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Dès l’origine, le vin a fasciné les hommes qui lui ont attribué un pouvoir surnaturel. On imagine aisément l’effet produit sur les esprits par l’étrange bouillonnement de la fermentation transformant un jus de fruit périssable en une boisson aux vertus euphorisantes et enivrantes. Le vin ne pouvait être qu’un cadeau des dieux, fait à l’homme. Par sa ressemblance avec le sang, le vin est un symbole de vie, de force et d’énergie. “Ce sera une constante de l’histoire religieuse du Croissant fertile : le dieu du vin est celui de la renaissance, tout comme la vigne qui chaque année perd ses feuilles et semble mourir pour renaître avec plus de vigueur encore. Le vin et la vie sont tout un : c’est une idée ancrée très tôt dans les mentalités du Proche-Orient”, a écrit avec justesse le géographe Jean-Robert Pitte. Le vin est aussi un signe de contradiction. Chargé de toutes les vertus par les uns, il est divinisé ; rendu responsable de tous les vices par les autres, il est rejeté.
Les paraboles de la vigne et du vin ne sont pas de petites anecdotes sympathiques. Elles ouvrent de vastes perspectives et nous renseignent sur la nature de Dieu et la condition de l’Homme.
Dans le Caucase où la viticulture est née, il y a 8.000 ans, le vin est associé aux rites funéraires. Dans la culture égyptienne, le vin est un élément central du rituel religieux. Il est présent dans les fêtes dédiées à Osiris, dieu de la fertilité. Dionysos, fils de Zeus et de la mortelle Sémélé, dieu de la vigne, du vin et de l’ivresse, est une figure majeure de la mythologie grecque. Son culte donne lieu à des fêtes liées au cycle de la nature, notamment à la renaissance du printemps. Bacchus n’a pas la même importance dans la mythologie romaine. Son culte est réservé aux initiés. Ce sont les bacchanales, manifestations orgiaques et dépravées qui deviendront tellement excessives que le Sénat finira par les interdire à la fin du IIe siècle de notre ère.
Dans la Bible, on ne recense pas moins de 441 références et paraboles qui mettent en scène le vigneron, la vigne et le vin. Ces textes sont complexes et difficiles d’approche, comme les grands vins. Ils restent hermétiques au lecteur superficiel. Il faut pour les comprendre, les placer au-dedans de soi. Il y a dans cet exercice une première étape affective afin de sentir la vigne, d’éprouver les durs travaux qu’elle nécessite, les satisfactions et les espérances du vigneron mais aussi ses souffrances, et ses angoisses tout au long du parcours qui mène au vin, d’imaginer la joie ou la déception qui en résulte. Alors, les textes s’éclairent et touchent notre sensibilité et notre spiritualité.
Les paraboles de la vigne et du vin ne sont pas de petites anecdotes sympathiques. Elles ouvrent de vastes perspectives et nous renseignent sur la nature de Dieu et la condition de l’Homme. De la Genèse avec la vigne plantée par Noé, jusqu’aux dernières pages de l’Apocalypse dans lesquelles Saint Jean met en scène un ange qui jette les raisins des mécréants dans “la grande cuve de la fureur de Dieu”, la vigne et le vin ne cessent d’apparaitre comme des témoins de la miséricorde divine mais aussi des terrifiantes colères du Créateur.
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