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Curieusement méconnue en France mais renommée à travers le monde entier, Pauline Jaricot, dernière d’une riche famille lyonnaise impliquée dans l’industrie de la soie, est à l’origine de l’Œuvre pontificale de la Propagation de la Foi et du Rosaire Vivant. Marie-Dominique Eymard-Schmitz, 63 ans, mariée, mère de trois enfants et grand-mère de trois petits-enfants, est une arrière-petite-nièce de la future bienheureuse, investie dans la cause de béatification de son arrière-grand-tante et très attachée à celle qui était aussi sa marraine par filiation. Elle confie à Aleteia sa vision personnelle de Pauline Jaricot.
Si l’on est habitué au concept de transmission « de père en fils », on l’est moins lorsqu’il s’agit du lien entre un parrain ou une marraine et son filleul(e). Et pourtant, c’est ce lien à la fois de sang et de baptême qui relie à travers les générations Pauline Jaricot à Marie-Dominique, et qui faisait dire au parrain de cette dernière, François Dor : « Notre marraine, c’est Pauline ». Une des raisons pour laquelle Marie-Dominique est si attachée à sa « marraine de filiation ».
Patronne des catéchistes ?
« Si je pouvais, je demanderais au Pape de la nommer sainte patronne des catéchistes », nous confie Marie-Dominique, en parlant de celle qui a déjà été nommée patronne des missions par le pape François en octobre 2019. Ayant elle-même enseigné le catéchisme pendant de nombreuses années, la jeune grand-mère ressent combien l’enseignement et l’œuvre de Pauline Jaricot sont d’une exceptionnelle richesse pour éveiller la foi des plus jeunes. Convertie de manière fulgurante à l’âge de 17 ans après une homélie prêchée à saint Nizier par l’Abbé Würtz sur « les illusions de la vanité, l’être et le paraître », Pauline Jaricot porte un amour infini d’abord pour Jésus puis pour les autres, notamment envers les ouvriers des soieries lyonnaises. « J’ai aimé Jésus Christ plus que tout sur la terre, et pour l’amour de Lui, j’ai aimé plus que moi-même tous ceux qui étaient dans le travail ou la douleur », disait Pauline.
Le Rosaire est un résumé catéchétique, un précis lumineux de catéchisme, la base de l’éducation spirituelle des enfants.
Animée d’une dévotion très forte envers la Vierge Marie, elle développe la prière du Rosaire, à travers l’Œuvre du Rosaire Vivant, fondé en 1826 et grâce à laquelle des groupes de quinze « associés » prient à tour de rôle des dizaines de chapelet en continu. Pour Pauline, explique son arrière-petite-nièce, « le Rosaire est un résumé catéchétique, un précis lumineux de catéchisme, la base de l’éducation spirituelle des enfants ». Par ailleurs, Pauline a considérablement contribué à la création de l’Œuvre de la Sainte Enfance, appelée aujourd’hui l’Enfance missionnaire, permettant à des milliers d’enfants d’être baptisés et éduqués dans la foi chrétienne.
“Pauline dérange, Pauline agace, Pauline inspire”
C’est ainsi que Marie-Dominique voit son arrière-grand-tante. Elle dérange parce qu’elle est une femme. Et au XIXème siècle, les femmes n’ont pas vraiment voix au chapitre. Elle agace parce que c’est une laïque qui entend répandre la Bonne Nouvelle et redonner son importance à la « divine Eucharistie » (1) dans une société en voie de déchristianisation.
Elle inspire… En effet, quelle fécondité d’initiatives et d’œuvres qui continuent encore après elle ! C’est l’idée du « sou hebdomadaire », une quête de la main à la main auprès de petits groupes de dix personnes pour récolter des fonds réclamés par son frère Philéas alors en mission en Chine, qui donne naissance à l’une des œuvres les plus importantes de l’Église catholique aujourd’hui : l’Œuvre de la Propagation de la Foi. C’est encore le Rosaire vivant, perpétué aujourd’hui à travers le monde par le père dominicain Joseph Eyquem.
Et c’est enfin sa grande inspiration sociale, en faveur de la classe ouvrière : « Il faut s’attacher à améliorer la condition de la classe ouvrière. Il faut rendre à l’ouvrier sa dignité d’homme, en l’arrachant à l’esclavage d’un travail sans relâche, sa dignité de père en lui faisant retrouver les charmes de la famille, sa dignité de chrétien en lui procurant les espérances de la religion », écrit-elle. On retrouve les intuitions de Pauline dans les mouvements d’actions catholiques créés par la suite : en 1886, l’Action Catholique pour la Jeunesse Française (ACJF) et en 1927, l’Action Catholique Ouvrière (ACO).
Ce qui touche particulièrement Marie-Dominique, c’est le côté extrêmement discret, presque anonyme de l’action de Pauline Jaricot. Un modeste effacement derrière la multitude de ses œuvres sociales et spirituelles. Mais que ses contemporains étaient loin d’ignorer puisque ceux qui lui rendaient visite pour quérir son aide et ses conseils la prénommaient affectueusement « la Pauline ».
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(1) Référence à son livre L’Amour Infini Dans La Divine Eucharistie ou Le Cœur de Jésus-Christ, Salut de l’Eglise de la Société (1823).
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