Ce 26 janvier avait lieu une réception à l’Élysée à l’occasion des 30 ans de la ratification de la Convention internationale des droits de l’enfant. Cette convention désigne le « caractère primordial de l’intérêt supérieur de l’enfant » (art. 3) et stipule que l’enfant a « dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux » (art. 7). Il était donc étonnant, dans la même semaine, de célébrer cette convention et de voir voté, au Sénat, l’article 1 du texte du projet de la loi de bioéthique autorisant la PMA avec l’effacement du père biologique.
« Vous croyez que le père est forcément un mâle »
Reçue, ainsi que plusieurs dizaines de présidents d’associations œuvrant dans le domaine de la protection de l’enfance ou de la famille, j’ai donc interpellé le président de la République sur cette incohérence. Je lui ai en même temps offert le livre Paternité de Fabrice Hadjadj et François-Xavier de Boissoudy (éditions de Corlevour).
.@pascalemorinie1 a interpellé le président @EmmanuelMacron à l'occasion de la commémoration de la ratification de la #CIDE :
— CNAFC (@CNAFC) January 26, 2020
"Il est incohérent de fêter la ratification de la Convention internationale des droits de l'enfant et de priver en même temps des enfants de père" #PMApic.twitter.com/Y7ivAjXheC
Il a accepté de me répondre en expliquant que la paternité se composait de deux dimensions : le père génétique et le père symbolique. Par cette nouvelle loi, le père « génétique » serait connu de l’enfant né de PMA avec la possibilité d’accéder à des données identifiantes. Quant au père « symbolique », il s’agirait pour Emmanuel Macron d’une fonction pouvant être assumée par n’importe qui. Devant mon incompréhension, il a ajouté : « Votre problème, c’est que vous croyez que le père est forcément un mâle. »
Plus de sens commun
La petite phrase d’Agnès Buzyn : « Un père peut être une grand-mère », au moment des débats à l’Assemblée nationale, était passée pour un dérapage verbal. Elle est, on le comprend maintenant, une pensée parfaitement assumée et partagée au sein du gouvernement. Avec la double filiation maternelle qui s’organise dans ce projet de loi, une mère n’est plus celle qui accouche selon l’antique adage : Mater semper certa est — « La mère est celle qui accouche ». Ainsi, avec le vote de la nouvelle loi de bioéthique, nous n’aurions plus de sens commun pour les mots « père » et « mère ».
Ces mots sont pourtant parmi les plus intimes et charnels de notre expérience humaine. Ils sont ceux qui nous relient les uns aux autres, d’une génération à l’autre en nous ancrant dans une double lignée filiative. Comment pouvons-nous encore faire société sans que ces mots-là, ainsi que les mots « mariage », « homme » ou « femme » recouvrent une réalité partageable par tous les citoyens français ?