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Huit conseils pour résister à l’alcool en période de crise

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Laurent Perpigna Iban / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Bénédicte de Saint-Germain - publié le 18/05/20

Les temps de crise économique sont propices au stress. La tentation peut être grande de soulager son angoisse en buvant plus que de raison. Voici, témoignages à l’appui, huit conseils pour résister.

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Marié et père de famille, Olivier est devenu dépendant à l’alcool à 28 ans : « Je rentrais chez moi ivre mort tous les soirs. Je suis allé tout déposer à Châteauneuf-de-Galaure : travail, famille, maladie. Je me suis fait accompagner et n’ai pas touché une seule goutte d’alcool pendant dix ans. Puis je me suis senti guéri et j’ai recommencé à boire. Trois mois après, j’étais en ruine car je savais quelles souffrances m’attendaient. Depuis, je suis abstinent. L’alcoolisme est une maladie chronique et définitive, aux origines très variées et difficiles à cerner, un suicide lent qui amène progressivement le malade au désespoir et à la déchéance. »

Pourquoi l’alcool attire-t-il si facilement ? « Boire est d’abord une tentative de soulagement, explique le psychothérapeute Gérard Ostermann au Sommet de la résilience. Le cerveau enregistre ce geste comme quelque chose de positif. Un vrai hold-up du système de récompense se met en place. Ensuite, la personne qui boit se trouve piégée d’abord psychologiquement, ensuite physiquement. C’est une double prison. » Alors comment résister à la tentation ?

Être vigilant

Tout le monde ne devient pas accro à l’alcool. « Il faut faire la différence entre une prédisposition à une véritable addiction et le fait d’abuser de l’alcool. On peut passer de l’un à l’autre : les cases ne sont pas forcément bien étanches. Il y a un vrai danger », avertit Gérard Ostermann. Le père Marc Soyer est spiritain. Il accompagne la fraternité Saint Jean-Baptiste qui dépend de la Pastorale nationale de la santé. « J’ai assisté bien des confrères prêtres ou religieux et bien d’autres personnes malades de l’alcool. Je sais personnellement le danger de ce produit. C’est aisé quand on a l’apéro facile à chaque fois que l’on est invité ! Il faut lutter contre ce fléau qui entre si facilement dans nos familles. »



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Nicolas est abstinent de l’alcool depuis bientôt 21 ans. Marié et père de trois garçons, il se souvient : « J’ai été un bon vivant, un fêtard comme on dit. Insidieusement, je me suis retrouvé à l’âge de 35 ans à boire le matin au réveil pour calmer le manque et les tremblements. Comme beaucoup j’ai traversé des périodes pénibles, des échecs sentimentaux et « grâce » au pouvoir anxiolytique de l’alcool, j’ai cru pouvoir oublier ma condition en basculant dans un autre monde plus zen… jusqu’au jour où je ne gérais plus rien. » Pour lui, « tout le monde ne devient pas alcoolique. Peut-être qu’un abus ponctuel de quelques semaines ne fera pas forcément de vous un malade alcoolique. En l’état actuel des connaissances, on ne peut pas le prédire. Il est bien difficile d’être attentif pour ne pas « tomber » dans l’addiction. La vigilance s’impose donc devant toute consommation régulière et élevée ».

Accueillir ses émotions

« L’alcool est une maladie des émotions, explique le père Marc. Nier sa peur, son angoisse, sa colère… crée un certain nombre de manques. On essaie de les combler par un produit qui va les inhiber. » D’où l’importance de ne pas garder ses émotions pour soi. « Le fait d’exprimer ses émotions à un proche est un bon moyen de les réguler », conseille le psychiatre et addictologue Paul Brunault, interviewé par Sciences et Vie le 14 avril 2020. Des techniques de gestion des émotions ou pour apprendre à vivre avec elles sont de bons appuis .

