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Le film « Salomé » de William Dieterle, sorti en 1953, plonge le spectateur dans l’univers trouble et scandaleux de la cour du roi Hérode à l’époque de Jésus et de Jean le Baptiste. Ce péplum a choisi des prestigieux acteurs de l’époque, telle l’envoûtante Rita Hayworth pour incarner la belle princesse Salomé, le ténébreux Stewart Granger interprétant un centurion proche de Jean le Baptiste, sans oublier le truculent Charles Laughton en libidineux roi Hérode.
En 1h43, ce film parvient, de manière romancée, à évoquer assez fidèlement les mœurs perverties de la cour Hérode dénoncées dans le Nouveau Testament par Jean le Baptiste lui-même. Ce dernier avait en effet, publiquement, critiqué Hérode pour avoir pris la femme de son frère Philippe, Hérodiade, et de vivre aux yeux de tous à la cour : « Tu n’as pas le droit de l’avoir pour femme. » (Mt 14, 4). Pour ces accusations, la reine Hérodiade désire plus que tout la mort de Jean le Baptiste. Mais le roi Hérode se souvenant d’une prophétie de son père, sait qu’il ne doit porter atteinte au prophète Jean le Baptiste. Ces liens, condamnés par Jean le Baptiste, ne sont cependant pas les seules turpitudes de la cour. Hérode a aussi des vues sur la propre fille de sa femme, la belle princesse Salomé, bannie de Rome pour avoir séduit un Romain alors qu’elle n’était qu’une étrangère. Ce sera sa perte, et la réalisation de la prophétie de son propre père !
La Princesse Salomé
Le film de Dieterle concentre l’action sur le rôle particulier de la jeune et séduisante Salomé. Le 7e art a décidé pour cela, par un scénario dont il a souvent le secret, de réécrire l’histoire, en l’occurrence celle biblique. Ainsi, contrairement au texte des Évangiles, cette réalisation haute en couleurs et en décors a choisi de faire de Salomé une jeune femme innocente et pure, troublée par le personnage de Jean le Baptiste au point d’adhérer à sa foi et souhaiter qu’il échappe aux intrigues de la cour…
Sauf que le Nouveau Testament ne précise à aucun moment cette conversion de Salomé, et ne la cite rapidement et simplement qu’au titre de « fille d’Hérodiade ». Ce sera l’historien juif Flavius Joseph qui préservera de l’oubli le prénom de cette troublante princesse appelée à une longue destinée dans les arts. Salomé inspirera, en effet, jusqu’à nos jours aussi bien les peintres que les écrivains, et bien sûr, le 7e art.
La réécriture de la Bible
Blanche colombe, alors, Salomé ? C’est en effet le parti pris d’Hollywood pour ce rôle taillé sur mesure pour la rayonnante Rita Hayworth, étoile parmi les étoiles du cinéma. La jeune femme se trouve, en effet, dans ce scénario éprise d’un seul homme, le gentil centurion romain protégeant Jean le Baptiste des menaces pesant sur lui. Innocente ingénue, Salomé n’est cependant que le jouet de sa mère et l’objet des désirs de son beau-père. Seule la foi chrétienne lui permettra d’échapper à la perdition.
Il semble que le réalisateur Dieterle, pour ce scénario prenant des libertés avec les Écritures, ait été inspiré entre autres par l’imagination fertile de l’écrivain anglais du XIXe siècle Oscar Wilde et sa fameuse pièce « Salomé ». Ce sera surtout l’occasion pour lui d’introduire la fameuse danse dite « des 7 voiles », véritable danse érotique de Salomé pour le roi Hérode afin de le subjuguer et qu’il lui offre en retour la liberté de Jean le Baptiste. Une scène des plus sensuelles pour cette comédienne qui fut danseuse et qui contribua à la renommée de ce péplum.
La décapitation de Jean le Baptiste
Le film « Salomé » reste cependant fidèle au Nouveau Testament sur le destin tragique de Jean le Baptiste. La Bible relève en effet que « lorsque arriva l’anniversaire d’Hérode, la fille d’Hérodiade dansa au milieu des convives, et elle plut à Hérode ». Celui-ci s’engage à lui donner tout ce qu’elle souhaite, mais à la différence du film, la Bible souligne que c’est bien Salomé elle-même, poussée par sa mère qui demande cette condamnation fatale au prédicateur : « Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean le Baptiste.” Malgré la contrariété du roi qui ne souhaitait par la mort de Jean, il envoya décapiter Jean dans la prison. La tête de celui-ci fut apportée sur un plat et donnée à la jeune fille, qui l’apporta à sa mère”.
Si ce péplum « Salomé » prend plus que des libertés avec l’histoire biblique jusqu’à la réécrire, il offre cependant de belles pages cinématographiques devenues légendaires dans l’histoire du péplum !