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La Pologne catholique a été broyée entre les fléaux d’Hitler et Staline de 1939 à 1944, sous le signe du Pacte germano-soviétique qui a sonné le glas de la liberté de l’Europe le 23 août 1939. Les démocraties occidentales n’ont alors mené aucune action efficace pour préserver ce pays d’un écrasement militaire fatal. Le peuple polonais a été considéré comme une « race inférieure » en tant que peuple slave par le régime nazi, et comme un ennemi héréditaire réactionnaire par la Russie soviétique. En outre, son identité religieuse chrétienne a fait de lui un objet commun d’exécration, tant de la part du nazisme néopaïen que de l’athéisme communiste. Ces deux systèmes totalitaires s’étant jurés de détruire la civilisation judéo-chrétienne, la Pologne catholique était devenue pour eux une proie idéale. 6,3 de ses 35,5 millions d’habitants ont péri, 22% de la population totale. C’est un des pays qui ont le plus souffert de la Seconde Guerre mondiale. Si le plus grand massacre a été celui des Juifs à partir de janvier 1942 (3 millions de morts sur 3,4 personnes), la population catholique vivant en Pologne a cependant payé un tribut considérable.
L’intelligentsia pour cible
Dès 1939, une action d’extermination est dirigée contre l’intelligentsia polonaise. Les polices secrètes nazie et soviétique, Gestapo et NKVD, ont alors échangé renseignements et listes de personnalités à abattre. En octobre, les SS procèdent à la déportation de tous les professeurs de l’Université Jagellon de Cracovie au camp de concentration de Sachsenhausen, près de Berlin. Parmi eux, dix ecclésiastiques. Dès septembre 1939, les évêques des territoires de l’Ouest incorporés au IIIe Reich, Dantzig (Gdansk) et Poznan, ont été chassés, la langue polonaise interdite dans leur diocèse, et les cadres administratifs déportés ou exécutés. Dans ces territoires annexés de l’Ouest, on a enlevé les crucifix des lieux publics. Des adolescents ont été obligés de travailler dès l’âge de 13 ans, comme des esclaves. La liquidation de la vie culturelle touche l’ensemble du pays : fermeture des théâtres, des concerts, proscription de Chopin, de l’histoire et de la littérature polonaises.
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Karol Wojtyla engagé dans la résistance culturelle
Le futur pape Jean-Paul II, Karol Wojtyla, bientôt membre du séminaire clandestin du cardinal Sapieha, participera à un réseau de résistance culturelle avec le “théâtre rhapsodique” jouant en cachette à Cracovie. Des églises sont transformées en garages, en magasins, ou en cinémas à la mode soviétique. À Dantzig, les grands séminaires sont fermés et toutes les associations sont dissoutes, et la langue polonaise est interdite, même pendant les confessions… On détruit les chapelles, les calvaires et les stèles funéraires. Avant la fin de 1939, 10 des 12 prêtres de Gdansk et la moitié des 380 prêtres de Chelmno sont arrêtés ou tués. Dans le diocèse de Plock, dans le centre du pays, les deux évêques sont tués et 112 prêtres meurent dans les prisons et les camps. La cathédrale sert de dépôt de munitions… En 1943, 30% des églises sont fermées.
Prêtres éliminés et lieux de culte fermés
Dans le Wartheland, autour de Poznan, zone occidentale de 4,9 millions d’habitants, 97% des lieux de culte existant en 1939 auront été fermés. On ne tolère plus qu’une à deux paroisses par district. Plus de 90% des ecclésiastiques ont été arrêtés ou déportés. Sur les 1.900 prêtres de 1939, il n’en reste que 73 en octobre 1941… On déporte les 615 religieuses du diocèse de Poznan dans un camp de travail où elles meurent. À Gniezno, 142 prêtres ont été assassinés. À Wloclawek, l’occupant fait périr 217 des 432 prêtres du diocèse : l’évêque auxiliaire Michal Kozal meurt à Dachau. Les deux évêques de Lodz sont déportés en 1941 avec les membres du chapitre. Dans le territoire normalisé du “Gouvernement général” de Pologne, autour de Varsovie et de Cracovie, selon l’historien Jerzy Kloczowski de l’Université catholique de Lublin 1 , la situation est “moins tragique qu’ailleurs”. Ce sera l’insurrection de Varsovie en 1944 qui provoquera la mort de nombreux membres du clergé, impliqués dans un souci d’assistance à la population civile.
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En 1940, les Nazis ordonnent la fermeture de tous les séminaires de ce vaste secteur du Gouvernement général. Les recteurs de Varsovie et de Tarnow vont trouver la mort, ainsi que 500 autres ecclésiastiques. Dès novembre 1939, au Sud-Est de Varsovie, les deux évêques de Lublin sont déportés : l’un d’eux y est mort. En décembre, les professeurs de l’Université catholique de Lublin ont été arrêtés à leur tour, et deux d’entre eux fusillés. Au Nord-Est du pays, les vicaires généraux sont fusillés à Vilno, ville polono-lituanienne, où l’archevêque est arrêté, et à Pinsk, ville polono-biélorusse, où le diocèse perd près du quart de ses 200 prêtres. En 1944, après l’écrasement de son insurrection par les Nazis, aidés en cela par la passivité volontaire des Soviétiques campés sur l’autre rive de la Vistule, la capitale, Varsovie, symbole tragique du martyre de tout un peuple, a été détruite à 90%. Entre 1939 et 1945, elle aura perdu 850.000 habitants, dont 450.000 déportés ou prisonniers politiques.
Une liberté chèrement acquise
Outre le sort tragique des Juifs, le clergé polonais “fut celui des groupes socioprofessionnels qui eut le plus grand nombre relatif de victimes”, constate Jerzy Kloczowski au sujet de l’occupation nazie. Quant à la période du communisme, 400 prêtres avaient été incarcérés sous divers prétextes dès septembre 1948. Il faudra ensuite un demi-siècle, après le combat du cardinal Wyszynski resté ferme malgré trois ans de détention, l’élection du pape Jean-Paul II en 1978, le sacrifice du père Popieluszko et la longue marche pacifique de “Solidarnosc” pour conquérir un temps de liberté pour l’Église et la société.
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