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Depuis le début de l’épidémie de covid-19 et du confinement, le temps semble s’être suspendu et l’espace rétréci. Pourtant, si l’évolution de la situation en France et dans les pays occidentaux est largement relayée dans les médias et sur les réseaux sociaux, celle des pays du Moyen Orient l’est beaucoup moins. Pourtant, elle est dramatique. “La crise sanitaire liée au covid-19 a fait passer au second plan la situation des plusieurs pays du Moyen et Proche-Orient qui s’enfoncent dans une très grande pauvreté”, a alerté Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, lors d’un point presse mardi 5 mai. “On peut aujourd’hui parler de faim, presque de famine, avec une crise économique sans précédent”.
“Le confinement lié au coronavirus vient aggraver une situation déjà tendue.”
“Il y a des cas de coronavirus, mais d’après les retours que nous avons ils sont relativement peu nombreux par rapport à la France ou à d’autres pays européens”, reconnaît Mgr Gollnisch. “Est-ce la réalité ou est-ce que ces pays n’ont pas les bons outils statistiques pour appréhender l’ampleur de la pandémie ? Il est difficile de l’affirmer. Peut-être que la hausse va s’enclencher brutalement dans les prochaines semaines”. Une autre problématique est, pour le directeur de l’Œuvre d’Orient, celle des mouvements insurrectionnels. “Le confinement lié au coronavirus vient aggraver une situation déjà tendue et je suis convaincu qu’il y aura une reprise des mouvements insurrectionnels à la fin du confinement et que ces derniers seront plus violents”.
SYRIELe risque d’une catastrophe sanitaire
“Épidémie de covid-19 ou pas, le pays est toujours en guerre”, rappelle Mgr Pascal Gollnisch. “Et la situation est loin de s’améliorer”. Déclenché en 2011, le conflit syrien a fait au moins 380.000 morts et des millions de Syriens ont fui vers les pays voisins et partout dans le monde. Mais la situation qui inquiète tout particulièrement le directeur de l’Œuvre d’Orient est celle de la région d’Idlib. Si fin février un cessez-le-feu avait été négocié entre la Russie et la Turquie dans cette zone, les tensions restent vives et les attentats n’ont pas pris fin. “La situation est explosive et il est presque étonnant qu’elle n’ait pas explosé plus tôt”.
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Côté sanitaire, plusieurs ONG ont alerté sur le risque d’une catastrophe sanitaire dans le nord-est du pays en cas de propagation à grande échelle du covid-19. En effet, de nombreux camps de réfugiés se sont constitués dans lesquels des dizaines de milliers de personnes se retrouvent dans des conditions d’hygiène déplorables. Mgr Gollnisch pointe également du doigt les sanctions économiques contre la Syrie “qui font atrocement souffrir la population”. “Pour faire fléchir le gouvernement de Damas on fait souffrir une population qui sort de dix ans de guerre”, s’insurge-t-il.
IRAKVers un effondrement de l’économie
Comme en Syrie, l’Irak fait face à une résurgence des tensions et ravive les velléités de l’État islamique (EI). En effet, les troupes de la coalition internationale anti-EI se sont retirées d’Irak dans le sillage de la pandémie de covid-19. En parallèle, le pays n’a depuis cinq mois qu’un gouvernement démissionnaire uniquement chargé des affaires courantes tandis que les forces de sécurité sont occupées à faire respecter le confinement pour éviter une propagation du virus. “Le pays traverse une crise politique grave que l’épidémie de covid-19 ne fait que renforcer”, souligne Mgr Gollnisch.
“La crise sanitaire a également provoqué un effondrement de l’économie irakienne, déjà fragilisée”, rappelle-t-il. Concrètement, le taux de chômage a explosé et les Irakiens n’ont plus de quoi se nourrir. “Nous recevons d’innombrables appels de la part de nos correspondants en Irak pour leur venir en aide”. Plusieurs paroisses irakiennes ont ainsi remis en place le système des soupes populaires à destination de l’ensemble de la population.
LIBANUn pays au bord de la famine ?
Le pays, qui a déclaré son premier défaut de paiement en mars et qui traverse encore une crise politique et sociale démarrée en octobre, croule sous une dette de plus de 90 milliards de dollars, soit 170% de son PIB. Des chiffres d’autant plus alarmants qu’ils remontent à avant le début du confinement et de la pandémie de covid-19. Si dans les premiers jours les Libanais ont scrupuleusement respecté les mesures liées au confinement, ce dernier a accéléré l’effondrement de l’économie et des revenus des ménages. “Nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin de l’assistance internationale“, a plaidé le chef de l’État, Michel Aoun, lundi 6 avril, lors d’une réunion du Groupe internationale de soutien au Liban. Une aide que le pays ne pourra recevoir qu’à la condition d’un plan de réformes économiques difficile à concrétisé compte tenu de la situation actuelle.
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“Le taux de chômage doit aujourd’hui avoisiner les 40% et les gens n’ont plus de quoi se nourrir”, regrette encore le directeur général de l’Œuvre d’Orient. “On peut même dire que le Liban est au bord de la famine ! Et elle ne concerne pas que les classes les plus pauvres mais aussi les classes moyennes et les classes moyennes supérieures. Nous recevons des appels à l’aide tous les jours”.