Jacques Perrier - publié le 04/07/20 - mis à jour le 22/02/21
Si nous conservons précieusement les reliques des martyrs et des saints, comme nous entourons de respect le corps de tous les défunts, c'est parce que l’Église croit « en la résurrection de la chair ». Si l'authenticité des reliques n'est pas toujours attestée, celles-ci sont un véritable support pour la foi des fidèles et leur vénération contribue à nous mettre en route vers la sainteté, à la suite de tous les grands témoins de l'Évangile.
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Le respect des morts est un des traits caractéristiques de l’humanité. C’est un devoir sacré pour la conscience universelle. Pour Antigone, héroïne d’une tragédie de Sophocle, il vaut la peine d’y sacrifier sa propre vie. Abraham tient à acheter la caverne de Macpela pour y enterrer son épouse Sara (Gn, 23). C’est l’origine du tombeau des patriarches, à Hébron. Jacob insiste auprès de son fils, Joseph, pour que son corps soit ramené d’Égypte et enterré près de ses ancêtres (Gn, 50). En Israël, le deuil et la sépulture sont entourés de rites traditionnels, plus ou moins communs avec ceux des peuples environnants. Enterrer les morts est une des sept œuvres de miséricorde corporelle : Tobie, déporté à Ninive, risque sa vie pour ensevelir un de ses compatriotes, contre l’ordre du roi (Tobie 2, 3-8). Être privé de sépulture est une malédiction (Ps 78-79, 3).
Jésus respecte les rites funèbres, mais les relativise
À trois reprises, Jésus rend la vie à quelqu’un. Il le fait pour le fils unique d’une veuve, une petite fille, son ami Lazare. Il demande de croire en son pouvoir et invite la famille à l’espérance. Mais il ne leur reproche pas leurs pleurs ou leurs rites. Jésus fait l’éloge de la femme qui, par avance, a oint son corps en vue de sa sépulture (Mt 26, 12-13). Cependant, Jésus n’insiste pas sur la sépulture. On peut remarquer que le chapitre 25 de saint Matthieu, sur le Jugement des nations, reprend toutes les œuvres de miséricorde traditionnelles dans le judaïsme, à l’exception de la sépulture : il n’en reste que six, alors que sept est un nombre parfait. À celui qui voudrait le suivre mais veut, d’abord, enterrer son père, Jésus répond : “Laisse les morts enterrer les morts” (Lc 9, 60). Le père sera quand même enterré, mais la mission du disciple est d’annoncer la Vie.
À sa suite, l’Église fera de même. Saint Augustin nous rapporte une des dernières paroles de sa mère. Alors qu’elle est près de mourir loin de chez elle, le frère d’Augustin dit à sa mère que ce serait mieux de mourir dans sa patrie. Elle “lui jeta un regard de reproche” et dit à ses deux fils : “Enterrez mon corps n’importe où ; que cela ne vous donne aucun souci. Je vous demande seulement de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur.”
Il n’y a pas de relique corporelle de Jésus et de Marie
La foi chrétienne proclame : “Le Christ est ressuscité !” Aux femmes venues le lendemain du sabbat, au petit jour, compléter les rites funéraires, l’ange annonce : “Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est pas ici. Il est ressuscité” (Lc 24, 5). À Jérusalem, depuis toujours, les chrétiens se sont rendus en pèlerinage au tombeau du Seigneur, justement parce qu’il est vide. À juste titre, les Orientaux préfèrent d’ailleurs appeler ce lieu l’Anastasis, la Résurrection. Jamais, personne n’a prétendu détenir une relique corporelle de Jésus. Quoi qu’il en soit de la Couronne d’épines, des reliques de la Croix, de la pierre tombale vénérée au Saint-Sépulcre ou du Linceul de Turin, ce ne sont que des objets que le corps de Jésus a touchés. Ce ne sont pas des reliques corporelles, comme celles de saint Jean-Baptiste ou de saint Pierre.