Aleteia logoAleteia logoAleteia
Jeudi 28 mars |
Aleteia logo
Art & Voyages
separateurCreated with Sketch.

Le pressoir mystique ou comment Jésus se laisse fouler par le péché des hommes

PRESSOIR_MYSTIQUE_.jpg

Jebulon, CC0, Wikimedia Commons

Marc Paitier - publié le 09/09/21

Fruit de la vigne et du travail des hommes, le vin occupe une place importante dans la Bible. Plus de 440 passages mettent ainsi en scène le vigneron, la vigne et le vin. Alors que les vendanges commencent, le général Marc Paitier nous emmènent pendant plusieurs semaines à travers les Saintes Écritures afin de découvrir toute la richesse de cette image, symbole de l'amour de Dieu pour son peuple, qui s'accomplit ultimement dans le sacrifice de son Fils, la vigne véritable. Découvrez aujourd’hui le pressoir mystique. (15/17)

La généreuse grappe de raisin ramenée de Canaan suspendue à une perche est une image du Christ en Croix. La plainte de David dans le psaume 55 annonce celle du Christ souffrant : « Des hommes s’acharnent contre moi ; tout le jour, ils me combattent, ils me harcèlent. »Les versets d’Isaïe cités plus haut, mettent en scène un guerrier recouvert de sang, qui a livré une rude bataille pour libérer son peuple des ennemis qui l’oppressaient. « Et je les ai foulés dans ma colère » (Is 63 3). Ils annoncent le sacrifice du Christ qui sera lui aussi vainqueur du péché ; le sang qui tache la tunique du Christ, sous le poids de la Croix, n’est pas celui de ses ennemis mais dans un renversement sublime son propre sang. La vengeance s’est transformée en un acte d’amour absolu. Le même prophète Isaïe avait décrit plusieurs siècles avant qu’elles n’adviennent, les humiliations et les tortures dont Jésus serait l’objet durant sa Passion :

Il était méprisé, le dernier des hommes… Il s’est chargé lui-même de nos douleurs…Il a été blessé à cause de nos iniquités, il a été brisé à cause de nos crimes…et nous avons été guéris par ses meurtrissures.

Jésus se laisse fouler, comme au pressoir, par le péché des hommes. Le sang qui coule est rédempteur. Il assure la victoire de la vie sur la mort. Ce n’est pas sans raison que l’Église a choisi ces deux textes d’Isaïe dans le rite traditionnel comme lectures de la messe du mercredi Saint avant que ne soit proclamé l’Évangile de la Passion de Notre Seigneur. 

Le Christ, comprimé sur la croix, comme une grappe sous le pressoir, a exprimé une liqueur qui est un remède à toutes les maladies.

On trouve ainsi dans l’Ancien Testament de nombreuses références qui utilisent l’image du pressoir pour la mettre en relation avec les souffrances consenties par le Christ. Saint Augustin reprend cette métaphore au IVe siècle : « Jésus est la grappe de la Terre Promise, le botrus écrasé dans le pressoir. » Au XIIIe siècle, saint Bonaventure utilisera explicitement cette métaphore : « Le Christ, comprimé sur la croix, comme une grappe sous le pressoir, a exprimé une liqueur qui est un remède à toutes les maladies. » La représentation iconographique du pressoir mystique n’apparaît, en revanche, qu’au XVe siècle. Auparavant, l’art religieux représente les côtés lumineux, joyeux et glorieux du christianisme dont les façades des cathédrales françaises sont la plus parfaite illustration.

De la joie à la souffrance

À partir du milieu du XIVe siècle, nous entrons dans une autre forme d’expression. La joie, la douceur, la bonté cèdent « la place aux plaies, au sang et à la mort. » Rien d’étonnant à cela, cette époque est une époque de souffrance. Elle est celle de la guerre de Cent-Ans et de ses dévastations, des famines et des épidémies. La mort est partout, les mentalités changent. « Au rayonnement du Jésus des miracles et des béatitudes se substitue la tristesse du Christ des souffrances, des violences et du deuil de la Passion. » On retrouvera cet état d’esprit dans l’art.

Les premières représentations du pressoir mystique placent le Christ debout qui ploie sous la poutre d’un pressoir à vis (allégorie du pressoir mystique dans le « Spiegel des Linden Christi », manuscrit du XVe siècle conservé à Colmar). La simple poutre sera remplacée par la croix comme on peut le voir sur un bas-relief en grès dans l’église de Haguenau en Alsace. À partir du XVIe siècle, le Christ est plutôt représenté couché comme s’il s’abandonnait au supplice. Le vitrail de l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris en est un bon exemple.

Les représentations du pressoir mystique établissent une analogie entre le « martyre » des raisins foulés et pressurés et celui du Christ. Le vin est « exprimé » au terme d’un parcours douloureux comme le sang du Christ qui s’écoule du fait des tortures qui lui sont infligées : la flagellation, le couronnement d’épines, le portement de la croix sur le chemin du Golgotha, les clous enfoncés dans les mains et les pieds et le coup de lance qui lui fut administré par les soldats romains une fois qu’il eut expiré. Le sang recueilli à la sortie du pressoir mystique est un sang rédempteur alors que le vin n’est qu’un grand consolateur.

VIGNERONS DU CIEL

Cliquez-ici afin de précommandez le prochain livre de Marc Paitier à paraître le 25 novembre 2021.

Tags:
Biblevin
Soutenez l’aventure missionnaire qu’est Aleteia !

Vous n’avez jamais fait un don à Aleteia ?  De grâce, faites-le, maintenant.

Aleteia se doit d’être gratuit : les missionnaires ne font pas payer l’évangélisation qu’ils apportent. Grâce à cette gratuité, chaque mois 10 à 20 millions d’hommes et de femmes - majoritairement des jeunes -, visitent la cathédrale virtuelle qu’est Aleteia. Mais vous le savez, si l’entrée de nos églises n’est pas payante, c’est parce que les fidèles y donnent à la quête.

Vous aimez Aleteia ? Vous voulez être de l’aventure missionnaire qu’est Aleteia ?

Alors, sans attendre, aujourd’hui même, donnez !

*avec déduction fiscale
Top 10
Afficher La Suite
Newsletter
Recevez Aleteia chaque jour. Abonnez-vous gratuitement