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Chine : après Hong Kong, Taïwan ?

TAIWAN

© Lifestyle Travel Photo - shutterstock

Taïwan.

Jean-Baptiste Noé - publié le 04/02/21

Tandis que l’Europe avait les yeux braqués sur le Capitole, Xi Jinping a organisé un coup de filet contre ses opposants à Hong Kong. Un tour de vis supplémentaire qui inquiète Taïwan, et dont l’Occident ferait bien de se méfier.

Les dirigeants chinois ont le sens de la stratégie et de la conduite de la guerre. Alors que les États-Unis étaient englués dans la passation de pouvoir entre Donald Trump et Joe Biden et que les dirigeants européens s’émouvaient des manifestations organisées autour du Capitole à Washington, ces derniers lançaient une vaste opération d’arrestations à Hong Kong. Des dizaines d’opposants au régime communiste ont ainsi été arrêtés, dans un grand silence médiatique. 

C’est peu dire que ce qui se passe à Hong Kong depuis plus d’un an maintenant ne passionne pas les foules européennes, alors que l’avenir de la cité conditionne la stabilité de la zone est-asiatique, et donc du monde. Désormais, les marges de liberté de l’ancienne colonie anglaise sont réduites à peu de chose, au mépris des accords de rétrocession accordés en 1997. Les Occidentaux qui sont si prompts à condamner la Russie et à lui opposer des sanctions sont d’un grand silence à l’égard de la Chine, illustrant ainsi la vérité de la fable de La Fontaine Le loup et l’agneau : la raison du plus fort est toujours la meilleure. 

Prendre Hong Kong : une nécessité pour la Chine

La Chine tient absolument à prendre Hong Kong pour au moins deux raisons. La première est politique. Dans un système communiste, il ne peut exister de libertés politiques et de pluralisme. Si Hong Kong pratique la démocratie, avec la liberté d’expression et le pluralisme politique qui vont avec, pourquoi n’en serait-il pas de même pour le reste de la Chine ? La liberté de Hong Kong est une menace pour la cohésion chinoise et l’avenir du Parti, les communistes du PCC restant hantés par la disparition soudaine de l’URSS. La seconde raison est économique et hégémonique. La Chine veut chasser le dollar de l’Asie du Sud-Est afin d’y implanter sa propre monnaie. La monnaie est un instrument d’échange, mais aussi une marque de domination juridique et politique. Évincer le dollar pour le remplacer par le yuan est non seulement un symbole, le remplacement des États-Unis par la Chine, mais aussi une application concrète de la mainmise de la Chine sur les économies de l’Asie du Sud-Est. Prendre Hong Kong est donc tout à la fois une nécessité intérieure : étouffer les oppositions possibles ; et une nécessité extérieure : prendre le contrôle hégémonique de la zone asiatique. 

Pour imposer le yuan à la place du dollar, la Chine a besoin de disposer d’une place financière forte et internationale

Or pour imposer le yuan à la place du dollar, la Chine a besoin de disposer d’une place financière forte et internationale, une place d’où peuvent partir les capitaux de Chine et arriver les capitaux internationaux. Shanghai aurait pu jouer ce rôle, mais Pékin a préféré Hong Kong, dont la tradition juridique anglo-saxonne et l’ouverture effective aux marchés mondiaux sont déjà en place. C’est donc à la fois une opération de police intérieure et un coup de force à l’égard des États-Unis. La nouvelle administration Biden devrait regarder vers le Pacifique, se rapprocher du Japon et cesser de jeter la Russie dans les bras de Pékin. Ce sera probablement le dossier international le plus lourd du nouveau président. 

Prendre Taïwan : une question de temps

Xi Jinping l’a dit de façon claire : après Hong Kong l’objectif est de prendre Taïwan, l’ancienne Formose qui accueillit les Chinois non communistes en 1949. La « réunification » de la Chine doit être complète en 2049 pour fêter le centième anniversaire de la victoire de Mao. Ce n’est donc qu’une question de temps, mais celui-ci risque de s’accélérer. Taïwan dispose en effet de nombreuses entreprises de pointe dans le domaine des semi-conducteurs, objets indispensables pour le fonctionnement des ordinateurs et des outils informatiques. Le semi-conducteur est la richesse d’aujourd’hui et le sera de plus en plus dans les années à venir. Pour les réaliser, il faut non seulement les matériaux de base, ce dont dispose la Chine, mais aussi le savoir-faire technique, ce qu’elle n’a pas. Prendre Taïwan serait donc faire main basse sur cette richesse nécessaire pour la puissance. Si l’Occident ne réagit pas à la prise de Hong Kong, pourra-t-il rester insensible à celle de Taïwan ? La Corée du Sud et le Japon ne resteront pas passifs indéfiniment. Pour l’avenir de la démocratie et la stabilité mondiale, les événements de Hong Kong sont bien plus importants que ceux du Capitole. 


Hong Kong

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Chrétiens en ChineÉtats-UnisPolitique
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