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Piazza della Minerva, siège de l’Académie pontificale ecclésiastique, février 2020. Une lettre cachetée du Vatican est déposée sur le bureau de Mgr Joseph Marino, le président du célèbre institut situé derrière le Panthéon, en plein cœur de Rome. Depuis trois mois maintenant, c’est lui, un Américain de 67 ans, que le pape François a appelé à la tête de la prestigieuse “école des nonces”, celle qui forme depuis 1701 le corps diplomatique du Saint-Siège.
Dès les premières lignes de la missive papale, le responsable du recrutement et de la formation des futurs nonces en comprend la teneur. La lettre vient officiellement confirmer ce que le pape lui avait confié lors d’une audience au Palais apostolique du Vatican, le 1er février dernier. Au cours de ce tête-à-tête, témoigne-t-il au micro de Vatican News, “il m’a dit qu’il avait décidé d’intégrer l’expérience missionnaire dans la formation qui se déroule à l’Académie pontificale ecclésiastique”.
“Se salir les mains dans les œuvres d’amour”
Dans cette lettre datée du 11 février 2020, le pape François se veut très clair également. Comme lors de la récente entrevue au Vatican, Mgr Marino y lit un “désir” assez précis du pontife : en plus de la “solide formation” intellectuelle que les prêtres candidats au service diplomatique du Saint-Siège reçoivent au cours de leur cursus Piazza della Minerva, le chef de l’Église catholique a décidé d’ajouter une année d’engagement missionnaire.
Cette période pourrait remplacer le stage en ambassade de quelques semaines qui existe pour le moment, avait glissé le pape aux pères synodaux le 26 octobre dernier à la clôture du synode sur l’Amazonie. Si le pontife avait jugé ce stage déjà “très utile”, il souhaite désormais un engagement plus grand encore dans les territoires de mission.
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Le pape François s’en dit “convaincu” : ce service auprès d’un évêque dans un lieu de mission sera utile à ceux qui seront appelés à collaborer avec les représentants pontificaux. D’autant que par la suite, cette élite intellectuelle est appelée à œuvrer dans des nations et des communautés catholiques peu “catholicisées”.
Cette “expérience personnelle de mission en dehors de leur diocèse d’origine” leur permettra ainsi de partager avec les Églises missionnaires “une période de cheminement avec leur communauté, en participant à leur activité évangélisatrice quotidienne”, assure encore le pape dans sa lettre. Selon une expression qui lui est chère : les futurs diplomates vont donc devoir apprendre à “se salir les mains dans les œuvres d’amour”.
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“Si nous regardons le pontificat du pape François, depuis son élection, souligne encore le nonce américain, il a répété plusieurs fois qu’il rêve d’une Église missionnaire, d’une Église en sortie”. Selon le président de l’Académie, l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, publiée en novembre 2013, contient la ligne directrice du pontificat pour l’ensemble du clergé et des fidèles. “Il est certain que nous devons, en tant que représentants, avoir le même esprit et la même vision”.
Application à la rentrée 2020
Comme le successeur de Pierre l’expliquait encore en 2015, la mission que les futurs ambassadeurs de l’Église seront un jour appelés à accomplir les conduira dans toutes les parties du monde : “en Europe, en besoin d’un réveil ; en Afrique, assoiffée de réconciliation ; en Amérique latine, affamée de nourriture et d’intériorité ; en Amérique du Nord, désireuse de redécouvrir les racines d’une identité qui ne se définit pas par l’exclusion ; en Asie et en Océanie, interpellée par la capacité de fermenter en diaspora et de dialoguer avec l’immensité des cultures ancestrales”.
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La réforme souhaitée par le pape François devrait entrer en vigueur dès la prochaine année académique en septembre 2020. Les étudiants de la future promotion 2020-2021 seront par conséquent “les premiers à participer directement à cette expérience missionnaire”, assure le président de la plus ancienne école diplomatique au monde qui est en train d’élaborer cette nouveauté. Pour “contribuer à la formulation, à la mise en œuvre et au soutien de ce nouvel aspect de la formation” de l’Académie, Mgr Marino assure pouvoir compter sur les nonces du monde entier.
Une chose est certaine, estime encore ce dernier : “en ayant cette expérience missionnaire dans les différents pays, nous pourrons témoigner de première main du travail joyeux et dévoué du missionnaire, apportant l’Évangile sous toutes ses facettes”. Ce temps de service et d’apprentissage devrait même apporter selon lui “encore plus d’enthousiasme” dans le travail des diplomates.
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