Sainte Thérèse de Lisieux fait sa première communion à 11 ans, le 8 mai 1884. “Ah ! qu’il fut doux le premier baiser de Jésus à mon âme !”, se souvient-elle 11 ans plus tard en écrivant ses mémoires. “Ce fut un baiser d’amour, je me sentais aimée, et je disais aussi :
“Je vous aime, je me donne à vous pour toujours.” Il n’y eut pas de demandes, pas de luttes, de sacrifices, depuis longtemps, Jésus et la pauvre petite Thérèse s’étaient regardés et s’étaient compris… Ce jour-là ce n’était plus un regard, mais une fusion, ils n’étaient plus deux, Thérèse avait disparu, comme la goutte d’eau qui se perd au sein de l’océan. Jésus restait seul, Il était le maître, le Roi”.
Un an après sa première communion, elle fait ce que l’on appelait à l’époque la seconde communion (laquelle n’excluait pas les communions entre-temps). Lors des deux retraites précédant sa première puis seconde communion, Thérèse a pris des notes sur un petit carnet orné d’une couverture bleue à gaufrure florale. Huit pages et demie écrites au crayon à papier. Parmi les notes de la deuxième retraite, qui a eu lieu du 17 au 21 mai 1885 à l’Abbaye des Bénédictines, prêchée par l’abbé Domin, Thérèse a écrit :
Mercredi Matin
2e Instruction
La sainte Vierge est notre mère et elle ne nous abandonnera jamais dans quelque état que nous soyons. Ce serait lui faire injure que de se décourager car si on ne l’oublie pas, on peut être sûr de se sauver. Monsieur l’abbé nous a fait prendre des résolutions. Moi j’ai conservé celles de ma 1e Communion qui sont : 1* Je ne me découragerai pas. 2* Je dirai tous les jours un « Souvenez-vous » à la Sainte Vierge. 3* Je tacherai d’humilir mon orgueil.
La prière à la Vierge « Souvenez-vous »
Composée par saint Bernard de Clairvaux au XIIe siècle, cette prière à la Vierge, de son nom latin Memorare, est un acte d’abandon et un cri de supplique vers la mère de Dieu. C’est cette prière qui sauva saint François de Sales lors d’une grave crise d’angoisse ; qui inspira saint Louis-Marie Grignion de Montfort pour composer un cantique ; et que sainte Thérèse récitait à l’occasion des dévotions mariales du mois de mai. La voici.
Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance ou réclamé vos suffrages, ait été abandonné.
Animé d’une pareille confiance, ô Vierge des vierges, ô ma Mère, je cours vers vous, je viens à vous et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds.
Ô Mère du Verbe, ne rejetez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. Ainsi soit-il.
Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus qui vit en moi.
Après sa première communion, Thérèse a hâte de pouvoir à nouveau recevoir l’Eucharistie, mais la communion est soumise à la permission du confesseur. À sa grande joie, l’abbé Domin l’y autorise deux semaines plus tard, le 22 mai 1884, jour de l’Ascension. Elle témoigne ainsi dans son autobiographie :
“Le lendemain (de sa première communion, ndlr) fut encore un beau jour mais empreint de mélancolie ; il n’y avait que Jésus qui pût me contenter, j’aspirais après le moment où je pourrais le recevoir une seconde fois. Quel doux souvenir j’ai gardé de cette seconde visite de Jésus ! (jour de l’Ascension) Je me répétais sans cesse ces paroles de saint Paul : “Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus qui vit en moi”. Depuis cette communion, mon désir de recevoir le bon Jésus devint de plus en plus grand… J’obtins la permission de le faire à toutes les principales fêtes”.