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“Un rêve devenu réalité : rencontrer le pape François et recevoir sa bénédiction pour notre petite Noemi” : c’est ainsi que Tania Esposito, la mère de la fillette de six ans, a présenté sur Facebook ce moment touchant. Accompagnés de l’archevêque de Naples, Mgr Domenico Battaglia, la fille et ses parents ont quitté la “ville aux 500 coupoles” pour venir à la rencontre du souverain pontife dans ses appartements de la Maison Sainte-Marthe.
Le calvaire de Noemi a débuté il y a deux ans, en mai 2019. Elle n’a alors que 4 ans et se trouve avec sa grand-mère sur la place Nazionale, au cœur de Naples. Au même moment, Armando et Antonio Del Re, deux frères qui font partie de la Camorra, célèbre mafia napolitaine, arrivent au même endroit. Ces voyous ont une cible : Salvatore Nurcaro, un homme d’une autre bande. Bref, un “règlement de compte”, qui aurait été malheureusement banal si Noemi n’avait pas été là.
Une balle dans les poumons
Les caméras de vidéosurveillance ont capté toute la scène. Armando del Re, le premier frère, s’approche de Nurcaro et commence à tirer. Nurcaro s’échappe un instant, et son poursuivant, pris de vitesse, décharge son arme à l’aveugle en rafales. Une de ses balles effleure la grand-mère de Noemi. Une autre vient se planter dans la poitrine de la fillette, perforant un de ses poumons.
Transférée en urgence à l’hôpital, la petite va passer à deux doigts de la mort. Ses proches et toute l’Italie, sous le choc, suivent avec appréhension et douleur les événements. Les médecins redoublent d’effort, Noemi tient bon, et après de nombreuses interventions chirurgicales et un mois de lutte, la voilà enfin sauve.
Les deux bandits ont été arrêtés et condamnés à 18 ans et 14 ans de prison en juillet 2020. Justice est faite, mais la victime paye encore les conséquences. “Elle a encore des lésions à la colonne vertébrale et a subi trois opérations, deux aux poumons et une à la colonne vertébrale. Elle devra subir d’autres opérations de reconstruction de la colonne vertébrale et portera donc un corset dorsal rigide jusqu’à l’âge de 18 ans. Cela restera dans sa mémoire pour toujours…”, énumère sa mère à Vatican News.
Mais la petite napolitaine fait preuve d’un courage débordant. En mai 2021, deux ans après l’horreur, Noemi se rend de nouveau sur la piazza Nazionale. Quelques jours après, la rencontre avec le pape vient parachever ce retour à la vie de la petite fille.
Elle est un enfant qui peut enseigner l’amour à tout le monde, même à nous, les parents.
Sa mère, très émue, confie n’avoir qu’un regret, celui de ne pas avoir pu pardonner à celui qui a failli tuer sa fille. “Pas parce que nous ne le voulons pas, au contraire”, explique-t-elle. “Nous sommes prêts à pardonner : cependant, aucun de ceux qui ont blessé notre fille ne s’est jamais excusé”. Cependant, elle pense que sa fille “preuve vivante de l’amour de Dieu” à ses yeux, a “déjà pardonné”. Elle l’assure : “Elle est un enfant qui peut enseigner l’amour à tout le monde, même à nous, les parents”.
Lors de la rencontre, le Pape et la jeune fille ont discuté, ri, et prié ensemble. Le pontife s’est une nouvelle fois montré amer face aux crimes odieux de la mafia. Celle-ci “détruit les espoirs, piétine les droits, mais Dieu suivra toujours les pas de votre merveilleuse créature”, a-t-il assuré aux parents.
Le Pape et la mafia
Cette rencontre privée avec le pontife argentin ne tient pas au hasard quand on connait la détermination de l’évêque de Rome à lutter contre la pègre italienne. Dès 2014, lors d’une messe en Calabre, il avait formellement excommunié tous les mafieux. Un geste fort sur les terres de la puissante N’Dranghetta. Le Pape a joint la parole à l’action, mettant sur pied un groupe de travail pour l’excommunication des mafieux et le démantèlement de leurs “structures de péchés”.
Son geste le plus fort symboliquement aura probablement été la béatification du magistrat sicilien Rosario Livatino, qu’il désigne comme un “martyr de la justice et de la foi” et qui avait été assassiné le 21 septembre 1990 dans l’exercice de sa charge.