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Depuis peu de temps, les chrétiens ont la joie de pouvoir participer à nouveau à l’Eucharistie. Quand le culte public restait interdit à cause de la pandémie de Covid-19, les catholiques étaient seuls à exprimer vivement le désir de célébrer leur foi ensemble. Les autres religions n’ont pas manifesté une telle impatience à reprendre le culte. L’attitude des catholiques a étonné certains. C’est compréhensible. La religion catholique est celle de la Parole vivante, Jésus Christ. À Capharnaüm, il a déclaré : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 54). Alors, presque tous ceux qui le suivaient l’abandonnèrent. Cette débandade sauva le mystère du pain de la vie : tous seraient restés avec Jésus s’il n’avait pas dit aussi clairement qu’il fallait manger sa chair. Ce n’était pas une métaphore. Ce réalisme n’admet pas d’atténuation, mais c’est un réalisme sacramentel : dans l’Eucharistie, Jésus Christ est substantiellement présent, avec son corps, son sang, son âme et sa divinité ; toutefois, les espèces du pain et du vin demeurent ; elles gardent chacune sa couleur, son goût, sa composition chimique.
Un scandale et une folie
C’est tout simplement incroyable : c’est un scandale et une folie, comme le sacrifice de la Croix, que chaque messe rend présent. Seule la foi fait percevoir que c’est là le culte raisonnable qui donne un sens à toute la vie. La messe est centre et racine, source et sommet de la vie de l’Église et de ses membres, comme l’a proclamé le concile Vatican II. Pour la religion de la Parole incarnée, Dieu est caché dans l’Eucharistie. Jésus est Dieu. Ce morceau de pain n’est plus du pain, mais son corps. C’est tout simplement inouï. Si l’on ne croit pas cela, ce qui est le cas de l’immense majorité des gens, pourquoi s’alarmer de ne pas avoir de messe ? Celui qui croit, au contraire, comprendra qu’un saint Jean d’Avila ait pu dire qu’il aurait valu la peine de préparer un homme au sacerdoce pendant des années, quand bien même il serait mort après n’avoir célébré qu’une seule messe.
L’Eucharistie menacée et victorieuse
Naguère, dans un grand pays du bloc soviétique, l’autorité civile voulait fermer un couvent florissant. Elle finit par exiger que l’on retirât le tabernacle en pensant que là se trouvait la force des religieuses. Les communistes ne se trompaient pas, mais la communauté garda secrètement la présence réelle dans une toute petite pièce au sous-sol et tout alla bien pour elle.
“Sans le don du Seigneur ressuscité, sans ce contact personnel, nous ne pouvons pas vivre.”
Il y avait à Moscou un musée de l’athéisme avec une vitrine exposant un bout de pain avec cette explication : « Dieu des chrétiens ». Ironie facile. Si Jésus Christ se rend présent sous les espèces du pain et du vin, il ne s’identifie pas à elles. Sa présence reste cachée, sans quoi nous le verrions avec son corps glorieux, embelli par les blessures de sa passion, transfiguré par l’Amour. Ce qui nous unit à Jésus dans la Communion, ce n’est pas le contact physique avec les espèces sacramentelles, mais la présence substantielle, sous ces espèces, de l’humanité et de la divinité du Christ.
En 304, les chrétiens de Bithynie risquaient la mort quand ils célébraient l’Eucharistie : c’était interdit. Interrogés un jour, ils répondirent au juge : Sine Dominico non possumus ! « Sans le don du Seigneur ressuscité, sans ce contact personnel, nous ne pouvons pas vivre. » Il est compréhensible que cela soit surprenant !
L’Eucharistie fait l’Église et nous rapproche de tous les hommes
Le mot dominicum ne désigne pas seulement le don que fait le Christ ressuscité de lui-même. C’est aussi le dimanche, le jour où l’assemblée célèbre le mystère pascal, dans la joie de se retrouver ensemble pour exprimer sa foi dans le « nous croyons ». L’Église est le peuple de Dieu, ce peuple vit du Corps du Christ, il devient le Corps du Christ dans la célébration de l’Eucharistie. L’Église est ainsi la fraternité —adelphotès — des croyants (cf. 1P 2, 17 ; 5, 9).
Celse les qualifiait de cannibales. La bibliothèque de la Pléiade a édité récemment quelques premiers écrits chrétiens : dans l’Octavius, Minucius Félix évoque les critiques d’anthropophagie rituelle dont les chrétiens étaient accusés, qui recouvraient de tout petits enfants de farine avant de les tuer, de les manger et de boire leur sang. Minucius Félix réfute ces calomnies contre l’Eucharistie et sa discrète parce qu’illicite célébration.
“L’Esprit Saint reste en nous après la Communion. Il nous fait aimer ceux qui ne nous comprennent pas, nous mettre à leur place : les comprendre.”
Avec le confinement, respecté par les catholiques, la faim de l’Eucharistie a pu paradoxalement nous envelopper d’une tiédeur lente. Pourtant, si l’Évangile que nous annonçons reste voilé à beaucoup, dans la foi brille la splendeur de l’Évangile : « En effet, ce que nous proclamons, ce n’est pas nous-mêmes, c’est ceci : Jésus Christ est le Seigneur ; et nous sommes vos serviteurs, à cause de Jésus » (2Co 4, 3-6). L’Esprit Saint reste en nous après la Communion. Il nous fait aimer ceux qui ne nous comprennent pas, nous mettre à leur place : les comprendre. Nous voici appelés à approfondir nos raisons de croire et, peut-être, à aller plus souvent à la messe maintenant. Car la vraie sagesse nous est donnée par les missions invisibles de l’Esprit dans nos cœurs et dans l’Eucharistie : le grand mystère de la foi, qui fut annoncé à Cana grâce à la Vierge Marie, premier tabernacle vivant et qui méditait tout en son cœur.
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