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Oui, c’est dur de prévoir et préparer les repas deux fois par jour, sept jours sur sept et toute l’année. Que l’on vive seul ou en famille, il est impossible d’échapper au diktat de l’intendance. Pourtant, se nourrir est loin d’être une corvée. C’est un plaisir du corps qui ravit aussi l’âme. En mangeant, nous retrouvons des forces et de l’énergie. La détente du corps nous rend disponibles à l’écoute, à la relation, à l’autre. En faisant la cuisine, nous nourrissons des corps mais aussi des échanges et du partage.
Vivre la cuisine comme un langage d’amour
Jeanne n’étale pas ses sentiments, d’ailleurs, elle n’a jamais appris. Ses mots d’amour et d’affection, ce sont ses plats. Pour Jean, son petit-fils, elle prépare sa soupe préférée, bien épaisse. Quand elle va voir son mari à la maison de retraite, elle lui apporte du riz au lait. Il ne parle plus, mais ce dessert qu’il affectionne crée entre eux de la complicité, comme à la maison. Lorsque, malgré la fatigue, nous avons râpé quelques légumes frais pour réaliser une salade de crudités colorée, nous avons signifié à nos convives que nous les aimions. Ce n’est pas magique mais ce temps donné nous a permis de sortir de nous, de nous donner. Et le don crée la joie.
Suggestion de Carême : pendant les courses et à la cuisine, j’essaie de penser à ceux que j’aime. J’essaie aussi d’être disponible pendant les repas (même si cela me demande d’en faire-moins, de lâcher prise et d’être moins perfectionniste), d’en faire une occasion de me donner.
Faire une cuisine Laudato Si, respectueuse de l’homme et de l’environnement
Esaü donna son droit d’aînesse pour un plat de lentilles. Et si nous l’imitions en achetant moins de produits transformés de l’industrie agro-alimentaire et plus de produits basiques dont nous connaissons l’origine ? Des lentilles du Puy par exemple. Respecter la nature dans la cuisine implique souvent une véritable conversion. Elle passe par le choix des produits et la manière de les préparer sans les gaspiller tout en économisant les ressources (eau, énergie).
Suggestion de Carême : je décide de passer un peu plus de temps que d’habitude à préparer les repas. J’achète des produits simples et je les transforme moi-même. Au bout de 40 jours, je note les économies réalisées et je les donne à une œuvre de charité.
Varier les couleurs et les goûts
Les cuistots du quotidien ont un véritable pouvoir magique : celui de nourrir l’humeur des convives. En appliquant quelques formules magiques, on casse l’uniformité : varier les produits tout en respectant les saisons, varier les assaisonnements (huiles, épices, herbes aromatiques…), varier les couleurs (qui a dit que les carottes étaient orange, alors qu’on en trouve des violettes et des blanches ?), varier les modes de préparation (pommes de terre vapeur, sautées, en gratin, en robe des champs, en omelette, en rösti…).
Suggestion de Carême : pour changer de mes recettes habituelles, je demande aux voisins, aux amis, à la famille comment ils préparent les plats du quotidien. En réalisant leur recette, je rends grâce pour eux, je demande au Seigneur de les bénir et d’exaucer leurs prières.
Ne pas supporter seul la charge des repas
Chez Antoine et Marine, tout le monde est responsable des repas. Les parents veillent à ce que les placards soient remplis. Chaque jour à l’heure dite, tout le monde se retrouve à la cuisine, fait l’inventaire des denrées disponibles et décide du menu. Cette démocratie, peu viable avec des enfants petits, montre cependant un chemin. Chacun peut prendre sa part, à sa mesure. En impliquant chacun, l’œuvre devient commune. La déguster devient un plaisir réellement partagé.
Suggestion de Carême : impliquer la maisonnée dans la préparation des repas. La participation peut être symbolique (faire la décoration d’un plat en disposant par exemple du persil ciselé sur des pommes de terre sautées) mais elle allège considérablement la charge mentale. Et n’est-ce pas à la cuisine, quand chacun s’affaire, que les confidences et les fous rires surgissent ?