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Dans sa belle Lettre apostolique Gaudete et exsultate, sur la vocation universelle à la sainteté, le pape François évoque la sainteté simple des gens ordinaires : « Les saints de la porte d’à côté ». Il mentionne à ce sujet le romancier un peu oublié, Joseph Malègue, jadis pourtant qualifié de « Proust catholique », et son beau thème des « classes moyennes de la sainteté ». Voici qu’il y a une semaine, trois visages de saints, de martyrs, « de la porte d’à côté » ont surgi à la basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice. Nous ne devons pas oublier Nadine, Simone et Vincent. Il faut laisser leurs visages s’inscrire dans nos cœurs. Chacun, avec sa vie de grâce et de pauvreté, aimait s’arrêter dans cette grande et belle église, profiter de son calme et de son hospitalité, ouvrir son cœur au cœur de Dieu.
Sous le signe de l’Assomption
Tant de nos contemporains, dans la variété de leurs chemins de foi et de vie, aiment ainsi s’arrêter dans nos églises, souvent ouvertes heureusement et entretenues avec soin. Certains sont profondément croyants et aiment se recueillir près du tabernacle en méditant les Écritures. D’autres sont heureux de pouvoir allumer un cierge près d’une statue de la Vierge Marie ou d’un saint qui les touche particulièrement. D’autres encore, sans être certains d’avoir la foi, viennent faire provision de silence et de paix.
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Le grand vaisseau de Notre-Dame de Nice, inspiré de notre cathédrale nationale en reconstruction, Notre-Dame de Paris, est placé sous le signe de l’Assomption, la pleine participation de la Vierge Marie à la gloire de son Fils ressuscité. Voilà l’ultime réponse au mystère de la violence et de la mort : le triomphe de la résurrection du Christ, auquel nous sommes tous appelés, le fondement solide de notre indestructible espérance. C’est cette espérance qui nous permet de pleurer nos frères et sœurs martyrs sans succomber au démon de l’amertume. La réponse chrétienne à la violence n’est pas la violence en retour mais une paix plus forte que la violence. Aux yeux du monde, elle peut passer pour de la faiblesse. Mais, dans la lumière des Béatitudes, c’est avec force que les disciples le proclament en un paradoxe assumé : « Heureux les doux, car ils possèderont la terre ! » (Mt 5, 5)
La liberté des enfants de Dieu
On s’est à nouveau beaucoup interrogé, depuis l’assassinat de Samuel Paty et les attentats de Nice, sur la légitimité de caricatures parfois très violentes à l’égard des religions. Ce qui est certain, c’est que les trois beaux visages de Nadine, Simone et Vincent, n’étaient pas des caricatures mais de vrais et beaux visages humains, de lumineuses manifestations de l’authenticité de la foi et de l’amour qui sculptaient leur vie. Ce sont les visages, les mots et les actes aimants avant tout qui construisent l’unité et la paix d’une société.
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La liberté est un bien infiniment précieux. Les chrétiens savent qu’ils sont appelés à entrer pour l’éternité dans « la glorieuse liberté des enfants de Dieu » (Rm 8, 21). La liberté d’expression fait partie de la liberté que les disciples de Jésus-Christ ont la mission — enthousiasmante — de promouvoir. Mais cette liberté s’accomplit surtout quand elle respecte, console, encourage, éclaire, stimule l’autre à donner le meilleur de lui-même. Aucune caricature, aucune insulte ne justifie quelque violence que ce soit et a fortiori la mort. La liberté de caricaturer est nécessaire mais elle n’est pas suffisante car c’est le vrai, le bon, le beau qui construisent et qui rassemblent. Voilà une priorité en particulier éducative en ce temps de violence.
Lumière de la bienveillance
Nous voici tous appelés à être des martyrs, non par le sang mais par le témoignage (chacun sait que c’est la signification du mot martyre) de la foi, de l’espérance et de l’amour. Ne nous caricaturons pas les uns et les autres, même entre catholiques, par la sévérité de nos paroles et de nos jugements. Soyons, dans la simplicité, des compagnons inspirants pour nos voisins, dans la recherche de la sainteté. Sachons reconnaître, dans la lumière de la bienveillance à laquelle nous sommes appelés, « les saints de la porte d’à côté ».