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« Cela m’a beaucoup apporté ! », « C’est une expérience très riche », « On reçoit bien plus qu’on ne donne ». Tous ces témoignages que rapportent des volontaires partis en mission pendant une ou deux années recèlent, pour les non-initiés, une part de mystère. Qu’est-ce que cela leur a apporté, au juste ? Un élément de réponse réside dans l’expérience de la compassion. Se mettre au service des plus pauvres dans un pays étranger bouleverse les préjugés et les valeurs qui prévalaient jusque-là. La compassion transforme à la fois le regard, le cœur et l’intelligence, et fait naître la véritable rencontre avec l’autre, source de joie et de paix.
Une remise en question de ses priorités
“Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi”. Cette parole de saint Paul (1Co, 1-27) a beaucoup aidé Louis-Benoît dans le discernement qu’il a effectué avant de partir pour deux ans aux Philippines, avec Fidesco. En effet, pourquoi partir loin de ses proches pendant deux ans ? Pourquoi quitter un travail qu’il adorait et qu’il n’était pas certain de retrouver après la mission ? Pourquoi abandonner son confort parisien en faveur des rues de Manille ? Partir en humanitaire peut sembler fou aux yeux de beaucoup. C’est pourtant cette expérience de deux ans qui lui a appris un certain détachement des biens matériels et le besoin d’aller vers les autres. “Il ne s’agit pas d’une envie mais d’un réel besoin de me tourner vers les autres pour servir”, témoigne-t-il. Un service qu’il effectue désormais à travers sa paroisse et diverses associations.
Les volontaires font cette expérience extraordinaire de la joie éprouvée à faire le bien de l’autre.
Les volontaires font cette expérience extraordinaire de la joie éprouvée à faire le bien de l’autre. La priorité, ce n’est plus soi, son confort, son boulot, mais c’est l’autre. La priorité, c’est d’aimer. Brigitte Caire, coach en orientation professionnelle, souligne les profondes mutations qui s’opèrent ainsi chez les volontaires : “Ils pensent apporter un savoir faire, et là-bas, ils apprennent un savoir être. Ils pensent apporter des projets et des solutions, ils apprennent à vivre le présent et à lâcher prise. Ils pensent que les problèmes sont là-bas, ils comprennent l’urgence de savoir qui ils sont et ce qu’ils veulent faire de leur vie. Ils pensent comprendre, et ils apprennent finalement à aimer dans la joie… sans comprendre”.
Une sensibilité orientée vers la personne de l’autre
Partir en mission humanitaire, c’est accepter de se laisser atteindre et blesser par la souffrance de l’autre. Une souffrance dont on ne mesure pas toujours la profondeur, voire même une souffrance que l’on ne connaît pas, ou en tout cas, dont on n’avait qu’une conception intellectualisée. Céline, 39 ans, est partie à Madagascar de 2016 à 2018 avec Fidesco. Ne pas réussir à supporter la souffrance était une de ses peurs, avant le départ. Une fois là-bas, elle expérimente la proximité avec des personnes qui souffrent, de misère ou de maladie. Et son inquiétude s’envole. Elle fait une découverte essentielle, qui éclaire encore aujourd’hui sa manière de considérer son prochain : « L’autre est une personne avant d’être une souffrance ! », explique-t-elle.
Au lieu d’être sensible à la misère, à la souffrance ou à la maladie en général, un volontaire est sensible à la personne qui est au pas de sa porte.
Se focaliser sur la souffrance de l’autre est en réalité extrêmement réducteur. C’est oublier qu’il demeure avant tout un être humain et non pas un « pauvre » ou un « malade ». Cette expérience lui permet, non pas d’être dans l’indifférence, loin de là, mais d’adopter un certain détachement par rapport à la souffrance. Une attitude qui permet la vraie rencontre, de personne à personne, de créer des liens fraternels, à l’opposé d’une charité condescendante qui ne ferait que souligner la faiblesse de l’autre. Le volontaire réoriente en quelque sorte sa sensibilité : au lieu d’être sensible à la misère, à la souffrance ou à la maladie en général, il est sensible à la personne qui est au pas de sa porte, dans sa globalité.
