sait. Heureux sommes-nous si nous veillons maintenant et gardons nos lampes allumées, pour l’accueillir au premier signal : « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre » (Mt 25, 6). C’est lui qui nous fera asseoir à sa table, nous servira de ses propres mains : « Demandez Dieu, c’est lui qui sert, / Demandez tout, il vous l’apporte : / Il est le vivre et le couvert » (Patrice de La Tour du Pin, Hymne du Saint-Sacrement).
Si l’on obtient de Dieu autant qu’on en espère (Jean de la Croix), il nous dira alors à chacun, au moment où nous passerons de l’obscurité de la foi à la pleine lumière : « Entre dans la joie de ton seigneur » (Mt 25, 23). Sinon, ce sera un temps d’attente au purgatoire, que je vois comme un état d’illumination, non de punition ; une étape de purification pour se refaire une beauté dans le feu d’amour de l’Esprit saint ; une expérience de miséricorde pour que l’âme s’adapte à la lumière divine, qu’elle devienne parfaite en amour, avant d’entrer au banquet de la communion éternelle avec Dieu.
La mort fait partie de la vie
Le cimetière que nous avons choisi est une terre de prières et de poésie, où les mots résonnent en silence sur les stèles, mémoire du passé que l’on cueille au présent, épitaphes de vie comme de grands livres ouverts aux générations. Mes parents et beaux-parents avaient aussi acheté leurs pierres tombales bien avant leur décès. Je me rappelle leur fierté de nous les montrer. C’était un poids de moins pour eux, et une préparation au deuil pour nous. La mort fait partie de la vie, elle nous apprend à voir l’essentiel, comme le chante si bien Félix Leclerc : « C’est grand la mort, c’est plein de vie dedans ». Choisir l’emplacement de sa tombe, c’est une manière d’apprivoiser la mort et de commencer à vivre pleinement, sachant que la vie qui passe est un don et une responsabilité.
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Nous nous recueillons parfois au lieu de notre dernier repos, remettant notre vie et notre mort entre les mains du Ressuscité, cette présence d’amour qui nous attend. Nous pouvons y aller en tout temps, avec nos enfants et amis. Nous ne voulons pas garder notre mort pour nous-mêmes, mais la partager avec le plus grand nombre possible. Il me semble qu’il y a là un témoignage d’espérance à apporter, un moyen d’évangélisation qui manifeste l’amour de Dieu. « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi », nous dit Jésus dans l’évangile de Jean. Il est venu pour que nous ayons la vie en abondance. De quoi aurions-nous peur ?