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Toujours féru d’humour décalé et, pour le moins, singulier, le réalisateur Juan Manuel Cotelo a choisi avec Le Plus Beau des Cadeaux d’aborder le thème du pardon sur fond de western. Il campe lui-même un cinéaste en plein tournage dans le Far West, cherchant à tout prix une alternative à la fin attendue du duel meurtrier entre les deux héros pour proposer une fin heureuse. À cette fin, il parcourt le monde pour se nourrir des témoignages de ceux qui ont préféré le pardon à la haine. Un voyage dans l’âme humaine dont on ressort raffermi, si l’on s’attache davantage aux témoins qu’à la partie fiction.
De Tim Guénard au génocide rwandais
Au cœur des montagnes françaises, le cinéaste s’entretient avec Tim Guénard, l’auteur de Plus fort que la haine (1999), dans lequel il raconte l’abandon par sa mère, les coups de son père, son enfance brisée et sa vie de délinquant jusqu’au début de la délivrance, notamment grâce à sa conversion. Peu de temps après, il publie son acte de foi en l’amour dans Le pardon qui désenchaîne (2002). Et pourtant, le secret de son pardon peut demeurer au choix un grand mystère ou un bien inaccessible pour beaucoup d’entre nous. Le film nous montre des scènes reconstituées de sa jeunesse, avant d’entendre un Tim Guénard en paix après un long combat, désormais entouré par l’amour de sa femme.
Mais si la haine est l’un des maux à surmonter en cas de grande injustice, bien des conséquences peuvent surgir des blessures, de la désespérance à l’autodestruction. C’est à la joie de vivre sans limites d’Irene Villa, une mère de famille espagnole, que l’on découvre cette force incroyable de ceux qui ont vaincu ce qui pouvait devenir un enfer. Victime d’une attaque à la bombe par l’ETA, comme sa mère, dans son adolescence, elle perd ses deux jambes et trois doigts. Son corps de titane et de chair est devenu sa raison même de fuir toute tristesse, toute léthargie et tout ressentiment. D’ailleurs, fait assez déroutant mais ô combien édifiant, avec sa mère elles fêtent chaque année l’anniversaire de leur naissance, jour du terrible accident, où elles sont véritablement nées à la vie.
Pendant ce temps, le tournage du western se perd en anarchies, plus ou moins bien amenées : prétexte à aller plus loin dans la recherche de témoins du pardon. C’est ainsi qu’un homme dévoile sa profonde tristesse au moment où son grand amour le quitte. Et comment un chapelet quotidien, durant cinq ans, lui donne les grâces nécessaires au pardon sincère, à la paix, jusqu’au jour où sa femme décide de revenir au foyer, auprès de ses enfants.
Mais le plus éloquent des exemples est sans doute cette plongée au Rwanda, l’un des pays qui a trouvé l’antidote à la guerre, aux mépris, aux insultes, aux moqueries et à l’humiliation pour survivre à l’irréparable. Après le massacre des Tutsi en 1994, qualifié de génocide, la commission Justice et Paix devait trouver la meilleure arme pour guérir le peuple rwandais. Demander et donner le pardon était la seule issue pour les bourreaux et les victimes. Une révolution si rare dans le monde qu’on a peine à croire aux témoignages. Et c’est bouleversant de les entendre se donner la paix, redevenir frères et sœurs, s’entraider à se reconstruire. Les Rwandais ont la grâce de pouvoir s’appuyer sur la Vierge Marie, apparue à des écolières le 12 janvier 1982 à Kibeho, désormais lieu de pèlerinage national. Elle leur prédit alors l’avènement du génocide rwandais douze ans avant son commencement. Mais son message était aussi pour le monde, insistant sur le pardon, le respect et l’amour fraternel.
Le Plus Beau des Cadeaux (2018), de Juan Manuel Cotelo, 1h47, en e-cinéma jusqu’au 8 avril, en VOD et en DVD début juin