Une empathie active à l’égard de l’étranger
Vivre dans un pays étranger, c’est être confronté à des situations que l’on ne comprend pas de prime abord, parce que la culture ou les mentalités diffèrent de son pays d’origine. C’est subir des démarches administratives ou médicales qui paraissent parfois très opaques. Le fait d’être passé par là rend les volontaires empathiques à l’égard de celui qui est perdu. « J’étais étranger, et vous m’avez accueilli » (Mt 25,35) nous dit Jésus dans l’Evangile. Une phrase qui résonne particulièrement aux oreilles de Bruno, enseignant de 39 ans, désarçonné par les démarches compliquées qu’il a effectuées à Madagascar pour obtenir un visa. Cela a éveillé en lui une compassion particulière envers les étrangers dont il croise la route en France.
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Une compassion active, qui le pousse à agir, comme cette fois à l’hôpital où il est venu en aide à une dame qui ne parvenait pas à s’entendre avec la secrétaire médicale pour simplement prendre un rendez-vous. Une démarche qu’il n’aurait peut-être pas faite avant son séjour à Madagascar.
Le désir de créer du lien
Forts d’une expérience riche en rencontres, certains volontaires tendent à développer cette vie fraternelle vécue en mission une fois de retour chez eux. Ils désirent retrouver et instaurer là où ils habitent des relations de proximité avec leurs voisins, leurs amis, les commerçants de leur quartier… Une manière de décloisonner sa vie et de lui donner du sens. Bruno raconte encore comment ils ont changé très concrètement leur manière de vivre après leur mission, en privilégiant les petits commerces et le marché plutôt que de faire leurs courses dans un supermarché anonyme. Pour lui, c’est une source de joie, de paix. Une façon de créer des ponts entre différentes personnes, de favoriser des relations d’amitié.
Isabelle, ancienne volontaire en Haïti, souligne également l’importance du lien entre les personnes : « En construisant des liens, nous construisons le monde de demain : nous construisons la civilisation de l’amour, la famille de Dieu ».
Une grande confiance en la Providence
Aller à la rencontre de l’autre, c’est aussi découvrir la manière dont il vit sa foi. Une découverte qui peut se révéler décapante au contact des plus démunis à la foi pourtant solidement ancrée. Hélène et Thomas, durant leurs deux années passées dans une favela au Brésil avec leurs enfants, ont été particulièrement frappés par la manière dont les plus pauvres faisaient une confiance totale à Dieu. « Les personnes avec qui nous vivions étaient capables de donner tout ce qu’ils possèdent, alors qu’ils ne possèdent pas grand-chose, en croyant fermement que Dieu pourvoira le lendemain », témoigne Hélène.
Mettre Dieu au centre de tout a été une vraie conversion. Nous avons appris à faire confiance, même lorsque certaines situations pendant notre mission nous dépassaient.
Une attitude éloignée de celle du monde occidental qui possède mais a parfois du mal à donner, par peur de manquer, par manque d’abandon à la Providence. « Pour nous, cette manière de mettre Dieu au centre de tout a été une vraie conversion. Nous avons appris à faire confiance, même lorsque certaines situations pendant notre mission nous dépassaient complètement ! ». Un abandon dont témoigne également Louis-Benoît : “Le courage nous est donné dans la prière, le tout est de laisser l’Esprit-Saint agir en nous”. Au delà d’une conversion du regard, du cœur et de l’intelligence, la mission humanitaire peut aussi convertir l’âme.
Et pour inviter chacun à écouter son cœur pour discerner la mission qui lui est propre, Fidesco a lancé fin février la campagne #Ecoutetoncoeur sur YouTube : chaque jour pendant 20 jours, une vidéo de 20 secondes pour comprendre quelles sont ses grandes aspirations, pour ensuite se mettre en mouvement.
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