Ne pas rester seul

Le père Marc suggère « de trouver un ou deux vrais amis, pas nécessairement parmi les proches, des personnes qui savent écouter les angoisses, comprennent le besoin de boire ». On peut commencer par en parler à son médecin traitant. Beaucoup d’associations d’aide aux personnes alcooliques fonctionnent sur le principe de l’échange, du soutien et de l’entraide : Alcooliques anonymes, Alcool assistance, Vie Libre, la Croix bleue, les CSAPA, la fraternité Saint Jean-Baptiste… Autant de mains tendues qu’il ne faut pas hésiter à saisir si l’on se sent fragile, et sans attendre d’être dépendant. « En cas de doute, de compulsion, de détresse, il ne faut jamais rester seul, explique Olivier, mais pouvoir compter sur un réseau d’écoute pour être soutenu et éviter la détresse solitaire. Cela peut être par des appels téléphoniques de personnes de confiance connaissant bien le problème et le contexte personnel de l’appelant. »

Faire la vérité sur soi-même

Pendant le confinement, notre consommation a peut-être augmenté. L’essentiel est qu’elle ne devienne pas une habitude. Des points de vigilance peuvent nous aider à voir clair dans notre lien à l’alcool. « La personne addict est la plupart du temps dans le mensonge, vis-à-vis d’elle-même comme des autres, se souvient Olivier. Seule une démarche de vérité peut l’amener à l’abstinence. » Pour y parvenir, il est nécessaire de se faire aider.

S’occuper

« L’oisiveté est la meilleure façon de succomber. Il faut une organisation, des objectifs, une discipline, une rigueur afin d’éviter la tentation » conseille Olivier. « Lire, bricoler, téléphoner à des amis, regarder un film, chanter, danser… sont des moyens de ne pas « penser » à l’alcool », confirme Nicolas.
Puisque l’heure du déconfinement a sonné, nous pouvons repérer les moments pendant lesquels nous avons eu tendance à boire, et remplacer la boisson par une autre activité. Peut-être avons-nous aussi pris l’habitude de prendre un apéro après la journée de télétravail ? Pourquoi ne pas troquer ce moment en allant faire un tour dehors ? Ou bien tester des cocktails sans alcool et les faire découvrir aux amis retrouvés ?

Découper sa vie en tranches de 24 heures

Patricia vient de retrouver avec joie ses petits-enfants après deux mois de solitude qui ont fait remonter chez elle de douloureux souvenirs. Cette alcoolique abstinente depuis 25 ans applique toujours le conseil des Alcooliques anonymes consistant à découper sa vie en tranches de 24 heures. « Essayer de tenir 24 heures à la fois est plus facile que de décider de faire un effort pour toute la vie. » Catholique convertie, elle a découvert que « cela marche aussi spirituellement : je me confie à Dieu pour aujourd’hui. D’ailleurs, la liturgie m’y aide car l’Évangile est aussi découpé en courts passages de quelques versets chaque jour. »

Demander de l’aide au Ciel

« Ne pas hésiter à aller devant le tabernacle et dire à Jésus en face à face son mal-être, son ras-le-bol, lui demander comment faire… recommande Nicolas. Oui Jésus m’a écouté même si je ne devais pas toujours être très clair, et il m’a accompagné durant ces épreuves… Il m’a permis de rencontrer sur mon chemin de guérison, en particulier à la chapelle de la Médaille miraculeuse à Paris, des personnes qui m’ont aidé et grâce à qui aujourd’hui, je suis debout. Il y a aussi mon meilleur ami que sollicite toujours et que j’ai sollicité de nombreuses fois et pas toujours de façon délicate : c’est mon ange gardien. Et la communion des saints, les âmes de ma famille, les âmes amicales, celles du purgatoire et les saintes âmes à qui j’ai et je demande toujours et encore leur intercession. En cette période de Pentecôte, nous pouvons solliciter sans hésiter l’Esprit Saint afin qu’il nous rende fort devant notre faiblesse, et maîtres de nous dans l’épreuve et la tentation. Et bien sûr, Marie, la mère de Dieu et notre maman du Ciel qui nous montre le chemin. Cela vaut vraiment la peine d’essayer, où que nous en soyons dans notre vie de foi et qui que nous soyons. »

Prier avec la prière de la fraternité Saint Jean-Baptiste

« Seigneur Jésus, toi qui es le Bon Berger. Tu recherches la brebis égarée. Tu es venu appeler les malades et les pécheurs. Et nous, malades de l’alcool, malades de la drogue et autres addictions, et nous, leurs proches, nous crions vers toi ! Tu nous appelles tous à la conversion. Nous nous décidons à faire aujourd’hui ta volonté. Aide-nous à vivre libres de toute dépendance et à témoigner de ton amour par notre abstinence, notre sourire et une vie heureuse et utile au service de nos frères. Vierge Marie, mère du Sauveur, saint Jean-Baptiste, priez pour nous. Merci Seigneur Jésus de répondre à notre prière. »


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Tags:
AddictionAlcoolCovid
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