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Le manque de sécurité dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) inquiète plus que jamais les évêques du pays, ravagé par des milices rebelles. “La situation de l’insécurité à l’Est est un véritable drame qui affecte tout le pays”, ont-ils dénoncé dans un communiqué début avril. “On ne peut pas espérer le développement de ce pays tant que l’Est restera sous contrôle des prédateurs”.
Parce que la situation se dégrade rapidement, ils enjoignent les responsables politiques de réorienter complètement la stratégie politique, militaire et humanitaire du pays afin de lutter contre la crise dans l’Est. Le document publié par les évêques résume les résultats d’un voyage de recherche d’une délégation conjointe de la Conférence épiscopale congolaise et de l’Association des Conférences épiscopales de l’Afrique centrale (ACEAC). Le groupe s’était rendu en janvier 2021 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Selon la déclaration, les interlocuteurs des évêques ont fait aussi allusion au caractère religieux du conflit au Beni-Butembo (Nord-Kivu), notamment à “l’islamisation de la région dans une sorte de stratégie plus profonde d’influence négative sur la politique générale du pays à long terme”. Les évadés parmi les capturés des ADF (Allied Democratic Forces) ont affirmé aux évêques avoir été “contraints d’adhérer à l’islam”.
Les évêques attirent également l’attention sur les différents types d’intérêts des agresseurs. Les assaillants “se servent des points faibles des forces armées régulières pour parvenir à leur but politique ou religieux : l’occupation des terres, l’exploitation illégale des ressources naturelles, l’enrichissement sans cause, l’islamisation de la région au mépris de la liberté religieuse etc.”
Trois millions de déplacés en un an
Toujours d’après les évêques, les victimes se comptent par milliers : plus de 6.000 morts à Beni depuis 2013 et plus de 2.000 à Bunia pour la seule année 2020. Les deux villes sont situées au nord-est du pays. On compte également au moins trois millions de déplacés et environ 7.500 personnes kidnappées.
Les évêques déplorent en particulier l’absence de toute autorité de l’État. “La population a le sentiment d’être abandonnée. Les promesses du gouvernement central quant au rétablissement rapide de la paix sont nombreuses, mais plusieurs sont souvent restées sans effets”, expliquent-ils.
La mission de paix de l’ONU, la MONUSCO, est accusée de passivité et même de complicité par la population, expliquent les évêques. Sa présence suscite de plus en plus de suspicion et de scepticisme parce qu’elle n’a pas réussi à stopper les massacres, même quand cela se passe à quelques mètres de positions des forces onusiennes.
La communauté internationale doit entendre le cri de souffrance du pays.
Après des massacres sanglants de civils, l’évêque catholique de Butembo-Beni avait déjà lancé en janvier un appel à la communauté internationale pour qu’elle entende le “cri de souffrance” de son pays. Dans un message vidéo transmis à la Fondation pontificale AED, Mgr Melchisédech Sikuli Palukuavait textuellement déclaré : “J’espère qu’ici, les pauvres pourront être aidés. Nous nous sentons abandonnés face au chemin de croix que nous vivons depuis des années”.
Depuis des années, cette région de l’est de la RDC, qui est riche en ressources naturelles, est victime de rebelles originaires d’Ouganda de la milice Allied Democratic Forces (ADF). Et il y a encore beaucoup d’autres milices. Cela fait des années que l’armée congolaise et la MONUSCO, mission de maintien de la paix de l’ONU, ne parviennent pas à pacifier la région.